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  • © Courtoisie Alasdair Mckenzie

19 ans et déjà au sommet de 12 des 14 plus hautes montagnes du monde

À 19 ans, Alasdair Mckenzie a déjà quatre records mondiaux à son actif. Ce printemps, il ambitionne d’en ajouter un cinquième, en devenant la plus jeune personne de tous les temps à gravir les 14 plus hautes montagnes du monde. Il en a déjà conquis 12, incluant l’Everest. Le Français raconte les moments qui l‘ont le plus marqué. 

Dans l’univers de l’alpinisme, le cap des 8000 mètres est mythique. Quand ils franchissent cette marque, les grimpeurs entrent dans ce qu’ils appellent « la zone de la mort ». 

À cette altitude, chaque pas est difficile. Le corps humain manque d’oxygène et peut dépérir rapidement. Maux de tête, nausées, œdèmes pulmonaires ou cérébraux : les symptômes potentiellement fatals sont nombreux.

Seulement 14 sommets dans le monde dépassent cette hauteur. Ils se trouvent majoritairement dans la chaîne montagneuse de l’Himalaya, qui s’étire sur plus de 2400 km à travers l’Inde, le Népal, le Pakistan, la Chine et le Bhoutan. 


© Courtoisie Alasdair Mckenzie

Alasdair Mckenzie ambitionne de tous les enchaîner avant ses 20 ans, au printemps prochain. Il pourrait ainsi devenir le plus jeune grimpeur à y arriver pour battre le record détenu par Mingma Gyabu « David » Sherpa, un Népalais qui avait 30 ans au moment de réaliser l’exploit.

Alasdair Mckenzie nous raconte certains des moments les plus marquants de sa jeune carrière.

La première expédition : 2 sommets en 9 jours

À 17 ans, Alasdair était encore un adolescent quand il a investi les 20 000 euros hérités de son arrière-grand-père pour aller « titiller » les montagnes du Népal. 

« Les gens me disaient que j’étais fou, que c’était trop risqué », raconte-t-il.

Conscient de la dangerosité de sa mission, il a refusé que ses parents l’aident financièrement.

« Je ne voulais pas qu’ils aient ma mort sur la conscience si jamais les choses tournaient mal », explique-t-il. 

C’est la tête tranquille qu’il s’est d’abord attaqué au Lhotse, le quatrième plus haut sommet du monde. Il culmine à 8516 mètres d’altitude. 

« Une fois au sommet, j’étais bien physiquement et mentalement. J’ai regardé Ramesh, le sherpa qui m’accompagnait, et je lui ai demandé si c’était possible d’en enchaîner un autre rapidement », raconte-t-il. 

Neuf jours plus tard, le jeune Breton brandissait le drapeau bleu-blanc-rouge sur la cime du Makalu, à une hauteur de 8485 mètres.

5 sommets en 26 jours au Pakistan

C’est au Pakistan qu’Alasdair affirme avoir vécu ses «pires moments de stress». Pendant cette phase, lui et son coéquipier ont escaladé un sommet tous les cinq jours, pour un total de cinq en 26 jours. 

« Nous avons attendu 15 jours entre le Nanga Parbat (8126 mètres) et le deuxième pic. Donc nous avons fait les sommets 2, 3, 4 et 5 en 11 jours », précise celui qui est suivi par plus de 30 000 personnes sur Instagram. 

Occupé à chercher des commanditaires pour financer la suite de son projet, le jeune homme a passé la majorité de ses périodes de repos au téléphone satellite. Il a dormi une moyenne de 3h30 par nuit pendant cette poussée de 11 jours.

« Il y a des périodes pendant lesquelles on grimpait pendant 36 heures sans arrêt. J’ai mis mon corps dans des situations extrêmes. Je ne dormais presque pas, je m’hydratais juste ce qu’il fallait, je ne mangeais pas beaucoup. À chaque départ, je me demandais si mon corps allait tenir », confie le montagnard.

« Il y a des périodes pendant lesquelles on grimpait pendant 36 heures sans arrêt. J’ai mis mon corps dans des situations extrêmes. Je ne dormais presque pas, je m’hydratais juste ce qu’il fallait, je ne mangeais pas beaucoup. À chaque départ, je me demandais si mon corps allait tenir », confie le montagnard. 

Bloqué à 8300 mètres sur le dangereux K2

Le K2 plafonne à 8611 mètres. C’est le deuxième plus haut sommet au monde. Et aussi l’un des plus meurtriers. Les difficultés techniques et les imprévus météorologiques qu’il impose aux grimpeurs lui valent le surnom de « montagne sauvage ». Près d’un quart des gens qui tentent de le gravir y laissent leur vie, selon la NASA. 

Alasdair Mckenzie a gouté à sa médecine au mois de juillet 2023.

« J’ai été bloqué à 8300 mètres d’altitude pendant 3h avec des chutes de 1000 mètres à gauche et 1000 mètres à droite. Des vents de face à 70km/h nous tapaient sur la tête. On ne voyait rien à 5 mètres devant nous. Le seul truc dans ces moments, c’est de s’asseoir et se dire qu’on est prêts à passer la nuit là s’il le faut. Ça, c’est stressant! », raconte-t-il. 

Il a finalement conquis le sommet du K2 saint et sauf, avant de rapidement redescendre pour conclure son voyage au Pakistan.

Les morts, « une piqure de rappel »

Chaque fois qu’il s’attaque à l’une des plus hautes montagnes de la planète, Alasdair Mckenzie sait qu’il s’aventure en terrain hostile, là où la mort a ses habitudes et frappe sans prévenir. 

Pour l’illustrer, il évoque son avant-dernière expédition, au mois de septembre, quand un amas de glace s’est détaché au-dessus de lui.

« C’était au Manaslu. L’avalanche est passée à tout juste 50 mètres de nous. On doute de tout dans des moments pareils », souffle-t-il.


Alasdair Mckenzie grimpe le Manaslu, au Népal, à l'automne 2023 © Courtoisie Alasdair Mckenzie

Une certitude demeure toutefois : il n’hésitera jamais à abandonner l’atteinte d’un sommet pour aider ses pairs. C’est ce qu’il a fait ce jour-là. 

« On s’est toujours dit qu’on viendrait en aide aux gens vulnérables avant toute chose. Le sommet, c’est beau, mais le mieux c’est de pouvoir se regarder dans le miroir après », mentionne-t-il.

Et même quand l’expédition se déroule sans problème, les dépouilles gelées d’alpinistes tombés au combat lui rappellent de ne jamais baisser sa garde. 

« Quand on voit un cadavre, ça remet les choses en perspective, c’est une piqure de rappel », confie le jeune Breton. 


Les sommets gravis par Alasdair jusqu’à présent

  1. Lhotse (8516m), 15 mai 2022
  2. Makalu (8485m), 24 mai 2022
  3. Annapurna (8091m), 15 avril 2022
  4. Everest (8849m), 16 mai 2023
  5. Kanchjunga (8586m), 1er juin 2023
  6. Nanga Parbat (8126m), 2 juillet 2023
  7. Gasherbrum G1 (8068m), 17 juillet 2023
  8. Gasherbrum G2 (8034m), 21 juillet 2023
  9. Broadpeak (8047m), 25 juillet 2023
  10. K2 (8611m), 28 juillet 2023
  11. Manaslu (8163m), 23 septembre 2023
  12. Dauhlagiri (8167m), 1er octobre 2023

Les sommets à venir au printemps prochain

  • Cho Oyu (8201m)
  • Shishapangma (8027m)

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