Mission: éboueur des montagnes
À l'ère de Marie Kondo et du zéro déchet, au tour de l'alpinisme de faire un examen de conscience sur la quantité de détritus générés par une expédition. Un organisme québécois en a même fait sa mission et vise à nettoyer une montagne népalaise, l’Ama Dablam.
Ce ne sont pas des convictions écologiques profondes qui ont d'abord animé Dominic Asselin dans ce projet, c'est avant tout un profond dégoût. En 2018, le guide québécois accompagnait des clients sur l'Ama Dablam, au Népal, et il a été choqué de constater la quantité de déchets qui jonchaient le sol de la montagne. Des cordes, des tentes, des enveloppes de nourriture lyophilisée, des bonbonnes de gaz et même – beurk! – des couches. Tout ça laissé derrière par d'autres alpinistes. Le petit groupe a décidé de ramasser ce qu'il pouvait – près de 30 kilos de détritus –, et de redescendre le tout au camp de base.
© Attitude Montagne
L'expérience a suffisamment marqué Dominic Asselin pour qu’il songe à en faire une expédition nouveau genre : partir ramasser des déchets au sommet de l'Ama Dablam, ou plutôt, en route vers le sommet, une première dans le genre.
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Avec une petite équipe, c'est donc ce qu'il fera l'an prochain : atteindre le sommet sera optionnel, la collecte des déchets comptera d'abord. Le même genre de problème qui se fait aussi sentir – sans jeu de mots – au camp de base de l'Everest, par exemple. Là, des groupes de grimpeurs jouent déjà les éboueurs, mais le hic, c'est que les autres sommets, moins achalandés, ne reçoivent pas cette attention.
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Outre son expédition de nettoyage, Dominic Asselin a également lancé un organisme à but non-lucratif, High Altitude Mountain Cleaners, pour étendre cette mission de sensibilisation et d'éducation dans le monde de l'alpinisme. Selon lui, le seul fait de contacter de potentiels commanditaires pour son projet a soulevé des interrogations sur l'impact d'expéditions alpines. « Un adage dit que l'important, ce n'est pas de se rendre au sommet mais de revenir au camp de base. Moi, je pense que de nos jours, l'adage devrait se terminer par "revenir au camp de base avec tes poubelles" ».
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Au-delà de l'expédition sur l'Ama Dablam, l'OBSL de Dominic Asselin va continuer son travail, notamment en se penchant sur les possibilités de réutiliser ou encore de réduire l'empreinte écologique d'équipements utilisés en montagne, comme les sachets de nourriture déshydratée ou les bonbonnes de gaz.
Info et dons : highaltitudemountaincleaners.org et facebook.com/HighAltitudeMountainCleaners