La traversée du Groenland
Le Groenland n’aura bientôt plus de secret pour les Québécois. Sur les traces qu’ont laissées Bernard Voyer et son équipe en 1995, deux équipes téméraires se lancent dans l’aventure. Avec une motivation à toute épreuve, les deux duos s’apprêtent à réaliser un rêve commun. Seule leur route sera différente.
PROFIL DES ÉQUIPES
Rêve de glace (revedeglace.ca)
Sébastien Lapierre et Olivier Giasson sont deux pompiers professionnels, un sérieux atout qui leur apporte les bases de la survie et la connaissance des premiers secours. Tous deux ont aussi l’habitude de travailler en équipe et de se faire confiance, un paramètre important dans une aventure comme celle qu’ils entreprennent et au cours de laquelle chacun mettra sa vie entre les mains de son coéquipier.
Côte à côte (groenlandcoteacote.ca)
Partageant rêves et passions d’aventure, Catherine Fortier et Frédéric Rouillard ont décidé de partir en duo pour cette expédition. Elle, grande habituée du ski de fond nordique après avoir participé à la traversée des Laurentides de 2007 à 2009. Lui, aime les treks qui demandent endurance et autonomie (GR20 en Corse, GR54 Les Ecrins, chaîne présidentielle en 17 heures, etc.). Tous deux se connaissent assez bien pour vouloir partager un mois d’efforts intenses et d’aventures. Le coup de foudre pour le monde frigorifique, ils l’ont eu lors d’une conférence donnée sur un périple au pôle Nord.
PRÉPARATION DE L’EXPÉDITION
Rêve de glace
« Ça fait trois ans que nous nous préparons pour cette traversée en ski de fond. On a entraîné notre corps à porter de lourdes charges et nous sommes partis en expédition à plusieurs reprises, seuls avec nos pulkas. Nous avons fait la traversée de Charlevoix et le parc de la Gatineau lors de tempêtes pour retrouver les conditions de froid et de vent les plus semblables aux régions polaires. On apprend ainsi à être totalement autonome comme on le sera bientôt au Groenland. »
Côte à côte
« J’ai participé à une formation en expédition polaire à Iqaluit (Nunavut) avec Matty McNair, explique Catherine. Ça m’a donné de vraies bases sur les conditions que nous allons rencontrées et une grande pratique pour ce genre de raid. Ensuite, nous avons effectué un trek de préparation sur les glaciers en Alberta cet été pour tester notre matériel. La dernière phase de notre entraînement a eu lieu durant la période des fêtes au lac Abitibi pour nous acclimater aux rigueurs du froid et tester une dernière fois nos compétences. Nous avons reçu beaucoup de conseils de gens qui ont déjà effectué cette traversée et de très grands explorateurs comme Éric Larsen. Tout est bon à prendre comme témoignage puisqu’aucun livre ni guide n’est écrit sur le Groenland. Une région encore méconnue et mystérieuse. »
ROUTE ENTREPRISE
Rêve de glace
D’Isortoq (côte est du Groenland) à Kangerlussuaq (côte ouest)
« Au début de notre parcours, nous aurons chacun à traîner derrière nous une pulka remplie de 110 kg de matériel, de nourriture et de combustible. Dans des conditions de froid et de vent, c’est une épreuve peut-être plus ardue que la complexité du trajet lui-même. Vers la moitié du parcours, nous atteindrons les hauteurs du Groenland. À 3000 mètres d’altitude, nous devrions connaître des conditions de froid assez redoutables. Enfin, nous entamerons la descente. Plus nous nous rapprocherons de la côte, plus les crevasses se feront fréquentes. Ce que nous appréhendons le plus dans ce périple, c’est l’endurance psychologique : faire face à un univers glacé continuel pendant des jours, vivre 24 heures sur 24 avec la même personne et entrer dans une routine de l’effort. Résister à tout cela sera peut-être notre plus grand défi. »
Côte à côte
De Kangerlussuaq (est) à Tassilaq (ouest)
« Nous empruntons un chemin peu commun pour ce genre de traversée. Les vents dominants viennent de l’ouest, donc nous les aurons contre nous. L’année dernière, on nous a rapporté que dix équipes ont tenté cette voie, mais seulement huit l’ont terminée. Nous aimons la difficulté et les défis. Nous sommes aussi en communication régulière avec Sébastien et Olivier. Il y a d’infimes chances pour que nous nous croisions, car avec le blizzard, il n’est pas rare de ne rien voir au-delà de 30 mètres devant nous. Mais par temps clair, ce serait amusant de nous rencontrer entre Québécois! »