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  • Crédit: Peter Booth and Alexandra Booth

Histoires vécues : Au péril de leur vie

Qu’il s’agisse d’aventures à hauts risques ou de simples randonnées qui ont mal tourné, les histoires que nous avons dénichées donnent froid dans le dos. Une simple erreur, ou un excès de confiance, et les conséquences peuvent être mortelles. Voici ce qu’il ne faut pas faire si vous tenez à vivre vieux!

En 2003, les médias relatent la triste nouvelle : « Les recherches pour retrouver l’alpiniste Yves Laforest ont été interrompues. Il était porté disparu à la suite du naufrage de son embarcation sur la rivière Incommapleux, en Colombie-Britannique, début août. » On sait comment commence l’aventure, mais personne ne peut prévoir la manière dont elle se terminera. Premier Québécois à gravir l’Everest en 1991, Yves Laforest restera dans nos mémoires grâce à ses multiples exploits. Mais au sujet de sa disparition et celle de deux de ses coéquipiers, le mystère demeure entier. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés. Martin Champagneur, un cinéaste qui les accompagnait, dit avoir vu les trois kayakistes sains et saufs juste après le chavirage de leur canot. Au bout de plusieurs semaines de recherche, tous ont dû se faire une raison. Aujourd’hui, sept ans après les faits, l’histoire tragique reste encore gravée dans les mémoires. Certains prétendent que la meilleure fin pour un aventurier, c’est d’y rester. Mais il est difficile de croire qu’ils parlent sérieusement. Le but de toute aventure, c’est d’en revenir sain et sauf pour témoigner de ce que l’on a vu et vécu… avant d’y retourner.

La Française Thérèse Bordais est pour sa part une randonneuse « miraculée » qui a suivi les principes de la survie à la lettre pour sortir indemne d’une mésaventure de 11 jours qui aurait pu être tragique. Le 26 juin 2009, alors qu’elle randonne dans les Pyrénées espagnoles avec son mari et des amis, la sexagénaire perd la trace du groupe et s’égare dans la forêt. Sans moyen de communication, sans nourriture (autre qu’un bout de sandwich) et sans feu. Lucide et débrouillarde, elle organise sa survie. Chaque matin de ce long calvaire, elle étendra ses vêtements sur le sol pour se faire repérer. Elle filtre l’eau du ruisseau à l’aide d’un mouchoir et se construit un abri de fortune fait de pierre et de branches. Elle sera repérée par un hélicoptère grâce à un foulard rouge attaché à son bâton de marche.

Les histoires de ce genre sont souvent celles qui nous amènent à penser « Ça ferait tellement un bon film! ». C’est pour tabler sur notre sentiment aventurier qu’Hollywood récupère ces scénarios réalistes. Sorti en salle en 2007, le film Into the Wild de Sean Penn retrace l’histoire de Christopher McCandless, un jeune Américain qui a troqué la civilisation pour un retour à la vie « sauvage » en Alaska. Idéaliste et indépendant à l’extrême, le « vrai » Christopher McCandless était parfaitement conscient des risques qu'il prenait en s’aventurant dans l’arrière-pays sans autres ressources qu’une carabine et quelques livres. Empoisonné par des graines toxiques ou simplement mort de faim (selon les différentes hypothèses), le jeune homme sera retrouvé mort en 1992 dans l’autobus qui lui a servi de refuge pendant les quatre mois de sa survie. Jugée par la population locale comme un « suicide », l’aventure du jeune homme s’est fatalement terminée par un manque d’équipement (il n’avait aucune carte de la région) et de préparation. Tous ceux qui se sont intéressés de près à cette histoire s’accordent sur le fait que le jeune homme avait le profil type de l’aventurier « fou », mais conscient de l’être.

Seul face au destin

Crédit: Jacques Vapillon, DPPID’une certaine manière, vis-à-vis les éléments les plus violents de la nature, les aventuriers confient leur vie au destin. Peu importe notre expérience, nous restons toujours à la merci de la nature. Gerry Roufs, grand navigateur québécois, a battu trois fois le record de la traversée de l’Atlantique. Membre de l’équipe olympique canadienne de voile, cet homme de mer est expérimenté. En 1996, il prend le départ du Vendée Globe, la fameuse course autour du monde en solitaire sans escale ni assistance, à bord du voilier « Groupe LG ». En très bonne position dès le départ, il émet un message inquiétant alors qu’il se trouve dans l’une des zones les plus reculées de l’océan Pacifique : « Les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes ». Le 7 janvier 1997, la balise Argos du bateau cesse d’émettre son signal et Roufs est porté disparu. Des moyens considérables sont mis en œuvre pour le retrouver. Philippe Jeantot, le directeur de la course, demande aux coureurs les plus proches de se dérouter ainsi qu’aux cargos des alentours de retrouver le navigateur canadien. Quelques jours plus tard, l’espoir renaît lorsqu’un avion chilien dit être entré en contact avec Roufs. Puis pendant des semaines, plus rien. On ne le reverra jamais. Sept mois plus tard, au sud du Chili, la couleur mauve d’une coque retournée permettra de retracer facilement le voilier Groupe LG. Le bateau ne présente étonnamment pas de grandes avaries. Les raisons du drame ne seront jamais clairement établies : on sait seulement qu’une tempête de la force d’un ouragan faisait rage lors de la disparition de Gerry Roufs et que la collision avec des icebergs dans cette zone est très fréquente. Trois autres skippers ont dû être secourus lors de cette triste édition de la course.

