Vers une pénurie de skis, fatbikes et raquettes
Alors que les usines de fabrication de skis, de vélos et de raquettes n’ont toujours pas pu rattraper les retards accumulés pendant les fermetures obligées du printemps dernier, la demande explose pour l’équipement d’hiver, au Québec. Compte-rendu.
Si la tendance se maintient, tout porte à croire que les voyages hors-Québec seront encore limités, l’hiver prochain. Alors les Québécois se préparent à passer la saison froide chez eux. Résultat : comme ce fut le cas l’été dernier, les équipements de plein air seront fort prisés et des pénuries sont déjà à prévoir pour les activités que l’on peut pratiquer avec distanciation physique, comme le fatbike, le ski de montagne, le ski de fond et la raquette, déjà fort populaire en temps normal.
« On a vendu 12 fois plus de raquettes que d’habitude sur notre site web, note Patrick Morency, directeur du développement aux partenariats d'affaires pour Raquettes GV, qui ajoute que les détaillants ont doublé leurs commandes cette année. « C’est complètement fou! Les ventes sont déjà plus fortes qu’en décembre et c’est sûr qu’on va manquer de stock! »
« Si vous attendez les rabais de Noël, il n’y aura plus rien », lance pour sa part Daniel L’Écuyer, propriétaire d’Oberson, qui tient deux boutiques spécialisées dans les sports de montagne, à Laval et à Brossard.
Pour rester loin des foules
Alors qu’il existe encore un doute sur la pratique du ski en station cet hiver, ce dernier estime que les sports qui peuvent se pratiquer de manière autonome et loin des foules seront encore plus populaires cet hiver. Selon lui, les ventes de skis de fond, de raquettes, de skis de montagne et de splitboards sont vouées à croître.
Même son de cloche chez Rhéal Pitre Sports, à New Richmond. « On a acheté presque 50 % plus d’inventaire que d’habitude parce qu’on sait qu’il ne sera pas possible de faire de nouvelles commandes pendant la saison », explique Gabriel Pitre, le responsable des achats, qui craint malgré tout manquer de skis et de fatbikes l’hiver prochain.
À Saint-Narcisse-de-Rimouski, Utopie MFG, un manufacturier de planches et de skis qui approvisionne d’autres équipementiers, entre habituellement dans une période plus tranquille, en octobre. « Ce n’est pas le cas cette année, parce qu’on roule à plein régime pour livrer les commandes après un arrêt de deux mois au printemps », soutient Jean-François Bouchard, propriétaire de cette entreprise qui fabrique plus de 12 000 paires de skis par année.
En plus de la fermeture forcée, les commandes ont augmenté d’au moins 10 %, ce qui fait en sorte que leur carnet est rempli jusqu’en août 2021. « Les autres manufacturiers sont tous dans une situation semblable, ce qui fait diminuer l’offre alors que la demande augmente », observe l’entrepreneur.
Xalibus Skis Conception fait partie des clients d’Utopie MFG qui ne pourront pas passer des commandes de dernière minute, cette année, pour renflouer l’inventaire… qui est déjà à sec. « On n’a jamais autant vendu de skis en été », souligne Maxime Bolduc, un des propriétaires. Presque toute la production est déjà écoulée auprès des boutiques et il ne reste que quelques modèles en ligne.
Fatbikes en demande
Devinci, qui lance une nouvelle gamme de fatbikes le 8 octobre, a déjà prévendu 100 % de son inventaire. « Généralement, nous avons entre 15 et 20 % de notre inventaire total disponible pour des commandes de réapprovisionnement », dit David Régnier-Bourque, le directeur du développement des affaires.
« J’aurais pu vendre trois fois plus de fatbikes si j’avais eu une boule de cristal! », remarque pour sa part Simon Bergeron, cofondateur de Panorama Cycles, qui explique que les commandes doivent être faites presque un an d’avance dans l’industrie… soit bien avant la COVID-19, cette année. Ce dernier explique que l’approvisionnement en composantes de vélo sera tout aussi compliqué, cette saison. « Les temps de livraison ont plus que triplé, passant de deux ou trois mois à presque 10 mois », dit-il.
« Si on se fie au volume de ventes de vélos de l’été dernier, on s’attend à une rupture de stock rapidement », estime Melissa Leclerc, de Moose Bicycle. Le manque de vélos pourrait se faire sentir plus tôt que prévu si les centres de ski ne peuvent accueillir les adeptes cet hiver, ajoute cette dernière.
Pour éviter les foules, Daniel L’Écuyer recommande de visiter ses boutiques préférées les soirs de semaine, pour contrer le fort achalandage qu’ont connu les magasins de plein air, car par moments, une cinquantaine de personnes attendaient dehors, la fin de semaine dernière….