Le ski de fond malmené cet hiver
La Forêt Montmorency, l’un des plus beaux terrains de jeu pour le ski de fond au Québec, sera fermée aux pleinairistes cet hiver.
La raison évoquée par l’Université Laval, son propriétaire : « Des activités, effectuées dans le cadre de projets d’enseignement et de recherche, se dérouleront dans le secteur habituellement fréquenté par les skieuses et skieurs. Les sentiers seront donc utilisés par la machinerie et ce secteur pourrait être dangereux pour les gens », écrit Andrée-Anne Stewart, porte-parole de l’Université Laval, dans un courriel reçu à la suite d’une demande d’entrevue.
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Bien sûr, un établissement du genre a toute légitimité pour y poursuivre ses projets. Mais la communauté de ski de fond de la région de Québec a fortement réagi à cette annonce. « Les deux vocations de ce site naturel – recherche et plein air – cohabitent depuis longtemps, souligne Mathieu Fréchette, un adepte de ski de fond trentenaire habitué à emprunter ses pistes avec ses jeunes enfants. L’université parle d’ingénierie forestière, mais reste très floue sur les travaux qu’elle veut y mener, ce qui manque vraiment de transparence ».
L’hiver dernier, l’Université Laval avait déjà parlé de fermeture, puis s’est ravisée en autorisant les activités du club de ski de fond du Rouge et Or. Cette année, le centre sera bel et bien fermé. « C’est un site exceptionnel, ajoute Mathieu Fréchette, qui a lancé dès le mois d’octobre une pétition qui a recueilli plus de 8000 signatures. L’enneigement arrive dès la fin octobre et se poursuit jusqu’en mai grâce son environnement nordique ».
Depuis deux ans, on ne cesse de parler de santé publique et de son lien avec l’activité physique. Mais plutôt que d’essayer de trouver une solution médiane – fermer une zone et en laisser d’autres accessibles –, on décide tout bonnement d’en barrer l’accès, privant les citoyens de la deuxième ville du Québec d’un site de pratique unique à proximité.
Hausse de prix à la Sépaq
Au début du mois d’octobre, on apprenait que l’abonnement annuel illimité qui donne accès aux sept centres de ski de fond gérés par la Sépaq passait de 214 $ à 282 $ pour la saison 2022-2023, soit une hausse de 32 %. La société d’État évoque l’inflation, mais aussi l’augmentation des frais d’entretien et le fait que des études démontrent que les abonnés fréquentent un seul centre plutôt que plusieurs. Certes, mais faut-il pour autant en augmenter à ce point les frais d’accès?
On est nombreux à rêver d’un Québec qui ressemblerait à la Scandinavie, en ce qui a trait à l’accessibilité à la nature ou, à tout le moins, qui s’en rapprocherait un peu. Un Québec qui encouragerait les citoyens de tous âges à pratiquer des activités de plein air et qui mettrait à leur disposition des sites de proximité à un coût abordable.
Quand la Sépaq évoque l’ajustement du prix de la passe annuelle en comparaison de ce qu’exigent les centres privés, elle fait l’impasse sur le caractère public de ces territoires dont le financement provient de la contribution fiscale des citoyens. Aujourd'hui, les gestionnaires seraient mieux avisés de surfer sur la popularité du plein air – et du ski de fond – observée pendant la pandémie et de tout faire pour que celle-ci perdure dans le temps. C’est tout le Québec qui en tirerait profit.
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