« Pour vivre, il faut risquer sa vie », dit le sociologue français Edgar Morin. L’aventure (peu importe son importance) est basée sur le dépassement de soi et l’inattendu. Certaines personnes sont plus conscientes du danger que d’autres. Mais si ces histoires doivent nous apprendre quelque chose, c’est bien l’importance de mesurer le danger encouru. Si vous estimez que vos chances de survie sont supérieures à celle d’y rester, alors foncez! Mais n’oubliez pas que de petits gestes anodins ou avoir le bon matériel sous la main pourraient vous rendre service au moment venu…

 

 

Bethany Hamilton
Remake des dents de la mer

Crédit: Bethany HamiltonNée dans une famille de surfeurs en 1990, sur l’île de Kauai (Hawaï), Bethany Hamilton a commencé le surf très jeune. Ses parents, Tom et Cheri, l’ont mis sur une planche à l’âge de trois ans. À sept ans, Bethany surfait sans l’aide de ses parents et à huit ans, elle entrait dans le circuit des compétitions en gagnant ses premiers prix. Alors que la jeune Américaine de 13 ans semblait destinée à un avenir brillant, une matinée anodine de surf va se transformer en cauchemar. Le 31 octobre 2003, sur sa planche dès l’aube (une heure déconseillée en raison de l’agitation des requins), Bethany se fait attaquer par un requin tigre de 14 pieds de long. Sévèrement blessée au bras, la jeune fille est restée immobilisée sur sa planche tandis que ses proches la ramenaient sur la plage pour lui prodiguer les premiers secours. Elle perdit 60 % de son sang et fut atteinte d’infections à ses plaies. À l’hôpital, le verdict fut rude, Bethany venait de perdre son bras gauche. L’histoire de la jeune fille a fait le tour de la planète. Un mois seulement après l’attaque, Bethany remontait sur sa planche pour recommencer le surf… avec son seul bras. En janvier 2004, elle reprend les compétitions et gagne la première place du championnat national de surf féminin en 2005. Depuis, elle accumule les victoires sur le circuit professionnel, un rêve d’enfant que son accident n’a jamais terni. En janvier 2009, à 19 ans, Bethany est devenue vice-championne du monde de surf, catégorie junior, à Sydney (Australie).

 



Maxime Jean
À un pas du drame

Crédit: Maxime Jean« Il y a des gestes que l’on fait par habitude, ils seront inutiles dans 99 % des cas… mais vous sauveront la vie la 100e fois. » En mai 2009, sur la route du Cho Oyu au Tibet, Maxime Jean et Pascal Daleau, deux alpinistes québécois aguerris, sont pris dans une tempête au niveau du Camp 2, sur la route du sommet. Après une nuit forcée passée à 7 100 mètres d’altitude, à grelotter sans sac de couchage puisque l’arrêt n’était pas prévu, Pascal décide de descendre au Camp 1 reprendre des forces. Maxime et son sherpa Rinji préfèrent attendre une accalmie pour pouvoir éventuellement atteindre le sommet. Mais les vents et la neige reprennent de plus belle. La température extérieure avoisine les -40 °. Ils choisissent finalement de redescendre en catastrophe pour éviter de rester bloqués plus longtemps. Une entreprise périlleuse dans un brouillard épais avec des pentes de chaque côté du chemin invisible. Heureusement, les fanions posés durant la montée par Maxime leur permettent de trouver la voie et les repères qu’il a l’habitude de prendre sur la montagne les guident jusqu’au camp de base. « Des réflexes salutaires sans lesquels la situation aurait pu virer au drame ». L’aventure n’a tout de même pas été sans conséquence pour Rinji, le sherpa, qui a eu trois doigts grièvement gelés. « La montagne n’a tout simplement pas voulu m’offrir son sommet, relativise Maxime. Si la situation a été très dangereuse, c’était à cause d’un revers de la météo, pas une erreur de notre part. »

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