Québec : la Mecque du fatbike dans le monde
Depuis quelques années, le fatbike connaît une ascension fulgurante, au Québec. De 2014 à 2019, le nombre de kilomètres de sentiers a explosé, passant de 60 à 1266 km. Selon une étude récente, le centre Empire 47 (E47) de Lac-Delage aurait même reçu plus d'adeptes que tout autre centre de fatbike hivernal du globe.
« L’hiver dernier, notre centre de fatbike hivernal était le plus fréquenté au monde, lance fièrement Alexandre Lemerise, responsable des communications, du développement et du marketing pour E47. C’est un gros statement, mais nous sommes confiants. Aux autres de nous prouver le contraire. »
C’est en travaillant avec Gilles Morneau, un consultant spécialisé dans le vélo de montagne et le fatbike, que le centre dédié exclusivement au vélo à pneus dodus a constaté qu’il accueillait deux fois plus de cyclistes que n’importe quel autre centre, avec 12 515 visiteurs l’hiver dernier.
Sur les 20 centres étudiés, le deuxième centre le plus populaire était le parc de la rivière Gentilly, à proximité de Trois-Rivières. À titre comparatif, le mythique centre de vélo de montagne Kingdom Trails, au Vermont, a accueilli moins de 2000 adeptes de fatbike, l’hiver dernier.
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Il faut dire que plusieurs sites ne recueillent pas de données sur les allées et venues des cyclistes d'hiver, notamment lorsque l’accès est gratuit, et c’est souvent le cas au sud de la frontière.
« Les centres américains conservent très peu d’informations sur la fréquentation, mais ils ont confirmé qu’ils n’atteignaient pas les chiffres d’Empire 47 », note Alexandre Lemerise, avant d’ajouter que plusieurs sites populaires, comme ceux de la région de Marquette, au Michigan, se trouvent à quelques heures de la ville la plus proche, ce qui réduit la fréquentation.
« Je pensais que c’était plus développé dans l’Ouest américain, mais finalement, il n’y a pas tant de sentiers que ça et l’offre n’est pas aussi développée qu’ici », remarque Gilles Morneau. En plus de la neige abondante et du groupe de bénévoles pour maintenir des sentiers impeccables, la proximité de la ville de Québec, à une quinzaine de minutes, est un élément-clé pour expliquer la popularité d’E47, ajoute celui qui croit que Québec peut se targuer d’être la capitale mondiale du fatbike hivernal.
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Il suffit d’une recherche sur Google Trends pour justifier son propos, car la ville de Québec est la championne canadienne, en ce qui a trait aux recherches sur le fatbike, devançant largement Calgary et Montréal.
Sur la scène mondiale, c’est toutefois la Finlande et les pays scandinaves qui trônent au sommet de ce palmarès. « Mais ce sont des pays où le fatbike est surtout pratiqué en été », note Gilles Morneau.
Après avoir connu une croissance époustouflante des ventes de fatbike il y a quelques années, le marché s’est désormais stabilisé, mentionne Jean-Paul Paloux, responsable des ventes et du marketing pour Specialized Canada, mais le Québec demeure le champion du fatbike au pays, avec tout près de 50 % des ventes.
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Même son de cloche chez le fabricant Felt, alors que 46 % de ses fatbikes ont été vendus au Québec au cours des quatre dernières années.
Chez Devinci, plus de 80 % des ventes de fatbike se font au Québec, une proportion beaucoup plus élevée que pour les autres types de vélos du fabricant basé à Saguenay, remarque Any Truchon, la responsable des communications.
« La meilleure façon de vendre un vélo, c’est d’avoir accès à des endroits où l'utiliser, dit-elle. Dans le cas du fatbike, c’est la neige, mais plus encore le réseau de sentiers et leur niveau d’entretien, qui font la différence. À Chicoutimi, le Panoramique est entretenu sur la coche, et c’est presque gratuit (20 $ par année). C’est vraiment ça qui fait la différence dans la demande. Quand on voit un nouveau centre qui se développe, les retombées se font vite sentir. »
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Au Québec, le réseau de sentiers a presque doublé chaque année depuis 2014, souligne Francis Tétreault, chargé de programme pour le vélo de montagne et le fatbike chez Vélo Québec. « Le Québec est probablement la Mecque du fatbike, avec plus de 1266 km de sentiers répartis dans 85 sites, dit-il. C’est assez unique. » Dire qu’en 2014, on comptait à peine 60 km pour 14 sites. Et qu’il y a 10 ans, le terme fatbike était carrément inconnu dans la belle province...
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« Au Québec, ce sport est maintenant bien ancré dans les habitudes pour le déplacement de la maison au boulot ou pour faire le plein d’air frais, dans l’ensemble des sentiers aménagés et entretenus spécifiquement pour le fatbike, note Jean-Paul Laloux. Par exemple, encore cette année, Specialized Canada a participé à l’évènement TransFat organisé par Espresso Sports et les 250 places disponibles se sont envolées en moins de 48 heures. »
« Le Québec est peut-être le seul endroit où le fatbike est pratiqué sur tout le territoire, renchérit David Lecointre, directeur général de la Véloroute des Bleuets et organisateur de la Traversée du lac Saint-Jean à vélo, qui accueillera 300 cyclistes en provenance de six pays cet hiver. Il n’y a pas d’autre endroit où l’on retrouve la même dynamique pour le fatbike. »
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Après avoir vu plusieurs centres de ski de fond et de raquette dédier quelques pistes au fatbike, des centres exclusifs à la pratique ont vu le jour. Et les développeurs de sentiers ne se contentent pas de damer simplement des pistes en motoneige. Ils innovent en adaptant les pistes pour la pratique hivernale. Ils conçoivent aussi de nouveaux équipements et inventent des techniques de damage pour améliorer l’expérience, note Francis Tétreault. « On est en train de développer une expertise unique », dit-il.
Signe de l’intérêt pour l’entretien des sentiers, plus de 40 personnes de 23 stations différentes ont participé à un atelier sur le sujet présenté par E47, début janvier.
Et cette expertise se fait sentir partout dans la province. En 2017, la Sépaq a également embarqué dans l’aventure, en ouvrant des pistes dans cinq parcs nationaux. Avec la croissance de la demande, on retrouve désormais des pistes dans onze parcs du Québec.
Après avoir séduit les adeptes québécois, les sites comme E47 souhaitent maintenant charmer les touristes hors Québec. « L’office de tourisme de Québec mise de plus en plus sur le fatbike pour leur faire vivre une expérience hivernale », souligne Alexandre Lemerise. Et le fatbike a tout pour plaire, car ce sport permet de découvrir les plaisirs de la neige tout en étant accessible, car tout le monde sait faire du vélo. Au cours des prochaines années, la flotte de fatbike d’Empire 47 passera justement de 65 à 85 vélos pour accommoder un nombre grandissant de touristes.
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Avec le début d’hiver hâtif, le centre compte bien battre son propre record d’achalandage. Et c’est bien parti pour se réaliser, car E47 a accueilli plus de 1500 personnes en une semaine, pendant le temps des fêtes!