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  • @ Patrice Francoeur / Cape Spears, Terre-Neuve

Terre-Neuve : le calme après la tempête

Parti séjourner un mois à Terre-Neuve, notre collaborateur s’est retrouvé malgré lui au cœur de la tempête de neige historique qui a frappé l’île, en janvier. Il en a profité pour explorer les environs… avec ou sans montagnes neigeuses.

En arrivant le 2 janvier à St. John’s, j’ai été étonné par le peu de neige qui se trouvait au sol. On m’avait tant parlé de l’hiver terre-neuvien, je m’attendais à plus.

C’était avant le Snowmageddon.

À peine quelques jours plus tard, en une seule nuit, la capitale terre-neuvienne reçoit près de 40 cm de neige. Le lendemain, les autorités demandent à la population de rester à la maison. La ville est fermée, les opérations de déneigement se mettent en branle. St. John’s se remet peu à peu de cette saute d’humeur de Dame Nature.

Ce n’était qu’un avant-goût.

Le 17 janvier, une dépression d’une ampleur inouïe s’abat sur St. John’s et sur toute la péninsule d’Avalon : elle laisse près de 90 cm de neige au sol. Les images font le tour du monde et la ville déclare l’état d’urgence, qui perdurera pendant huit jours.

Huit jours, c’est long. J’ai des fourmis dans les jambes, malgré quelques courses illégales à Signal Hill. Oui, illégales, car toute circulation automobile et piétonnière est prohibée pendant l’état d’urgence, du moins avant le début de sa levée partielle.

Dès la levée complète, le 25 janvier à 6 h du matin, je reçois une invitation de Jacinthe Tremblay, ex-directrice générale du Gaboteur, seul média écrit francophone de Terre-Neuve-et-Labrador, et de Marie-Isabelle Rochon, une des deux employés de Radio-Canada sur le Rocher. « On vient te chercher, on s’en va faire de la raquette au Cape Spear! »

Le lieu historique national du Phare-de-Cap-Spear est le point le plus à l’Est de tout le continent nord-américain. Nous sommes au Canada, mais tout de même plus proche de Paris que de Vancouver.

 

Nous quittons St. John’s et son mètre de neige pour mettre le cap sur le Cap. Dès notre arrivée, à notre grande surprise, nous constatons que le port des raquettes est tout à fait inutile : il n’y que très peu de neige. Nous sommes à moins de 16 km de la capitale enneigée, mais ici, les éléments ont tout balayé. La tempête était accompagnée d’un blizzard dont les vents ont atteint des vitesses allant jusqu’à 160 km/h. L’équivalent d’un ouragan de catégorie 1.

Qu’à cela ne tienne, c’est chaussés de bottes que nous partons à la découverte des lieux. Et c’est stupéfiant. Un paysage de géants, l’Atlantique à perte de vue, des falaises vertigineuses. Des vagues puissantes qui viennent se fracasser sur les côtes environnantes. Un terrain de jeu idéal pour les randonneurs, en raquettes ou pas. Et le mariage des différentes teintes bleues de l’eau au blanc de la neige sur les falaises est sublime.

Le seul hic, c’est que nous aurions bien aimé y être en avril. Le décor change dramatiquement au début du printemps lorsque banquises et icebergs venus de l’Arctique, poussés par le courant du Labrador, font leur apparition. Les géants glacés sont bientôt rejoints par une variété de baleines : petit rorqual, baleine à bosse et rorqual commun. Tout ce beau monde est attiré par l’abondance de capelan, petit poisson dont les cétacés raffolent. Les oiseaux ne sont pas en reste : fous de Bassan et macareux viennent aussi en grand nombre. On dit que le spectacle est saisissant.

Faute de temps, je n’ai pas pu découvrir les autres beautés sauvages de Terre-Neuve. Ce n’est que partie remise : lors de ma prochaine visite, j’ai déjà inscrit sur ma bucket list le parc national du Gros-Morne. Situé sur la côte ouest de l’île, à un peu plus de 7 heures de voiture de la capitale, ce célèbre parc figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Fjords, montagnes, plages, tourbières et forêts s’étendent sur plus de 1805 km2. À moindre distance et d’une superficie plus modeste (400 km2), le parc national de Terre-Nova, avec ses dix sentiers de randonnée et ses balades à faire en kayak le long du littoral accidenté, me fait aussi de l’œil.

Terre-Neuve, tu vas me revoir la face sous peu.

Mais la prochaine fois, ne te sens pas obligé de m’accueillir avec un mètre de neige.

 

 


À savoir

À partir de St. John’s (South Side), on peut se rendre à Cape Spear en environ 3 heures de marche, via Le East Coast Trail. De là, on a le choix entre deux sentiers : le Chemin Blackhead et le Chemin Cape Spear. On peut évidemment s’y rendre en bagnole et ce, en moins de 20 minutes.

Inauguré en 1994, l'East Coast Trail est un réseau de sentiers pédestres de plus de 300 kilomètres. L’ensemble, aménagé, est composé de 26 sentiers en milieu sauvage qui croisent plus de 30 communautés. Il figure parmi les meilleures destinations d’aventure de National Geographic, en 2012, et il est toujours en développement.

eastcoasttrail.com

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