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  • Crédit: Charles Côté et Michèle Dussault

Le tour du monde en 270 jours

Parcourir la planète avec ses enfants, les éveiller au monde, ouvrir leurs horizons. Prendre le risque de mettre en veilleuse le confort pendant plusieurs mois pour se lancer à l’aventure en vaut-il vraiment le coup? « Oui, assurément! », répond la famille Côté-Dussault, qui en a déjà fait l’expérience… et qui s’apprête à replier bagage.

 

Un peu bohèmes dans l’âme, Charles Côté et Michèle Dussault ont toujours été de grands globetrotteurs. Lui est professeur d’anglais au primaire alors qu’elle est médecin à l’urgence. En couple depuis plusieurs années, ils sont parents de deux enfants, Florence (12 ans) et Nicolas (14 ans), à qui ils ont transmis leur passion pour le voyage.

 

En 2008-2009, tandis qu’ils menaient une vie paisible en banlieue de Montréal, Charles, Michèle, Nicolas et Florence ont délaissé la quiétude de leur chaumière pour partir à la découverte du monde. Pendant 270 jours, ils ont parcouru la planète. Depuis le retour à la maison, pas une journée ne passe sans que la famille ne songe à cette extraordinaire aventure. Des souvenirs plein la tête, les Côté-Dussault estiment que tous devraient un jour tenter ce genre d’expérience. « Ça a été tellement incroyable! », lance Michèle. Mais se lancer dans un tel voyage nécessite son lot de préparatifs.

 

Planifier

Lorsqu’il est question de périple autour du monde, il y a à peu près autant de façons de faire que de gens qui voyagent. Dans le cas des Côté-Dussault, la première étape a été celle du choix des destinations. Ayant opté pour un billet « tour du monde » déniché sur le site Internet One World, ils ont sélectionné une quinzaine d’escales à l’avance. Ensuite, ils se sont organisés pour se procurer leurs billets. Seule ombre au tableau : ils devaient faire l’achat à Londres… et l'acquéreur devait être un résident de la capitale anglaise! En fait, ils auraient pu acheter leur billet au Québec, mais la somme d’argent supplémentaire exigée était considérable. Grâce à ce tour de passe-passe, la famille a pu économiser un peu plus de 7 000 $ : « La difficulté, c’était de trouver quelqu’un de fiable qui avait une adresse permanente à Londres et qui se présenterait avec 13 000 $ au comptoir de la compagnie aérienne pour acheter nos billets. On a finalement trouvé quelqu’un, un ami d’un ami, qui a très généreusement accepté de le faire », dit Charles.

 

Leurs billets en poche, ils se sont ensuite concentrés sur le grand ménage. Charles et Michèle ont vendu leurs voitures, se sont débarrassés de leurs abonnements et ont trouvé une amie à qui confier leur maison. La tête tranquille, ils ont soigneusement plié bagage pour plusieurs mois à l’étranger!

 

Le grand départ

Fin prête à partir à l’aventure, la famille s’est rendue à l’aéroport avec un mélange d’excitation et d’appréhension. « Honnêtement, le jour du départ, je me suis demandé dans quoi on s’embarquait, confie Michèle. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que j’allais passer près de 300 jours dans un autre lit que le mien. Dans l’auto, Florence avait les yeux dans l’eau. On se questionnait tous un peu sur ce qui allait arriver! »

 

Crédit: famille Côté-DussaultHeureusement, le voyage s’est bien déroulé. Comme elle l’avait souhaité, la famille a d’abord passé 250 jours à l’étranger, où elle a vécu dans des auberges de jeunesse, fait du camping, rencontré des gens incroyables, s’est imprégnée de paysages magnifiques, s’est ouverte à plusieurs cultures et a profité de la vie. Puis, elle est rentrée au bercail pour permettre aux enfants de terminer leur année scolaire à la maison. En août, la famille est repartie pour quelques jours et a complété son itinéraire au Royaume-Uni.

 

Au départ, les Côté-Dussault avaient l’idée de voir le plus de merveilles possible et de vivre pleinement chaque jour de leur voyage. Mais ils ont rapidement dû réviser leurs priorités et réduire leur rythme de croisière pour ne pas s’épuiser. Même s’ils étaient des voyageurs aguerris, ils avaient fait l’erreur de surcharger leur itinéraire : « On s’est aperçu rapidement qu’on ne pourrait pas tout faire. Au début, quand on était en Europe, on était toujours à la course et on voulait tout voir. Mais quand on part pour une longue période, on ne peut pas faire ça! Ça épuise. Il a fallu qu’on s’ajuste. On a décidé d’allonger nos séjours pour la suite des choses. Quand on est arrivé en Asie, c’est ce qu’on a fait. Ça a été très smooth comme rythme. Le reste du voyage s’est déroulé beaucoup plus paisiblement », raconte Michèle.

