Ils sautent du haut du stade en «base jump»
Du 16 au 18 août se tiendra au Parc olympique la huitième présentation de Jackalope, le plus gros festival des sports d’action au Canada. Pour une quatrième année, l’épreuve-reine extrême de base jump fera aussi partie du spectacle. L’ancien athlète olympique Pierre-Alexandre Rousseau est un adepte de cette discipline.
« C’est le silence », résume l’ex-skieur acrobatique lorsque je lui demande d’expliquer l’attrait du base jump.
« Contrairement à un saut en avion où on progresse déjà à une certaine vitesse et où le bruit des moteurs et du vent est omniprésent, en haut d’une structure, que ce soit un édifice, une falaise ou un pont, on entend le silence, et on s’élance dans ce silence complet. Le temps semble s’arrêter. C’est extraordinaire! », précise celui qui s’adonne maintenant au base jumping.
L’art du base jumping
© Dan Mathieu
Cette sensation, ils sont nombreux à vouloir y goûter, mais peu sont en mesure de le faire.
« Ce n’est pas rare de nos jours qu’on se retrouve dans nos cours avec des personnes qui ont regardé des vidéos sur YouTube de base jumps, et qui ont envie de se lancer. Peu se doutent de l’importance de l’investissement nécessaire en temps ET en argent pour développer les aptitudes, ne serait-ce que pour songer à faire ce genre de saut », explique l’ex-spécialiste des bosses.
L’athlète a fait son premier saut du haut des airs, en parachute, à 18 ans. Aujourd’hui, à 39 ans, Rousseau en a réalisé des milliers et des milliers.
« Le premier saut de base jump, on le fait après un minimum de 200 sauts d’avion. Et j’ai eu la chance d’avoir un super mentor qui m’a aidé à cheminer dans ma progression », explique l’athlète de sport extrême.
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Un sport extrême risqué
© Dan Mathieu
« Le base jumping exige une complète maîtrise de soi et une grande capacité de concentration », résume Rousseau.
« Je suis convaincu que les sauts en parachute m’ont aidé dans ma carrière de skieur acrobatique, et vice-versa, ajoute-t-il. Lorsqu’on est en haut d’une piste de ski, dans une compétition importante, notre vie est en jeu, en quelque sorte, comme en base jumping. »
En base jumping, la vie de l’athlète est toutefois littéralement en jeu. Les erreurs ne pardonnent pas. On estime que la pratique de base jumping est plus de 10 fois plus risquée que le parachutisme (1 mort par 2317 sauts selon une étude norvégienne), et on y associe une trentaine de décès chaque année, dont des vétérans du sport.
Sauter d’un point fixe est en effet beaucoup plus dangereux pour l’athlète, puisqu’il doit composer avec des risques de collision avec l’élément de départ, qui sont plus ou moins importants, selon l’endroit et les conditions de saut. Ainsi, s’élancer d’une falaise ou d’un édifice est par exemple plus risqué que de sauter d’un pont.
« Et il y a évidemment un temps de chute raccourci — le sol arrive plus vite — ce qui fait en sorte que le temps de décision et le temps de réaction doivent être extrêmement rapides », explique Rousseau.
« Je pense toutefois que lorsqu’on prend les bonnes décisions, le risque est plus limité. Je trouve le base jumping moins dangereux que le cyclisme sur route sur un rang à côté de voitures qui roulent trop vite », poursuit-il.
À son meilleur
© Vincent Sauriol
Ce dernier a perdu des amis en base jump, comme à peu près n’importe qui à qui on parle dans le milieu.
« On ne peut pas éliminer le facteur de risque aléatoire, mais le reste, oui. Je pense que beaucoup d’athlètes qui gagnent en expérience commencent à baisser leur garde dans ce sport.
« Moi, il y a des matins, où je décide de ne pas sauter; je ne me sens pas à mon meilleur.
« Le base jump te demande d’être à ton meilleur, en parfaite maîtrise, et on ne peut pas se présenter autrement en haut d’une structure », pense Rousseau.
LA COMPÉTITION DE BASE JUMP À JACKALOPE
♦ Vendredi à dimanche au Parc olympique de Montréal
C’est du haut du stade olympique que se lanceront les dix athlètes invités à la compétition de base jumping de Jackalope. Ceux-ci ont été sélectionnés pour leur grande expérience et pour la précision de leurs sauts, qui sera d’ailleurs déterminante pour élire le grand gagnant.
« Il faut que ce soit des athlètes qui ne se laissent pas non plus impressionner par les éléments extérieurs, comme la présence d’une foule. Des athlètes capables de rester calmes et d’assurer une pratique sécuritaire en tout temps », dit Pierre-Alexandre Rousseau, gagnant de l'édition 2018, qui participera à l’épreuve encore cette année.
S’élevant à 165 mètres, la tour du stade olympique de Montréal serait une base de saut de niveau plutôt facile pour les athlètes expérimentés, d’autant plus que son inclinaison facilite la donne en éloignant un facteur de risque de collision.
« Mais en base jumping, on évalue toujours les conditions. Pour assurer la sécurité des athlètes, il faut considérer les conditions du vent, notamment sa vitesse et sa direction, et c’est certain qu’on n’hésitera pas à annuler un ou deux sauts si le contexte n’est pas adéquat » indique Pierre-Alexandre Rousseau.
Des épreuves de skateboard, d’escalade de bloc et de vélo fixed gear, ainsi que plusieurs prestations musicales, seront également présentées à Jackalope, encore une fois cette année.
Info : jackalope.tribu.co