Haute altitude : 7 conseils pour réussir son trek
Randonner au-delà de 2 500 mètres d’altitude comporte son lot de risques et de défis. Pour pallier à toute éventualité, nous avons recueilli les conseils d’Emmanuel Daigle, fondateur de l’Académie haute montagne.
Avant de partir : 4 paramètres à considérer
1- L’aspect mental
"D’abord, il faut s’informer, lire beaucoup sur la haute altitude et les dangers qu’elle représente. Il ne faut pas uniquement se fier à l’agence qui organise son trek, mais être bien préparé avant de tout réserver. Plus on se prépare, plus l’aventure sera réussie.
Une fois la destination choisie et les billets d’avion achetés, il faut visualiser son expédition. Avant de partir, je place ainsi des photos du sommet que je veux atteindre, un peu partout dans ma maison.
Ces images spécifiques de l’objectif à atteindre me permettent de mieux l’assimilier, de donner la chance à mon cerveau de l’apprivoiser. Comme ça, une fois sur le terrain, si je dois prendre une décision cruciale – rebrousser chemin, par exemple –, je n’hésiterai pas et je minimiserai les risques de faire le mauvais choix."
2- L’aspect physique
"En premier lieu, il faut éviter le surentraînement : ça met notre système en état d’alerte, et on risque d’arriver trop stressé à destination. Sans compter qu’en agissant de la sorte, on risque l’épuisement physique, mais aussi moral.
En fait, mieux vaut prévoir un entraînement par intervalles et en endurance. Inutile de courir : en montagne, on ne court jamais. Mais si la course vous attire comme entraînement cardio, assurez-vous d’avoir une bonne technique afin d’éviter les blessures, et privilégiez les terrains avec de bonnes montées et descentes, comme on en trouve en sentiers.
Avant de partir, il est surtout préférable de marcher en montagne avec un sac à dos chargé du même poids que celui qu’on prévoit avoir lors de l’expédition. Pas besoin de s’entraîner avec une charge supplémentaire : on risque alors de se blesser et de compromettre son trek.
Enfin, deux semaines avant le départ, je recommande à mes clients de cesser tout entraînement, de s’offrir des massages ou des séances de relaxation ou de yoga, etc. C’est au début de cette période qu’on atteint le summum de stress, alors mieux vaut prendre soin de soi-même."
3- La logistique
"Avant le départ, je suggère de prévoir un calendrier de choses essentielles à faire. Dans mon livre Haute altitude, du trek à l’expédition, j’en mentionne même quatorze, comme mettre à jour son testament – sujet tabou – ou aller chez le dentiste : un plombage qui saute en haute altitude et qui entraîne l’exposition du nerf, ça fait vraiment mal ! Il y a des gens qui se sont déjà faits évacuer rien que pour ça…"
4- Le matériel
"Ici, il faut vraiment planifier à l’avance : essayez donc de trouver une doudoune en plein mois de juillet, dans les boutiques de plein air du Québec… Bonne chance ! Une fois le matériel acheté, il faut évidemment le tester – à commencer par les bottes de randonnée : ce n’est pas à 4000 ou 5000 mètres qu’il sera temps de réaliser quelles font mal aux pieds..."
Sur le terrain : 3 règles d’or
1- L’ascension graduelle
"À partir de 2 500 mètres, il faut respecter certaines règles de base, pour que le corps s’habitue à la baisse de pression atmosphérique et à la raréfaction de l’oxygène. Sur une base quotidienne, il ne faut donc jamais excéder 300 mètres d’altitude (certains disent même 500 mètres) entre les sites où on passe la nuit, et on doit s’offrir obligatoirement un temps de repos de 48 heures à chaque 1 000 mètres d’altitude franchi.
Au-delà de 7 000 mètres, il faut en outre réduire au minimum le temps passé à cette altitude. On part donc tôt le matin (c’est-à-dire en pleine nuit) pour gagner le sommet à l’aube et redescendre à la clarté. À 8 000 mètres, le corps humain meurt à petit feu, un peu plus à chaque seconde, alors pas question de s’éterniser !"
2- Hydratation, hydratation et hydratation
"En haute altitude, on sue souvent sans s’en rendre compte : le froid empêche parfois de ressentir la sensation de moiteur, l’air est généralement plus sec et on perd beaucoup d’eau par l’haleine, simplement en expirant – d’autant plus si on fournit de grands efforts.
Pour éviter la déshydratation, il faut donc régulièrement consommer de l’eau. Je recommande de petites gorgées à chaque 15 minutes, pour environ 4 à 5 litres par jour.
Si on ne boit que de l’eau durant la journée, il faut aussi compenser par des sels réhydratants (avec électrolytes), en soirée."
3- Attention aux symptômes
"Il ne faut jamais ignorer les symptômes du mal aigu des montagnes (maux de tête, étourdissements, nausées, etc.). La règle de base, dès que ces symptômes apparaissent, consiste à redescendre d’au moins 1000 mètres. Mais pour éviter de revenir si loin sur ses pas, je suggère de partir avec un carnet de santé d’expédition et de le remplir aussi souvent que possible, avec un maximum de détails. On peut ainsi identifier à quelle altitude on s’était bien senti avant l’apparition des symptômes, et y retourner pour laisser le corps s’acclimater. On peut commander ce carnet et le personnaliser à son goût en allant sur carnetdexpedition.com. En prime, il formera un beau souvenir de voyage à rapporter à la maison…"
À propos d’Emmanuel Daigle
Guide, conférencier, formateur et auteur de l’ouvrage Haute altitude, du trek à l’expédition, qui sera bientôt traduit en plusieurs langues, Emmanuel Daigle est aussi le fondateur de l’Académie haute montagne, une plateforme de formation en ligne unique en son genre, dans la francophonie.
www.emmanueldaigle.com
www.academiehautemontagne.com
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