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9 choses à savoir sur le trek du Kilimandjaro

Le Kilimandjaro, 5 891,8 mètres d'altitude, est une montagne mythique qui fait partie des «s ept sommets » (Seven Summits en anglais), les montagnes les plus élevées de chacun des sept continents. Mais nul besoin d’être un alpiniste pour atteindre le point culminant de l’Afrique.

Ophélie Jaskiewicz, guide et responsable en production des voyages en Afrique et en Himalaya chez Karavaniers, livre 9 infos et conseils à lire avant de vous lancer dans cette aventure en Tanzanie.



1. Plusieurs chemins d'ascension pour le Kilimandjaro

« Chaque année, près de 60 000 personnes essayent de l’atteindre. Donc ça fait quand même du monde sur la montagne. Il y a 7 voies d'ascension pour se rendre jusqu’au sommet. Il y a d’abord la voie Marangu, aussi appelée la "Route Coca-Cola", qui a longtemps été la plus fréquentée, car c'est un aller-retour vers le sommet. Elle est relativement rapide à marcher, avec une ascension en 5-6 jours. C'est très rapide, mais cela n'augmente pas nécessairement les chances de réussite.


© Sémhur / Wikimedia Commons

Elle a été elle a été détrônée par la voie Machame, qui a été créé pour palier la surfréquentation de la Marangou. Elle est intéressante parce qu'elle part relativement bas en altitude. C'est à peu près 6 à 7 jours de marche. Elle a la réputation d’être plus difficile avec notamment le mur de Barranco, qui n'est pas nécessairement technique, mais qui demande quand même une bonne concentration.

Les autres voies d'ascension sont moins populaires et achalandées : Shira et Lemosho sont un peu plus à l'ouest du massif et partent d’un petit peu plus loin. Elles débutent à partir de 3 500 m d’altitude.

Chez Karavaniers, on a repéré, il y a une dizaine d'années, la voie nord qui emprunte vraiment le versant nord du massif. C'est un petit peu plus long. On va rester 7 jours au total sur cette voie-là pour faire le tour. Le parcours permet ainsi de contempler les trois volcans du Kilimandjaro : le Shira, le Mawenzi et le Kibo. C’est la route la plus longue, la plus complète, l'une des plus sauvages et cela permet même de pouvoir dormir dans un cratère, la dernière nuit avant l'ascension finale. C'est spectaculaire parce qu'on dort au pied des glaciers! »


2. Des paysages variés tout au long de l’ascension


© Courtoisie Ophélie Jaskiewicz

« Peu importe la voie empruntée, le Kilimandjaro offre une très grande variété de paysages. On peut passer d'une forêt équatoriale hyper luxuriante, humide à une zone aride, alpine, quasiment désertique. On a vraiment une belle diversité entre des landes où il peut y avoir vraiment des fleurs, des vallées qui sont complètement lunaires et des crêtes très escarpées. Et puis on peut encore y observer des glaciers, même s’ils deviennent de plus en plus minces. Les scientifiques estiment qu'en 2050-2060, ils seront définitivement perdus. »


3. L’importance de bien s'acclimater


Vue sur le Kilimandjaro depuis le mont Méru © Courtoisie Ophélie Jaskiewicz

« C'est super important. Plus de jours on s’acclimate, meilleures sont les chances d'atteindre le sommet. C’est pour cette raison que, chez Karavaniers, on fait l'ascension du mont Méru (4 565m d’altitude et situé à 70 km à l'ouest du Kilimandjaro), juste avant celle du Kilimandjaro. Au-delà d’être une simple mise en jambe, c’est aussi et surtout une belle montagne, en forme de fer à cheval, avec un sommet franchement spectaculaire. Les vues sur Kili y sont hallucinantes. C'est un volcan aussi qui offre une ascension vraiment très, très belle, comme une sorte de fer à cheval.

On voit vraiment un cône sphérique volcanique à l'intérieur. C'est super beau. On va quand même jusqu'à 4 566 m. Ça nous permet déjà pendant 4 jours de nous acclimater, d'atteindre une certaine altitude et de débuter le Kili dans de super bonnes conditions. »


4.  Comment bien se préparer au Kilimandjaro ?


© Courtoisie Ophélie Jaskiewicz

« Le Kilimandjaro ramasse vraiment tous les types de voyageurs. Ce n'est pas nécessairement que des marathoniens ou des personnes qui ont déjà fait des voyages en altitude ou des ascensions dans le passé. J'ai beaucoup de personnes dans mes voyageurs pour qui c'est une première fois, un premier trek de cette envergure, une première ascension. C'est même parfois une première approche à l'altitude. Pour eux, le Kilimandjaro, c’est le rêve, le voyage d'une vie, l'objectif ultime!

