Parc national des Pingualuit : Une randonnée sur la lune
Le parc national des Pingualuit, né en 2004, est un paradis pour les amoureux des grands espaces et de la culture inuite. Le coût du voyage et les déplacements difficiles rendent ce coin de pays très peu fréquenté. L’endroit demeure néanmoins un paradis pour les amoureux des grands espaces et de la culture inuite.
Quelque part, au nord du 61e parallèle, l’hélicoptère fait un bruit infernal, mais ne rompt en rien le charme sublime du moment. Pour apprécier cette région située au nord-est de la baie d'Ungava, il n’y a que les yeux qui comptent. Soudain, la voix du pilote résonne dans nos écouteurs : « Vous êtes tous endormis ou quoi? ». Les passagers sourient. En plus de couper le souffle, l’incommensurable beauté des lieux rend coi.
Vu du ciel, en été, le parc national des Pingualuit (là où la terre se dresse) est un territoire aride et hostile, transpercé de veines bleues, parfois encore strié de neige. L’hiver, la terre est recouverte d’un manteau blanc immaculé qui s’étire à l’infini. Au gré des raisons, c’est le paradis des loups, des caribous et des oiseaux de proie. Ici, pas d’arbres : ils ont arrêté de pousser quelque part tout près du 55e parallèle. Sur des kilomètres de ce désert lunaire, il n’y a pas âme qui vive. C’est un paysage de fin du monde à perte de vue.
Pourtant, ce vaste parc de 1133 kilomètres carrés – celui du Mont-Tremblant est de 1510 kilomètres carrés – regorge de précieux trésors. Des canyons où nichent faucons, aigles et outardes aux sites archéologiques sacrés et des cimetières datant de l’époque dorsétienne, en passant par des rivières extrêmement poissonneuses. Dans ce pays de superlatifs, on vit « l'extrême » comme on respire!
Au fur et à mesure de son développement, le parc offrira ses rivières aux kayakistes, dont la Puvurnituq : un grand torrent encore indompté! Le directeur du parc, Robert Fréchette, souhaite d’ailleurs voir la Corporation foncière (l’entité qui possède et administre le territoire) prendre en main l’exploitation de tous les petits trésors de la région : la pêche aux moules, les balades en bateau pour admirer les phoques sur les banquises et les randonnées de motoneige pour dévorer des kilomètres de ce territoire blanc. L’été, les inconditionnels du golf pourront même s’adonner à leur sport favori sur un terrain fait avec des pneus recyclés!
L’œil de cristal
Joyau d’une pureté inégalée, le cratère des Pingualuit demeure l’attrait principal du parc. D’un diamètre de 3,4 kilomètres, le cratère est le résultat de la chute d’une météorite tombée il y a 1,4 million d’années. Ce « bang » a été environ 8500 fois plus fort que la bombe d’Hiroshima. Selon la légende racontée par les Inuits, l’étoile tombée du ciel aurait créé cet immense trou parfaitement rond « pour un monde meilleur ».
Au creux du cratère, le lac Pingualuk est mauve, bleu ou turquoise (selon les saisons et la lumière) et constitue le plus profond lac du Québec. D’une pureté sans pareil, il n’y a que le lac Masyuko au Japon qui lui ravit la palme de la transparence. En raison de l’absence d’algues qui les nourrissent, les poissons se dévorent entre eux. Rendu dans ce coin perdu du Québec, il n’y a plus rien pour nous surprendre…
En été…
Au total, il en coûte environ 2500 $ pour parcourir en avion les 1800 kilomètres qui séparent Montréal du parc national de Pingualuit, avec une escale d’une nuit à Kangiqsujuaq. Bienvenue aux touristes téméraires et fortunés! L’été, un avion nolisé fait la liaison entre le village et le lac Laflamme, situé tout près du cratère. Il est possible de passer quelques nuits dans les refuges de luxe tout en boiseries, chauffés par une génératrice et alimentés en électricité par des panneaux solaires.
… comme en hiver
En hiver, des excursions de groupe en motoneige ou en traîneau à chiens seront organisées par des guides. On songe à y développer le ski tracté à voile, de plus en plus populaire au Nord. Au menu : pêche sur glace et aurores boréales à volonté. Certains mois de l’année, la randonnée est interdite en raison des températures glaciales et de la menace des blizzards. Dans ces hautes latitudes (il fait noir 22 h sur 24 h en hiver), le mercure peut descendre jusqu’à -82 °C... avec le facteur vent, bien sûr.
À vos risques et périls
Avis aux randonneurs aventureux : n’ira pas fouler la toundra de ce parc qui veut. Lorsque le soleil commence à darder de ses rayons, la marche de 90 kilomètres qui sépare Kangiqsujuaq du cratère est totalement déconseillée par les autorités locales. Même les meilleures bottes de randonnée ne résistent pas au pergélisol moelleux, que l’on compare à du sable mouvant. Sur des kilomètres, des tronçons de rivières devront être traversées à la nage. Avec une température de l’eau à 5 °C, pensez-y bien!
Ainsi, quiconque poussant l’audace à s’y aventurer par ses propres moyens devra prouver qu’il est expérimenté, aguerri, bien équipé et que le GPS et la boussole n’ont plus de secret pour lui. Sans quoi Yaaka Yaaka, le gardien du parc responsable de faire cette évaluation, vous considérera comme disparu : « Je me suis moi-même perdu tellement de fois que je ne les compte plus », raconte ce descendant de toute une lignée de chasseurs d’élite. Extrême, qu’on vous disait...
Où : Le parc national des Pingualuit, Kangiqsujuaq.
Quoi : Randonnée d’hiver ou d’été.
Durée : Une semaine minimum. Vous savez quand vous partez, mais pas quand vous revenez...
Quand : De la mi-mars à la fin avril et de la mi-juillet au début octobre.
Formule : Aventure extrême... pour tester vos limites.
Pour infos : info@parcsnunavik.ca • 819 964-2961