Ski : Pourquoi les femmes se blessent-elles plus au genou que les hommes?
En ski, près d’un quart des blessures se concentre sur la rupture du ligament croisé antérieur (LCA) du genou. Fait surprenant : une skieuse « loisir » court un risque trois fois plus élevé de se blesser que ses homologues masculins. Pourquoi?
La neige, le soleil, les éclats de rire, la glisse… toutes ces belles images associées aux sports d'hiver… et soudain la chute, le genou qui se tord entraînant une lésion du LCA, la douleur… et les suites : opérations, séances de physio, arrêt de travail… Les ruptures de ce ligament comptent à elles seules pour 20 % des blessures en ski. Tous les niveaux de pratique sont touchés, du débutant au compétiteur. Mais il faut souligner qu’une skieuse « loisir » a un taux de lésion du LCA trois fois plus élevé que celui de ses homologues masculins.
C'est où le ligament croisé antérieur ?
Le ligament croisé antérieur (LCA) est situé au centre de l’articulation du genou et en assure sa stabilité, aidé par des contractions musculaires.
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Anatomiquement, le mécanisme qui conduit à sa lésion correspond à un mouvement de « torsion » excessif du tibia sous le fémur, le genou rentrant vers l’intérieur.
Le ski vs nos genoux
Tout d’abord, pourquoi le LCA est-il si souvent touché en ski alpin ? Plusieurs explications viennent malheureusement s’additionner, faisant de ce sport un cocktail explosif pour nos genoux !
Premièrement, le mouvement traumatique du LCA peut se produire dans de nombreuses situations de ski, à vitesse faible comme élevée, lors de chutes ou non. Il peut s’agir d’une contrainte mécanique avec une surcharge du genou lors d’une réception de saut ou sur un appui puissant. Une mise en tension musculaire peut aussi expliquer cette lésion, car trop forte, trop rapide et/ou non optimale.
Une autre particularité de la pratique du ski est la position fléchie du genou entre 30° et 90° lors du virage, or c’est justement l’amplitude articulaire dans laquelle le genou est le moins stable compte tenu d’un système ligamentaire détendu. Le genou peut aussi subir une flexion excessive suite à un déplacement du centre de gravité vers l’arrière et le côté, appelé mécanisme du « pied fantôme ». Des accélérations du tibia différentes de celles du fémur peuvent se produire, entraînant un cisaillement anterieur du tibia, une hyperextension brutale.
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Une autre explication vient de l’environnement de pratique, comme la présence d’obstacles fixes (arbres, pylônes) et mobiles (les autres skieurs), des conditions météorologiques particulières (températures basses, visibilité dégradée) et changeantes (variations des qualités de la neige).
Enfin, deux autres explications concernent le matériel. Les chaussures rigides maintenant fermement le pied et la cheville, c’est bien le genou, la première articulation à être sollicitée et à subir les contraintes. Quant aux skis, ils sont aussi les ennemis de nos genoux. La carre d’un ski peut mordre la neige et ainsi partir dans une direction alors que celle de l’autre ski préférerait rester dans une autre direction. Compte tenu de leurs dimensions importantes (longueur, largeur et masses), les skis peuvent aussi agir comme un levier entraînant la jambe en rotation avec un moment de force alors important.
Pourquoi cela touche plus les femmes que les hommes?
La diversité des mécanismes lésionnels induit une diversité de « stratégies de prévention ». Les recherches en épidémiologie parlent de facteurs prédisposant à la pathologie et les classent en deux catégories.
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Malheureusement, la première catégorie est non modifiable car propre au skieur. On y retrouve des facteurs comme le sexe, les antécédents de blessures, l’age ou certaines particularités anatomiques. Par exemple, l’hyperlaxité (élasticité excessive de certains tissus) ou la forme particulière du tibia ou du fémur jouent un rôle dans la stabilité et les contraintes ligamentaires du genou.
C’est d’ailleurs ce qui explique en partie que les femmes soient plus à risque de rupture du LCA, avec une déviation des genoux vers l’intérieur comme des jambes en X (valgus) plus marquée et une structure ligamentaire moins tolérante aux contraintes que les hommes. S’y ajoute l’influence hormonale, avec un risque qui semble évoluer en fonction des différentes phases du cycle menstruel.
Source
- Auteur : Frédérique Hintzy, Professeure des Universités en sciences du Sport, Université Savoie Mont Blanc and Brice Picot, Maître de conférence - kinésithérapeute, Université Savoie Mont Blanc.
- Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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