Et parfois, j'ai des personnes qui partent vraiment de zéro. Pour ceux qui sont moyennement en forme, qui débutent en randonnée, il n'y a pas meilleure préparation à un trek que de faire des randos. Marcher entre 5 et 7-8 heures par jour, entre 500 m et 1 000 m de dénivelé. Les Adirondacks, les Montagnes Blanches, les Montagnes Vertes, sont d'excellents terrains de jeu. Le mont Lafayette dans le New Hampshire est une de mes randonnées favorites. Je la conseille pour bien préparer le Kili, car cela donne une bonne idée du type d'effort, du type de marche qu'on pourrait avoir. Pour ceux qui sont plus dans le nord, il y a aussi de très bonnes randonnées dans Charlevoix et en Gaspésie.

Se préparer pour le Kili est un travail de longue haleine. En général, les voyageurs vont se donner entre 8 mois et 1 an pour ce type d'ascension. »


5. Quand aller marcher sur le Kilimandjaro ?


© Courtoisie Ophélie Jaskiewicz

« Plusieurs agences proposent des treks toute l’année, mais il faut vraiment faire attention à la saison des pluies. Les périodes idéales, c’est de fin décembre jusqu’à fin février. C'est ce qu'on appelle la " petite saison sèche ". Il peut y avoir plus de neige à cette période-là, surtout au sommet.

L’autre grande période de saison sèche est entre juin et septembre. Les risques de pluie sont vraiment minimes. Ça peut arriver, bien sûr, mais c’est beaucoup moins fréquent. L'air est beaucoup plus sec. Il peut faire, par contre, un peu plus sec et plus froid : plus ou moins 5°C en août. »


6. Dormir dans des tentes ou en refuges


© Courtoisie Ophélie Jaskiewicz

« La voie Marangu est le seul chemin où l’on peut dormir dans des refuges. Pour les autres, c’est entièrement dans des tentes, 2 ou 3 places. Chez Karavaniers, on fournit aussi des matelas de sol et des oreillers. On est en complète autonomie. Ça prend donc vraiment une équipe de porteurs pour transporter tout l’équipement. Et c’est grâce à eux qu’on arrive faire le trek. »


7. Une expérience humaine collective


© Courtoisie Ophélie Jaskiewicz

« On ne peut pas faire l'ascension sans être accompagné d’un guide. Cela prend beaucoup de monde pour marcher le Kilimandjaro. Pour un groupe de 10 à 12 voyageurs, on peut avoir entre 50 et 60 personnes de l'équipe locale qui grimpent avec nous. C'est une grande caravane, une grande famille qui voyage ensemble à chaque campement. Ils portent tout le stock, alors que les voyageurs ne porteront que leur sac à dos de jour. le Kili, bien plus que le sommet, c’est surtout une expérience humaine collective. L'équipe locale est là pour porter, mais aussi pour soutenir. Il y a une énergie qui est folle avec les Tanzaniens, et sur la montagne, ça chante, ça danse. C’est d’une grande camaraderie sur les sentiers et le soir au campement. »


8. Le prix et l’importance de la certification


© Courtoisie Ophélie Jaskiewicz

« Vu sa popularité, beaucoup d'agences proposent le Kilimandjaro. On peut trouver absolument tous les prix. On pourrait faire l’ascension pour 3 000 à 4 000 $, mais c'est très important pour les voyageurs qu'il soit très éclairé sur l'éthique. Ça fait partie de leur responsabilité. Je comprends qu'il faut chercher le meilleur rapport qualité-prix. Mais sur le Kilimandjaro, étant donné que les conditions peuvent être très variables, c'est vraiment important de bien choisir son agence.

Quand un prix est bas, c'est qu'il y a nécessairement eu des coupes budgétaires quelque part. Les permis sont chers sur le Kilimandjaro. Là où ça va être coupé, c’est sur les équipes locales, leurs salaires, leurs conditions de travail, les repas, etc.

Il y a une association qui permet de réglementer l'ascension des voyageurs de façon très contrôlée : La Kilimandjaro Porter Assistance Project (KPAP). Les agences membres garantissent un salaire juste et équitable aux équipes locales et de bonnes conditions de travail : trois repas par jour minimum, de l'équipement approprié, etc. C'est très important de bien vérifier que l’agence avec laquelle vous faites affaire en fasse partie. »


9. Bientôt un téléphérique sur le Kilimandjaro?

« C’est un projet gouvernemental : un téléphérique qui partirait du sud pour remonter un peu la voie Machamé mais jusqu'au plateau de Shira. Ça a été approuvé, mais on ne sait pas encore quand il va se mettre en place. On n'a pas de date ou de données exactes. Cela donnerait la chance à beaucoup de personnes peut-être moins en forme ou qui veulent faire l'ascension encore plus rapidement d'atteindre une certaine altitude, entre 3500 et 3800 m, et débuter de là leur ascension pour aller plus rapidement au sommet. Mais ça va dénaturer l'environnement et ajouter encore plus de monde sur une montagne qui est déjà surfréquentée. On ne sait pas encore pour combien de temps chez Karavaniers, on va proposer ce voyage. Pour l'instant, on a toujours beaucoup de plaisir à le proposer dans nos conditions. Mais si on voit qu'avec un téléphérique, il n'y a plus de fun sur la montagne et que ça devient un peu le Far West, je ne sais pas encore à quel point ce sera profitable et bénéfique pour tout le monde. »


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