Percé - Montréal au pas de course : mission accomplie pour Joan Roch
L’ultramarathonien Joan Roch a dû allonger de cinq jours son périple, mais il a accompli son défi: courir de Percé à Montréal en se fiant sur de bons samaritains pour l’appuyer tout au long du chemin.
Joan Roch est arrivé mercredi matin à Montréal après avoir parcouru quelque 1135 km en 15 jours, et reçu un sacré coup de main de plusieurs Québécois sur son passage.
Le coureur est parti sans grande préparation le 4 août de Percé, en Gaspésie, et comme on pouvait le suivre en ligne grâce à une balise GPS, les choses se sont organisées pour lui au fur et à mesure de sa progression. Des clubs de course se concertaient pour lui fournir des coureurs qui se relayaient pour lui tenir compagnie.
«Il n’y a pas eu une journée où je n’ai pas été accompagné», a raconté celui qui imaginait que son épreuve serait plus solitaire.
L'arrivée au belvédère Kondiaronk du Mont-Royal, à Montréal. Photo: Joël Lemay / Agence QMI
Joan Roch avec ses enfants, à l'arrivée. Photo: Joël Lemay / Agence QMI
Son effort brûlait plus de 7000 calories par jour, estime-t-il, alors il soupait de bon appétit chaque soir. L’athlète a dormi dans toutes sortes de lieux improbables, allant du chalet sans électricité ou eau courante à la ferme laitière ou encore dans une maison antique à la décoration excentrique bondée de chats et de chiens.
Aux aurores, il se faisait reconduire en voiture jusqu’au point précis où il avait arrêté la course la veille, et il la reprenait. « La première chose que je vais faire, c’est essayer de retracer tous les gens qui m’ont rendu service pour pouvoir tous les remercier comme ils le méritent», a-t-il dit.
Sac trop lourd
Joan Roch a commis l’erreur de trop charger son sac et de s’imaginer qu’il pourrait le porter lui-même. Après quelque 250 km à traîner une vingtaine de livres sur le dos, il a failli lâcher. «Un jour, une femme en voiture que je ne connaissais pas s’est arrêtée et m’a crié "donne-moi ton sac, c’est moi qui vais l’apporter à destination!», a raconté le coureur qui a fait confiance à cette étrangère. Des gens serviables se sont ensuite occupés de porter son sac pour les 850 km restants. En charge des réseaux sociaux, sa conjointe Anne Genest orchestrait cette coopération.
Joan Roch avait aussi sous-estimé l’importance du relief de la route. «Je ne sais pas pourquoi, mais je pensais que c’était plat, la Gaspésie… J’ai été détrompé!» a-t-il indiqué.
Lorsque le dénivelé de la route 132 s’est fait moins éprouvant, il raconte que le vent s’est alors mis à souffler. Il a aussi eu droit à cinq jours suffocants de canicule humide.
Infection
Au départ, Joan Roch prévoyait de courir l’équivalent de trois marathons par jour pendant dix jours. Finalement, il a plutôt couru l’équivalent de deux marathons par jour pendant quinze jours. Sans doute parce que le rythme de départ était irréaliste et qu’il traînait un sac, il s’est blessé: son pied et son tibia enflaient.
Photo : Joël Lemay / Agence QMI
Vers la septième journée, une irritation cutanée de mauvais augure a commencé à se propager sur une de ses jambes. Parvenu à Rimouski, il a dû se reposer une journée, le temps de passer des tests à l’hôpital.
«Une massothérapeute m’a référé à un ami physio qui a appelé un ami médecin qui m’a vu immédiatement et j’ai eu mes résultats et ma prescription dans la journée même parce que tout le monde voulait que je puisse reprendre ma course», a-t-il relaté.
Deux bonnes nouvelles: ce n’était pas la bactérie mangeuse de chair et, malgré l’enflure impressionnante, il n’y avait pas de fracture. Muni d’antibiotiques pour sa peau, Joan Roch a donc continué de courir l’équivalent de deux marathons par jour sur ce pied douloureux… jusqu’à ce qu’il désenfle de lui-même.
Retour en Gaspésie
Sa conjointe et un ami marathonien ont couru avec lui pour l'encourager pendant les derniers 250 kilomètres. Mardi soir, Joan Roch a pu dormir chez lui à Longueuil, mais son périple n’était pas encore complet. Il se gardait un mini-trajet de 15 km le lendemain matin, mercredi, pour parvenir au belvédère Kondiaronk sur le mont Royal. Une vingtaine de coureurs se sont joints à lui pour ce segment final.
Ironiquement, si Joan Roch a un regret, c’est celui de ne pas avoir profité de la Gaspésie. Il n’a fait qu’y passer en courant.
«Maintenant, j’ai envie d’y retourner et de faire un pèlerinage rétrospectif sur mon chemin parcouru pour revoir les lieux et les gens», a dit celui qui se promet de ne rien faire d’autre les prochains jours que de manger, dormir et accorder des entrevues.
Photo : Joan Roch / Courtoisie