Ce qui se passe au refuge…

Il s’en mijote des souvenirs le temps d’une nuit en refuge, au fil des bûches qui brûlent et des histoires qui passent. J’aime m’imaginer plein de petits chaos au milieu d’une forêt endormie, comme des bulles de vie éphémères qu’on ne voudrait jamais déranger. Parce qu’il s’en joue des parties de cartes intenses dans les refuges du Québec. Il s’en renverse du vin qu’on a précieusement transporté sur des kilomètres. Il s’en raconte des confidences et des niaiseries à la lueur des bougies.

Un refuge, c’est bien plus qu’une cabane en bois sans eau courante ni électricité. Il y a les refuges avec vue, qui donnent le goût de refaire notre vie. Ceux qu’on a tout juste le temps de rejoindre avant la tempête et d’autres qu’on croyait beaucoup plus proches sur la carte… Il y a les refuges des soirées arrosées, des défis personnels, des amours qui naissent ou qui vont se terminer.

C’est vivant un refuge. Ça craque de partout comme un petit vieux qui a tout vécu. C’est un laboratoire captivant d’odeurs de petits pieds et de ronflements des plus curieux. Un sanctuaire de mitaines mouillées et de joues gelées, lieu de plusieurs rites de passage. Parce que tout le monde se rappelle la fois où il faisait moins mille à l'aube et que personne ne voulait se lever pour mettre une bûche dans le poêle. Ou la fois où on a failli bruler toutes les bottes en les faisant sécher trop près du feu. Il y a tellement de fois possibles dans un refuge.

Suffit de quelques planches de bois et d’un toit qui nous accueillent sans juger. Qui nous reconnectent avec la nature, avec soi et les autres. Fidèle au poste. Peu importe la température, l’heure ou l’humeur. Ça n’a pas de mémoire un refuge. C’est une étreinte quand la noirceur reprend le dessus, un répit quand les efforts se font intenses. Et c’est justement parce qu’ils sont aussi rustiques et dépouillés que ce qu’on y vit est si précieux.

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