3 conseils pour réussir sa longue randonnée de groupe
« Bélugas! Bélugas! » Le cri de mon amie Bente retentit dans tout le refuge de l’Anse-Creuse. Il est 6 h du matin, et une bonne partie du groupe dort encore. Mais elle ne pouvait garder ça pour elle seule : une douzaine de bélugas remontent gaiement le fjord du Saguenay. On les voit très bien de la galerie du magnifique refuge qui surplombe la rivière, en ce début de notre troisième journée sur le sentier du Fjord, qui relie Baie-Sainte-Marguerite à Tadoussac. Un beau 42 kilomètres de pins gris, de montées et de descentes, et de vues spectaculaires sur le Saguenay.
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Cette randonnée fut l’occasion de retrouver des amis de longue date que je vois peu souvent. On lit régulièrement sur la magie de se retrouver seul en nature, de se dépasser lors de randonnées en arrière-pays en solo, mais on ne parle pas assez, à mon avis, du plaisir de randonner en groupe.
Vous pensez organiser des longues randos pour de petits ou de grands groupes* d’amis, de collègues, de membres de votre famille? Je dépose ici mes notes sur ce qui a bien fonctionné pour moi au cours des dernières années.
1. Bien choisir l’itinéraire et partager les repas
D’abord, on choisit un itinéraire qui saura époustoufler les participants et qui s’avérera assez difficile pour constituer un défi mais pas trop (pour éviter que les amis ne veuillent plus jamais revenir). Ensuite, pour chaque journée de randonnée, il faut prévoir un plan B pour les sorties d’urgence et les imprévus. Si on doit changer l’itinéraire, quel sentier ou quel chemin forestier peut-on emprunter?
Par ailleurs, pour créer une bonne ambiance, on s’organise pour partager les repas. Quelques semaines avant le départ, on assigne deux ou trois personnes comme étant chacune responsable d’un des soupers ou d’un des déjeuners (avec une rotation d’une sortie à l’autre). Celles-ci décident du menu, achètent les aliments et préparent le repas pour tout le monde. Pour éviter les litiges financiers, on calcule les coûts des repas et on divise le montant total par le nombre de participants.
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2. Bien vérifier le contenu et le poids des sacs à dos
Ensuite, on passe à l’étape de vérification du contenu des sacs à dos – particulièrement importante pour les nouveaux participants.
On s’assure que chaque personne a sur elle une carte papier du sentier. Si on est censé attendre les autres aux intersections, il arrive qu’un membre du groupe, retardataire ou distrait, manque une intersection et perde le groupe (je ne donne pas de nom, vous vous reconnaissez). Pour parer à toute éventualité, chaque randonneur possède aussi dans son sac tout ce qu’il faut pour passer au moins une nuit et une journée dans le bois (incluant nourriture, allumettes et pastilles de chlore pour purifier l’eau).
Ensuite, pour le confort de tous, on vérifie le poids des sacs à dos. Un guide d’expérience m’a raconté qu’il a déjà trouvé un ordinateur portable et un plat de pyrex dans le sac d’un débutant.
On jette aussi un coup d’œil à la quantité de nourriture que les gens apportent pour les repas du midi et leurs collations, car le réflexe est d’en prendre beaucoup trop… même si ça peut parfois être utile ! En effet, en effectuant la traversée de Saddleback, dans le Maine, notre groupe avait assez de surplus pour remplacer deux repas manquants lorsqu’est survenu un problème avec l’un de nos ravitaillements.
En outre, il faut toujours s’assurer que chacun dispose d’une tuque et de gants dans son sac : en altitude, tout est possible. Je me souviens très bien de m’être retrouvée en plein mois de juillet au sommet du mont Eudore-Fortin, dans Charlevoix, où il faisait 3 degrés contre 18 degrés à Baie-Saint-Paul.
Du reste, les imperméables doivent être facilement accessibles dans le sac à dos. Attendre le p’tit nouveau qui vide tout son sac pour trouver son manteau lorsqu’on est sur la crête de Franconia, au New Hampshire, happé par un vent glacial et de la neige mouillée, ce n’est pas si bon pour la dynamique de groupe.
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3. Bien se comporter dans les abris et refuges
La randonnée a débuté, ça se passe bien. On arrive à l’abri trois murs, mais il est plein. Pas de souci : on a pris soin de transporter quelques bâches pour pouvoir abriter tout le groupe sous la pluie.
Que ce soit en refuge ou encore sur un site avec des plateformes de tente ou des abris, on prend soin d’être sympathique avec les personnes qui couchent au même endroit. Le jeune couple d’amoureux n’est peut-être pas aux anges de voir débarquer huit randonneurs puants dans le refuge de 12 lits, mais mieux vaut se présenter à lui. On en profite pour voir à quelle heure ces tourtereaux veulent manger, s’ils veulent se joindre à nous, etc. L’objectif est de ne pas troubler indûment l’expérience des autres randonneurs.
Dernière chose à noter pour le retour : personne ne veut être celui qui rapporte le sac de déchets au stationnement. Je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde essaie de se défiler pour cette tâche... Un truc : annoncer dès le départ que la personne qui se porte volontaire sera exemptée de corvée de vaisselle pour tout le voyage.
En ce mois de juin 2022, notre randonnée de groupe sur le sentier du Fjord s’est bien déroulée, malgré quelques péripéties, dont un sac à dos qui a terminé au fond d’un ravin. Et lors de chacune de nos futures randonnées, Céline, Jean, Francine, Ann, Rodney et moi pourrons nous rappeler et améliorer l’histoire de la fois où Bente nous a tous réveillés afin que nous puissions admirer les bélugas dans le silence du matin.
* Notez qu’aux États-Unis, certains parcs limitent le nombre de personnes permises dans un groupe de randonnée (ex : groupe de 10 maximum sur le sentier des Appalaches). Je ne connais pas de parcs avec ce type de restriction au Québec.
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