 

Si pour Charles et Michèle, l’itinéraire s’annonçait comme une expérience excitante et libératrice, pour les enfants, l’idée de ne pas côtoyer leurs amis pendant plusieurs mois était plutôt inquiétante. « Avant le départ, les enfants anticipaient beaucoup de s’ennuyer de leurs amis et de leurs grands-parents. Pendant le voyage, il y a eu des moments où ils ont trouvé ça difficile. Heureusement, ils ont eu des gens à qui se rattacher tout au long du périple. »

 

Histoire de tromper l’ennui, Charles et Michèle ont veillé à parsemer leur trajet de petits ports d’attache. Au fil des destinations, ils ont retrouvé ici et là d’anciens collègues, des amis de longue date, des membres de la famille et même quelques voyageurs québécois. « Ma mère est venue nous rejoindre en France pour quelques jours, ensuite, elle est revenue plus tard au Pérou et en Équateur, raconte Charles. Puis, nous avons retrouvé des amis québécois en Chine. On est aussi allé chez un de mes amis en Australie et en Nouvelle-Zélande, on a logé chez la mère d’une femme que Michèle connaissait avec qui on a eu beaucoup de plaisir. Il y a eu plein de moments comme ça. Ça a permis aux enfants de tisser des liens avec des gens un peu partout dans le monde. Chaque fois qu’ils commençaient à s’ennuyer, ils avaient quelque chose à quoi s’accrocher. »

 

Avant le grand départ, les enfants ont aussi pris soin de demander à leurs plus proches amis ce qu’ils aimeraient qu’on leur rapporte en guise de souvenir et quelle était la destination qui les intriguait le plus. Avec ces informations en poche, Nicolas et Florence ont adressé des cartes à leurs camarades et ont choisi quelques petits cadeaux à rapporter à la maison. « On avait pris des notes à la fin de notre journal personnel. On savait quels pays nos amis préféraient. C’était une sorte de lien avec eux pendant notre voyage », précise Nicolas.

 

Tout ça, c’est sans compter les petites habitudes qui ont contribué à rendre le périple de la famille un peu plus familier. « Il nous est arrivé à quelques reprises d’aller manger des cornets de crème glacée au McDonald. Ça nous rappelait la maison et c’était notre petite gâterie. On a fait ça un peu partout. En Asie, c’était souvent un des seuls endroits où on rencontrait des Occidentaux », raconte Michèle.

 

Dans la même optique, la famille avait pris soin d’emporter deux pots de beurre d’arachides pour enjoliver les matins où le Québec paraissait bien loin. « C’était comme une maison dans un pot », se rappelle Nicolas.

 

Crédit: famille Côté-DussaultL’école autrement

Si Michèle et Charles ont pu prendre congé de leur emploi pendant le voyage, Nicolas et Florence devaient poursuivre leur parcours scolaire. Étant tous deux d’âge primaire, leurs parents leur ont fait la classe partout où c’était possible. Tantôt à l’auberge de jeunesse, tantôt dans leur véhicule récréatif et parfois sur la plage. Profitant des talents d’éducateur de Charles, ils ont mené rondement leurs études tout au long du voyage. « Les enfants ont fait de super beaux projets. Dans tous les pays où nous sommes allés, ils ont appris le nom des capitales, leur situation géographique, le nom des monnaies utilisées, les particularités des différentes populations et quelques mots dans chaque langue. Ils étaient même capables d’identifier sur une carte des éléments géographiques importants, comme une rivière ou une montagne », soutient Michèle.

 

Chaque fois que cela été possible, Nicolas et Florence ont fait parvenir quelques-unes de leurs découvertes à leurs camarades de classe. Par exemple, alors qu’ils étaient en Chine, les enfants ont expédié à leurs comparses des documents sur la fabrication de la soie et le traitement du riz. « Comme ça, les autres enfants pouvaient les suivre sur une carte et ça amenait des sujets de discussion pour les professeurs », explique Charles.

 

En plus d’avoir amélioré leurs connaissances géographiques et d’avoir réussi à terminer leur année scolaire pendant leur voyage, Florence et Nicolas ont vécu une foule d’expériences que des enfants québécois de leur âge n’ont généralement pas la chance de vivre si jeunes. « À Yangshuo, en Chine, on est allé dans un gros marché où il y avait plein d’animaux morts partout. Il y avait des tortues et des poissons dans des bocaux, des chats et des têtes de chiens. Ça puait! J’ai trouvé ça dégueulasse », raconte Florence. 

 

Si Florence et Nicolas gardent un souvenir plutôt malodorant de ce marché qu’ils ont rebaptisé le « Stinky Market », l’expérience s’est avérée très formatrice : « C’était nécessaire de leur montrer ça. Les enfants étaient assez grands pour comprendre qu’on ne vit pas partout pareil. On voulait qu’ils sachent que là-bas, il ne suffit pas de se rendre dans un supermarché pour obtenir de la viande. Je suis contente de l’avoir fait parce qu’ils ont appris beaucoup de choses grâce à cette visite », explique Michèle. Des aventures comme celle-là, il y en a eu tout au long du voyage. Confrontés à des réalités souvent très différentes de la leur, Nicolas et Florence ont appris à être plus tolérants, ouverts d’esprit et respectueux. Charles et Michèle ont aussi fait bon nombre de découvertes. « C’est cliché, mais ce voyage-là, ça a vraiment été l’école de la vie », dit-elle.

