3 questions à... Michel Fournier
À la fin du mois de mai, le parachutiste français Michel Fournier sautera d’une hauteur de 40 kilomètres d'altitude! Si tout se passe comme prévu au-dessus de North Battleford (en Saskatchewan), il deviendra le premier homme à franchir le mur du son sans moteur.
À la fin du mois de mai, le parachutiste français Michel Fournier sautera d’une hauteur de 40 kilomètres d'altitude! Si tout se passe comme prévu au-dessus de North Battleford (en Saskatchewan), il deviendra le premier homme à franchir le mur du son sans moteur.
Lors de cet exploit, l’ancien militaire de 63 ans battra quatre records du monde : record d’altitude de saut en chute libre, record d’altitude de vol humain sous un ballon, record du temps en chute libre et record de vitesse en chute libre. Équipé d'une combinaison presque spatiale, Michel Fournier grimpera dans une nacelle qui s'élèvera dans la stratosphère grâce à un immense ballon. Il s'élancera alors dans les airs à une altitude où jamais l'être humain ne s’est aventuré, hormis les astronautes.
D'où vient l’idée de ce projet?
Cela remonte à plus de 20 ans, alors que je faisais partie des parachutistes sélectionnés pour un programme de sauvetage. Après l'explosion en vol de la navette américaine Challenger, l'Agence spatiale européenne, qui préparait alors sa propre navette, a lancé cette idée. Il s'agissait de prouver que des astronautes en difficulté pouvaient sauter en parachute hors d'une navette. Pour des raisons budgétaires, le programme n'a jamais abouti. J'ai alors décidé de le reprendre à titre privé. Pour cela, j'ai vendu mes biens, maison comprise. J'ai réuni un financement de près de 18 millions de dollars, car chaque essai coûte plus de 650 000 dollars!
Faut-il être fou pour se lancer dans une telle aventure?
Ça n'a rien à voir avec la folie. Tout est très réfléchi, au contraire. C'est seulement un saut en parachute… qui se fait à une altitude bien plus haute que d'habitude. Avant que le programme ne soit annulé, j'étais parachutiste dans l'armée française. Un « para » comme on nous appelle. J'ai une expérience de plus de 8600 sauts. Pour nous, renoncer à une mission, ça ne se fait pas. C'est vrai que je ne lâche pas facilement le morceau. C'est mon projet et je le mènerai à son terme. C'est la mission que je me suis fixée. Quand j'étais militaire, j'ai réalisé des missions qui étaient souvent secrètes. Celle-ci sera la plus médiatisée.
Vous avez confiance dans votre matériel pour ce troisième essai?
Cette fois, ça ne sera pas un essai. Ce sera la réussite. Des experts de plusieurs pays m'ont aidé à mener ce projet au bout. Des médecins me suivent et je peux dire que je suis en pleine forme. Deux chercheurs ont même rédigé des thèses sur mon projet. Depuis le début du projet, je ne me suis jamais découragé, sauf quand le ballon s'est déchiré lors de la deuxième tentative, en 2003. Il a fallu tout arrêter. L'année précédente, le premier essai avait dû être annulé à cause du vent trop fort. Les défis scientifiques sont nombreux, notamment pour fabriquer du matériel assez résistant. On me demande souvent si mon âge (63 ans) n'est pas un handicap. L'astronaute américain John Glenn est bien allé dans l'espace à 77 ans, lui! J'ai donc encore le temps. (Il rit) C'est vrai qu'il n'est pas sorti de sa navette. Mais, ça, ce sera la cerise sur le gâteau.
Repères
Ballon : 1,4 t, 187 m de long, 116 m de diamètre, 600 000 m2.
Nacelle : 600 kl (1322 lb)
Dérive du ballon après le saut : 200 km.
Deux périodes possibles pour sauter : fin mai ou fin août, période durant laquelle les vents stratosphériques s'inversent, permettant une dérive moins grande.
Chute libre : 7 min et 25 sec.
Vitesse maximale durant le saut : 1500 km/h.
Encore plus
legrandsaut.org