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  • Crédit: André-François Bourbeau, collection personnelle

André-François Bourbeau : Docteur survie

Allumer un feu (sans allumette) en 4,2 secondes, c’est possible pour André-François Bourbeau. Maniaque du plein air depuis sa tendre enfance, il a appris les techniques du camping sans équipement en oubliant (volontairement) de plus en plus d’équipement. Avec un ami, il détient le record Guinness de la plus longue période de survie volontaire en milieu sauvage : 31 jours en pleine forêt boréale sans feu, hache, couteau, abri ou nourriture. Devenu « ami des mouches », il est aujourd’hui directeur du Laboratoire de recherche et d'expertise en plein air (LERPA) à université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Pourquoi vous intéressez-vous aux outils, aux habiletés primitives et à la survie ?
Scientifique de formation, je voulais trouver des techniques pour aider à sauver des vies. J’ai toujours été entouré de maniaques du plein air qui m’ont toujours poussé à en faire plus.

Comment devient-on « docteur en survie » ?
Plusieurs experts étudient la survie en histoire, en psychologie et en anthropologie, mais personne n’enseignait la pratique de la survie. J’ai passé beaucoup de temps à étudier, documenter et tester les techniques primitives des peuples autochtones du Québec et d’ailleurs dans le monde.

Quel était l’objectif de votre « Surviethon » ?
L’idée était de documenter scientifiquement le voyage d’un mois (31 jours)dans la forêt québécoise sans feu, hache, couteau, abri ou nourriture. On voulait démontrer ce qui pouvait se passer psychologiquement et physiquement pendant une longue période de survie en forêt. Mentalement, ce fut une forme d’introspection. Avec tout le temps qu’on a, on se pose des questions existentielles : Qui sont mes vrais amis? Qu’est-ce qui est le plus important dans la vie? En tout, j’ai perdu 21 livres et mon ami en a perdu 26. On a calculé scientifiquement que j’avais consommé 565 calories par jour et mon ami 365 calories*. Disons qu’on était prêt à sortir.
*Un régime de vie normal gravite autour de 2500 à 3000 calories par jour.

Crédit: André-François Bourbeau, collection personnelleQuel fut le moment le plus marquant de ce « Surviethon »?
C’est difficile à dire parce qu’il y a eu de très beaux moments et des moments extrêmement difficiles. Quand tu passes au feu (le 18e jour), disons que tu t’en souviens. Même mes lunettes y ont passé. Finalement, je n’ai retrouvé que les verres après le feu et je me suis fabriqué une monture en bois pour être capable de voir quelque chose et de fonctionner normalement.

Et le plus beau moment ?
Quand j’ai attrapé ma première perdrix ou quand j’ai pêché mon premier poisson avec un collet et beaucoup de patience.

Le referiez-vous ?
Si je ne l’avais pas fait, oui, je le ferais, mais d’une manière complètement différente. Quand on est jeune, on aime ça souffrir. À 57 ans, on n’a plus le goût d’avoir de la misère. Régulièrement, je vais encore coucher dans le bois sans équipement, mais, pour moi, ce n’est plus de la survie : je n’ai juste pas d’équipement.

Peut-on se préparer à la survie en forêt ?
La survie, ça s’apprend et ça s’enseigne. J’ai étudié religieusement les techniques de survie pendant plus de 15 ans avant de me lancer un mois en forêt. Après le baccalauréat, les étudiants ont une base, mais ils demeurent des débutants. Ils sont au moins prêts mentalement, car on ne sait jamais quand ça peut arriver. Une autre bonne façon d’apprendre sur la survie est de lire des récits d’aventures et des faits vécus.

Si vous n’aviez qu’une chose à amener avec vous quelle serait-elle ?
Dans une situation de survie, un sac de couchage vous sauvera la vie plus que toute autre chose, même un briquet. Le seul danger réel au Québec, c’est le froid.

Quelles sont les pires erreurs qu’on peut faire ?
Paniquer, brûler son énergie et se déshydrater. N’entreprenez pas de grands travaux pour faire un abri qui ne résistera même pas à la pluie. Réfugiez-vous plutôt sous le plus gros arbre des environs. Pour se protéger de la pluie, il est préférable de toujours traîner un sac de poubelle. Et ne tentez pas de faire un feu sans allumettes si vous ne l’avez jamais fait auparavant. Restez au chaud (dans votre sleeping) et attendez les secours.

Les outils technologiques rendent-ils la survie plus facile aujourd’hui ?
Évidemment! Avec des systèmes satellites comme le SPOT et les autres outils de communication, il n’y a  pas de raison d’être mal pris. L’important est d’aviser quelqu’un avant notre départ de la destination et la date de notre retour. Si je ne suis pas de retour à la date prévue, viens me chercher! Et laissez traîner un couteau, du feu et un sifflet dans vos poches.

Crédit: André-François Bourbeau, collection personnelle

5 épreuves pour tester vos aptitudes de survie
• Allumer un feu avec votre allume-cigarette de voiture.
• Déchirer votre t-shirt en languette afin de faire de la corde pour se suspendre à un arbre.
• Construire un panier qui supportera un kilo.
• Pagayer un kilomètre avec un bout de bois.
• Faire un couteau avec un clou.

 


Trousse de survie
Sac de poubelle (toit imperméable), 2 couvertures d’urgence, 2 petits manteaux de pluie d’urgence (achetés au Dollarama), une canne de tomate (pour utiliser comme chaudron), du feu, un couteau, une lame de scie, un sifflet, un sac de couchage ou un vêtement d’extra (pour avoir chaud sans bouger).

Source: Éditions JCL

 

Surviethon au gré de la nature
Éditions JCL / 1988 / 408 pages


Commentaires (3)
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Simon Laroche - 12/03/2013 07:38
J'ai lu ce livre la semaine dernière. André-François et Jacques sont de vrai héro! J'ai hâte de lire le Surviethon : 25 ans plus tard!
Choc - 12/12/2010 18:06
Une pure merveille. J'ai lu se livre en 1988 et je peut vous dire que je me suis délecter.Je l'ai encore dans ma bibliotheque.Ce livre devrait etre ré-édité a tout prix
MartinC - 01/07/2010 21:58
Après avoir été tenté par ce livre et désirant me le procurer, je m'aperçoit qu'il est discontinuer et indisponible nul part !! pouvez vous m'indiquer ou me le procurer svp ?