Carcross, la mecque du vélo de montagne au Yukon
C’est le secret le moins bien gardé du Yukon : le petit village de Carcross est devenu une destination incontournable de vélo de montagne. Pleins feux sur une destination qui s’est métamorphosée en grande partie grâce aux jeunes autochtones qui ont contribué à sa revitalisation.
À environ une heure de Whitehorse, Carcross est une bourgade d’à peine 286 habitants composée de cabanes en bois rond, d’une station-service et de l’unique café de la région, qui porte le nom originel du village : Caribou Crossing.
Le cadre est charmant : au sud, le lac Bennett, où les pionniers de la ruée vers l’or de 1898 embarquaient dans leur canot pour poursuivre le périple qui les mènerait jusqu’à Dawson; au nord, le lac Tagish, qui se transforme en miroir géant l’hiver; tout autour, des montagnes, des montagnes et encore des montagnes. Ici, nous sommes sur le territoire de la Première Nation de Carcross-Tagish.
En été, il est difficile de croire que ce village est si peu peuplé. Les bike bums de Whitehorse font claquer leurs semelles sur les trottoirs de bois qui bordent les commerces et studios d’artistes agglomérés au centre du village. À quelques pas se trouve la raison pour laquelle les cyclistes enthousiastes se retrouvent ici la fin de semaine : le mont Montana.
L’aménagement des sentiers singletrack du mont Montana a débuté en 2005-2006. À l’époque, la Première Nation de Carcross-Tagish cherchait une façon de promouvoir le tourisme d’aventure dans la région, tout en favorisant le bien-être communautaire. C’est ainsi que le projet Singletrack to Success (S2S) est né. Les jeunes de la communauté se sont vu offrir l’occasion d’être rémunérés pour créer et restaurer des sentiers de vélo de montagne.
Plusieurs de ces jeunes n’avaient jamais travaillé dans les bois, ni même fait de randonnée. Pour certains d’entre eux, l’expérience s’est avérée déterminante.
Jane Koepke est en quelque sorte le cerveau du projet. Pour elle, il était important d’impliquer les jeunes dès le début. « Ce sont les prochains décideurs de leur communauté, dit-elle. L’aménagement de sentiers est à la fois un travail exigeant et une fantastique façon de développer sa forme physique, mentale et émotionnelle. Cela leur a permis d’adopter une nouvelle façon d’être sur leurs territoires traditionnels et d’y développer un sentiment d’appartenance. »
Le projet a eu un impact considérable sur la vie des jeunes de la communauté. « Ils apprennent l’importance de se présenter au travail, parce que les autres comptent sur eux. Nous avons vu des mentalités et des corps se transformer et se renforcer. Nous avons vu des jeunes perdre du poids, arrêter de fumer et apprendre à s’alimenter adéquatement, mais aussi à travailler en équipe et à être des leaders qui motivent et inspirent les autres. »
À travers leur implication dans ce projet, de nombreux jeunes ont développé une passion pour le vélo de montagne, et certains sont même devenus d’excellents cyclistes. Il n’en reste pas moins que l’impact le plus subtil et le plus profond sur la vie de ces jeunes a trait au sentiment identitaire. « Il peut être difficile pour les jeunes autochtones provenant de petites communautés de se sentir fiers de leurs racines et d’être connectés au reste du monde, explique Mme Koepke. Le fait de rencontrer des visiteurs en provenance de partout dans le monde, qui sont reconnaissants et admiratifs de leur travail, contribue à développer un sentiment de fierté envers leurs origines. Cela les rend également curieux de découvrir d’où viennent ces gens. Ces jeunes sont devenus de formidables ambassadeurs de leurs territoires traditionnels. »
En 2013, le magazine Outside a décrété que les sentiers de Montana Mountain faisaient partie des plus beaux du monde et, en 2016, le projet S2S a fait l’objet du documentaire SHIFT, élu « coup de cœur du public » au Festival du film de montagne de Banff.
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Le nouveau visage de Carcross
Aujourd’hui, le mont Montana compte près d’une centaine de kilomètres de sentiers singletrack.
Sylvain Turcotte, propriétaire de l’entreprise d’excursions à vélo de montagne Boréale Explorers, explique que l’achalandage a décuplé au cours des dernières années : « Quand on a commencé, il y a 10 ans, il n’y avait personne sur les sentiers. Maintenant, il y a une réelle augmentation — surtout la fin de semaine —, mais ce n’est pas un problème; il n’y a jamais trop de monde, c’est beau à voir! »
De nombreux commerces ont récemment vu le jour, ce qui a contribué à changer l’allure du village. « Carcross est devenu un incontournable, explique M. Turcotte. Chaque année, de plus en plus de touristes s’y pressent, par l’intermédiaire de notre entreprise ou par eux-mêmes. C’est assez facile d’y aller sans guide et il y a moyen de s’y retrouver aisément. »
Ponts étroits, courbes serrées, plateaux rocheux, pentes abruptes… Si les sentiers sont assez techniques, ils ont tout de même de quoi divertir les cyclistes de tous les niveaux. Ceux situés plus près de la base de la montagne, comme Caribou, Rabbit et Sam McGee, sauront plaire aux débutants, tandis que d’autres comme Wolverine et Goat sont destinés aux cyclistes ayant une bonne maîtrise des parcours rocheux et des sauts.
Enfin, aux difficultés techniques des sentiers s’ajoute la présence des ours. Mais sur le mont Montana, les habitués des parcs de vélo de montagne aménagés sortiront assurément de leur zone de confort, et ils trouveront surtout quelque chose d’inestimable : le plaisir à l’état brut…
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3 sentiers alliant défi physique et points de vue pittoresques
Mountain Hero
Ce sentier de 24 km traverse une zone alpine avant de descendre sur un trajet autrefois emprunté par les mineurs — certains artefacts sont encore visibles aujourd’hui. Mountain Hero est considéré comme l’un des sentiers légendaires du Canada par l’Association internationale de vélo de montagne (IMBA).
McDonald Creek
Aménagé en 1910, ce sentier historique de niveau intermédiaire relie le ruisseau McDonald à d’anciennes mines désaffectées. Il offre des points de vue imprenables sur le lac Bennett.
Nares View
Après une courte montée traversant un pré, on se repose au belvédère qui donne sur le mont Nares. Puis, on s’attaque à la descente : 381 m de perte d’élévation à travers crêtes et rocailles.
Je viens de faire 25 jours au Yukon dont 7 jours de backcountry à Kluane et plusieurs randos d'un jour (parfois non inscrits sur les cartes des parcs) tant à Kluane qu'à Tombstone. Ce fut fantastique; quel beau pays et ces gens si sympathiques.