 

En matière de dynamique familiale, le voyage a aussi été bénéfique. « On était pratiquement toujours ensemble et on vivait souvent dans la même pièce. Les enfants ne pouvaient pas aller s’enfermer dans leur chambre ou appeler un ami pour se changer les idées. Ils devaient régler leurs problèmes dès qu’ils se présentaient », confirme Charles. Il y eu quelques accrocs, mais rien qui n’ait altéré les souvenirs heureux de la famille. « C’est clair que tout n’a pas été rose, confirme Michèle. Moi je compare ça à un accouchement : on se souvient toujours de ce qui a été le plus agréable. Au final, il y a eu tellement plus de positif que de négatif! On ne s’est pas fait voler, on ne s’est pas fait attaquer… Et c’était tellement agréable de voyager en famille! »

 

Depuis leur retour, les Côté-Dussault songent à leur prochain départ. Bien qu’ils n’aient pas encore décidé quelle forme prendra ce périple, ils ont quand même une kyrielle de destinations potentielles en tête. Si tout se passe comme prévu, ils s’envoleront à l’été 2012 pour plusieurs mois. Ultimement, ils aimeraient vivre quelques années loin du Québec : « Pour nous, ce n’est pas seulement un voyage, c’est un mode de vie », confie Michèle. Pour ces parents, c’est une question d’équilibre. Ou plutôt, de déséquilibre. Convaincus qu’être un peu déboussolé aide à retrouver le nord, ils préfèrent grandement les remises en question aux routines trop établies. « On est toujours en équilibre dans notre vie. On fait les courses, on voit toujours les mêmes amis, on travaille avec les mêmes personnes. C’est génial de se sortir de son confort et d’être débalancé. Ça change toutes nos perspectives. Sincèrement, je souhaite à tous de faire le saut au moins une fois dans leur vie. Se sentir exister avec autant de force, c’est le plus beau sentiment du monde! », affirme-t-elle.

 

famille Côté-Dussault

Budget

Est-ce possible d’envisager ce genre de voyage si on ne roule pas sur l’or? « Tout à fait! », répond Charles. Conscients d’être choyés, les Côté-Dussault sont partis à l’étranger sans économie, mais (surtout) sans aucune dette. Disposant d’une bonne marge de crédit et sachant qu’à leur retour, ils retrouveraient assurément leur emploi, Charles et Michèle ont pu cumuler les factures sans trop de soucis et même se permettre quelques extravagances. Mais pour ceux qui n’ont pas cette chance, il est très possible de s’en tirer à prix raisonnable. « Ce qui coûte cher, ce sont les billets d’avion et les luxes comme les croisières ou les grands hôtels, affirme Charles. Si on évite ça, on peut vraiment s’en sortir à un coût raisonnable. Par exemple, nous avons rencontré des gens qui voyageaient avec un budget beaucoup plus restreint que le nôtre. Ils prenaient surtout le train, ne se permettaient pas de grands luxes et ne faisaient pas beaucoup de réservations à l’avance pour trouver de meilleures aubaines sur place. Avec trois enfants, leur voyage leur a coûté moins cher que le nôtre. »

 

Charles cite aussi l’exemple d’une collègue qui est partie avec son conjoint et ses trois enfants pendant 13 mois et dont le voyage a coûté un peu moins que le leur. Leur truc? Une préparation convenable. En gros, il ne faut surtout pas lésiner sur la recherche si on espère dénicher une aubaine. Fouiller sur l’Internet, demander conseil, lire des bouquins : plus on se renseigne, plus on risque d’obtenir le meilleur rapport qualité-prix. Puis, une fois sur place, il faut parfois se prendre pour un vendeur de souk : « Il ne faut surtout pas hésiter à négocier, assure Michèle. Si par exemple, on trouve un forfait dans une auberge pour quatre nuits, pourquoi ne pas demander si on peut obtenir la cinquième gratuitement ou encore, le voyagement vers l’aéroport? Souvent, ça fonctionne! Si on ne demande rien, on n’obtient rien. »

 

Le voyage des Côté-Dussault en chiffres

270 
nuits dans 66 lits différents
17 pays visités
12 000 photos
1 408 km en autobus
4 904 km en train
14 893 km en voiture ou en camper
79 903 km en avion
87 h 30 d’attente dans les aéroports


Commentaires (1)
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Bougex - 26/07/2011 17:59
Dans notre cas, nous sommes de retour de 10 mois en motorisé à travers les USA, le Mexique et le Guatemala avec deux enfants de 3 et 5 ans. Expérience EXTRAORDINAIRE ! On repart quand vous voulez.... http://Roadtrip.Bougex.com