3 femmes à travers le parc Kuururjuaq
Elles ont 21, 31 ou 51 ans. Elles sont autochtone, gaspésienne ou urbaine. Elles ne se connaissent pas et se découvriront à leur arrivée au Nunavik. Les attend ensuite une aventure d’environ 250 kilomètres dans la toundra au nord du 55e parallèle. Elles partent dans quelques jours, sans en savoir plus.
Derrière cette idée un peu folle, Caroline Côté, qu’on connaît pour ses podiums en série en course à pied et pour ses nombreuses expéditions extrêmes, dont la toute dernière bien médiatisée, électrON. À ses côtés, Florence Pelletier, réalisatrice, aussi adepte de dépassement personnel qui a déjà suivi l’ultramarathonienne dans le nord du Québec deux ans plus tôt.
À la rencontre de ses racines
© Femmes au sommet
« Après une certaine frontière, on ne connaît plus le Québec : qui a dépassé un jour Natashquan ? Ou même Sept-Îles ? » dit Caroline Côté.
« C’est pourtant chez nous, au Québec. On s’intéresse à d’autres cultures, mais on oublie bien souvent la nôtre, et on en connaît bien peu de la culture autochtone », ajoute l’aventurière-cinéaste.
Cette rencontre, et celle avec l’inconfort qui arrivera forcément pendant trois semaines d’effort en terrain sauvage, Caroline et Florence souhaitent la documenter pour la partager... en y ajoutant une couche supplémentaire d’inconnu : la dynamique de groupe.
À lire aussi : Grandeurs sauvages du Nunavik en photos
Partager l’inconnu
© Femmes au sommet
« On a sélectionné trois femmes, qui ont trois quotidiens différents, des expériences passées distinctes, et qui vont vivre une épreuve de dépassement de soi loin de leurs repères : on s’intéresse aux échanges et aux liens que l’on peut vivre dans un tel contexte », explique Caroline.
Bien que différentes, les trois femmes partagent l’essentiel : l’audace de celles qui souhaitent atteindre en elle ce qu’elles n’ont jamais encore frôlé, et la curiosité de celles qui osent aller à la rencontre de l’inconnu.
© Femmes au sommet
En pleine nature, loin de tout, le reste est-il vraiment important ? La réponse, on s’en doute. Maintenant, les trois femmes — et l’équipe expérimentée qui les suivra — désirent y goûter.
Elles se disent impatientes de se rencontrer, s’attendant du même coup à des moments confrontants. Lorsqu’on arrive au bout de ses ressources, la dentelle s’envole, l’enrobage s’effrite, la vérité crue sort... Même la rencontre avec soi peut alors devenir étonnante, et difficile.
Aller au bout de ses ressources
© Femmes au sommet
Parcourir près de 250 km le long de la rivière Koroc dans le nord du Québec ne s’apparente pas à la balade dominicale. L’expédition sera éprouvante.
La présence d’ours, les risques de l’eau vive, l’attaque perpétuelle des mouches à ce temps-ci de l’année, le poids du sac à dos, pendant des heures, tous les jours, l’inconfort des pieds mouillés ou des nuits fraîches.... Chacune des trois aventurières néophytes porte en elle ses craintes face à ce qui les attend, sans pour autant que sa fébrilité en soit affectée.
© Femmes au sommet
Après tout, l’une est ultramarathonienne, l’autre, adepte de sports de plein air de toute sorte, et la troisième, de Kuujjuaq, pas loin de ses éléments, dans un périple qu’elle compare à ses souvenirs de camping en famille dans la toundra. Elles se sont en outre entraînées physiquement pour relever le défi.
Cette aventure singulière, elles l’ont choisie, mais elles ont été aussi choisies. Il ne s’agit pas de lancer des personnes peu préparées dans une aventure extrême et de « regarder ce qui arrive ». Le dépassement de soi comme un spectacle, bien peu pour les deux réalisatrices. Ces trois femmes ont été sélectionnées, parce qu’elles sont un peu nous toutes — et qu’elles sont prêtes.
© Femmes au sommet
« On est tous le fou de quelqu’un », me disait l’une des participantes. La folie, c’est la marche qui suit, le chemin, un peu plus loin, où on ose s’aventurer. Ce n’est pas se lancer dans le vide sans filet.
« Je le sens presque comme une mission d’encourager les femmes à “oser” », partage Caroline Côté.
Cette aventure un peu folle ne nous pousse pas vers l’impossible. Elle cherche à attirer notre regard vers ce que l’on pressent déjà comme possible, en soi, si seulement on laissait aller notre curiosité. Trois femmes à la fois.
L’EXPÉDITION AU PARC KUURURJUAQ
- Point de départ: mont D’Iberville (Caubvick)
- Après l’ascension du mont D’Iberville, le plus haut mont du Québec, les aventurières chemineront dans la toundra sur 130 km en longeant la rivière Koroc qui traverse le parc Kuururjuaq d’est en ouest.
- Chutes Korluktok
- Aux chutes Korluktok, elles quitteront la terre ferme pour cheminer sur l’eau, en rafting, jusqu’à la baie d’Ungava, un périple d’environ 90 km.
- Elles gagneront enfin le village de Kangiqsualujjuaq à pied.
- Point d’arrivée : Kangiqsualujjuaq
Pour suivre l’aventure, rendez-vous sur facebook.com/denali.films.
L’histoire sera aussi relatée dans le cadre de la tournée mondiale du Festival du film de montagne de Banff en 2020.