Intoxication par la fumée : quand votre feu de camp peut vous tuer...
Avant d’allumer un feu de camp, surtout par temps pluvieux, lisez ceci! Votre vie pourrait en dépendre...
À lire aussi : Les 76 plus beaux campings au Québec
Ce soir-là, il pleuvait abondamment sur notre îlot de la baie Georgienne, en Ontario. Pour éviter les risques d'hypothermie, mon amie et moi avions bâti un feu de camp de petite dimension, entre nos tentes et notre canot, le tout étant surmonté d'une bâche pour plus d’imperméabilité. Le vent du sud-est balayait constamment la fumée de notre abri de fortune – de même que les maringouins audacieux. Mais pas assez, malheureusement.
La fumée est composée de plusieurs contaminants et de certains hydrocarbures aromatiques polycycliques, de même que de composés organiques volatils et de particules fines. Même si l'inhalation de la fumée représente près de 81 % des causes de mortalité dans un incendie, il ne faut pas s'inquiéter outre mesure près d’un feu de camp, la fumée éparse étant inoffensive, au grand air. Mais ce n'est pas nécessairement le cas dans un endroit relativement restreint, lorsque la concentration de fumée de bois est trop élevée. Sous une bâche, par exemple.
© Billy Rioux
Tandis que je vaquais à quelque occupation autour du bivouac, une infirme partie de fumée, incolore et inodore, restait emprisonnée à l'intérieur de la tente où s'allongeait mon amie. En moins d'une heure, celle-ci a manifesté les premiers symptômes d'une intoxication à la fumée de bois : picotements aux yeux et à la gorge, maux de tête...
Quelques heures plus tard, elle avait des nausées, des étourdissements et de la difficulté à respirer. Nous avons alors évacué notre abri de fortune et déménagé le feu à l'extérieur de la zone protégée par la bâche, mais les symptômes persistaient. Mon amie avait un urgent besoin d'apport en oxygène… mais nous nous trouvions à 20 km de la route la plus proche.
En pleine nuit, nous avons donc contacté d'urgence la garde côtière. À 4 heures du matin, mon amie reposait dans un lit d'hôpital, avec un diagnostic d'irritation sévère aux poumons. Nous l’avions échappé belle.
Pour minimiser les risques
Comment en sommes-nous arrivés là? Quand je fais un feu, j'évite évidemment de le nourrir de morceaux de bois peinturé ou traité, échoués sur la rive d'un cours d'eau : ils possèdent des substances hautement toxiques.
J’évite aussi le bois mouillé, qui produit une plus grande quantité de fumée; quand je n’ai d’autre choix, je fais toujours sécher ces morceaux humides près du feu, avant de les brûler. Idéalement, je privilégie le bois franc sec, comme le bouleau, l'érable ou le chêne, qui libère moins de contaminants que les résineux, tels que l'épinette ou le sapin. Mais ce type de bois est plus difficile à trouver en forêt... surtout par temps pluvieux.
Moralité : en camping, assurez-vous que votre feu de camp soit toujours bien aéré, et demeurez vigilant, surtout si les bûches sont humides. Et si vous avez des maux de tête ou des nausées, éloignez-vous du feu!