S’équiper pour la route : quoi? comment? pourquoi?
Pour choisir le bon vélo de route sans perdre les pédales, suivez les conseils de nos spécialistes. Et roulez bien « encadré »!
Quels sont les critères à considérer dans la rude épreuve de sélection d’un vélo?
Yorik Caron, conseiller chez Cycles Performance, s’attarde dans un premier temps au profil sportif du cycliste. « Quel type de vélo a-t-il déjà eu? Combien de kilomètres compte-t-il effectuer à chaque sortie? Combien d’excursions va-t-il faire chaque semaine? » Voilà autant de facteurs à considérer dans un premier temps. « Ensuite, il est important de savoir si le cycliste a des pathologies : maux de dos, de cou, de genoux, ou encore vieilles blessures, etc. Tous ces éléments vont déterminer le choix du vélo », indique-t-il. Pour Alain Pelletier, gérant chez Cycles Gervais Rioux, il est essentiel de se poser quelques questions fondamentales. « Le client doit pouvoir se projeter comme cycliste : veut-il faire des sorties occasionnelles, s’entraîner ou faire des compétitions? » Il importe donc de bien cibler ses objectifs afin d’effectuer un choix rigoureux. Ainsi, un spécialiste pourra vous guider avec rigueur vers les modèles qui vous conviendront particulièrement.
Combien faut-il investir pour obtenir un vélo de route satisfaisant?
« Dans le domaine du vélo de route, il n’y a pas vraiment de bas de gamme. Les modèles d’entrée de gamme, qui se détaillent autour de 850 $, s’adressent à des cyclistes intermédiaires, qui ont un passé de cycliste, et pas vraiment aux débutants », observe André Saint-Germain, gérant chez Primeau Vélo. Pour acquérir un bolide satisfaisant, il faut compter au moins 1500 $, selon la dizaine de spécialistes consultés. « En dessous de ça, il faut faire beaucoup de compromis », note Régis Picoux, de Cycles Régis. Avec un vélo de 1000 $ et moins, le client fait vite le tour des possibilités que lui offre sa monture, selon lui. Manque de vitesse, tenue de route vacillante, composantes peu performantes, voilà autant d’arguments qui justifient qu’on y mette le prix, si on veut s’amuser et progresser sans finir sur la potence!
Quelle est la qualité première d’un vélo?
« Le cadre est l’âme du vélo. Conjugué à de bonnes roues, c’est ça qui va donner du confort, de la vélocité et de la performance. C’est plus important que les composantes, qui se changent », dénote Régis Picoux. « Sur le marché actuel, pour un même budget et le même type d’utilisation, il y a cinq ou six vélos qui vont bien répondre aux besoins du cycliste. Le plus important est donc le feeling et le positionnement du cycliste sur le vélo », soutient Yorik Caron. Michel Tremblay, de Bicycles Record à Québec, abonde dans le même sens : « Le vélo idéal possède un bon cadre qui est doté de la géométrie idéale en fonction du cycliste. » Et aux yeux de Marco Lebel, de Cycles Demers, « c’est un vélo qui allie confort et performance, ce que proposent surtout les vélos européens ».
Quels matériaux sont préférables?
En fonction du budget et du type de pratique déterminé, différentes possibilités s’offrent à vous. « Il n’y a pas un matériau qui est meilleur que l’autre », affirme Robert Van Den Eynde, de chez Marinoni. « Tout est une question d’utilisation », estime cet ex-coureur, membre de l’équipe canadienne de 1972 à 1976. « Aluminium, carbone, acier, titane, chaque matériau a ses avantages et inconvénients », convient-il. « Un cyclosportif sera comblé avec un cadre en acier de nouvelle génération; un coureur, avec du carbone ou du titane », conseille-t-il. Bien sûr, les prix évoluent en fonction des choix. Les modèles en aluminium s’échelonnent généralement de 800 $ à 1500 $; les combinés aluminium et carbone, entre 1200 $ et 2000 $; alors qu’il faut débourser 2000 $ et plus pour des cadres en carbone ou en acier de nouvelle génération.
Quel matériau se vend le plus actuellement? Lequel est le plus vanté par les spécialistes?
« Notre clientèle, essentiellement composée de baby-boomers, veut surtout de l’acier de nouvelle génération, plus léger et rigide qu’avant. Cadre pour cadre, on obtient une différence de 300 grammes comparé à l’aluminium », avance Robert Van Den Eynde.
« Le carbone est le matériau de l’heure », rappelle pour sa part Alain Pelletier. « Très résilient, il convient aux cyclistes qui font des sorties de 100 kilomètres et plus. L’aluminium est intéressant sur de courtes distances, et certains cadres offrent de très hauts niveaux de performance », expose-t-il. « Mais il résiste moins bien au temps. Après cinq ans, un cadre d’aluminium est fatigué, alors qu’un cadre en carbone ne vieillit pas », confirme Marco Lebel, de Cycles Demers, à Québec. Un avantage évoqué par tous les experts consultés… Bref, de quoi donner matière à réflexion…
Quoi de neuf dans les groupes?
Révolution dans le domaine des groupes : un nouveau joueur ose présenter une gamme à coté des deux géants Shimano et Campagnolo, ce qui ne s’était pas vu depuis plusieurs années. Réputé dans le vélo de montagne, Sram est arrivé en force dans le vélo de route l’an dernier en proposant des composantes haut de gamme. Par ailleurs, « Campagnolo a refait sa gamme au complet », note Robert Van Den Eynde. « On nous présente une nouvelle ligne complètement allégée, des freins en passant par les vitesses, et surtout, une nouvelle évolution du pédalier, plus compact, qui remplace le triple plateau conventionnel. Résultat : un roulement plus fluide, des changements de vitesse et un freinage plus doux, plus précis, plus rapides. »
Quelle famille de groupes choisir pour les composantes du vélo (freins, vitesses, etc.)?
« Ici, sur le plan des ventes, c’est 50/50 », confie Régis Picoux de Cycles Régis. Pour un vélo à 1000 $, on se limite à Shimano. Pour les vélos à la carte, à partir de 3000 $ ou 4000 $, c’est souvent du Campagnolo. » Les avantages du fabricant italien : « On peut remplacer toutes les pièces d’une composante. Alors que chez Shimano, il faut toujours changer la pièce au complet », analyse-t-il. Et, chez Campagnolo [NDLR : aussi connu sous le diminutif Campi], la durabilité des pièces est supérieure. » Chez Cycles Performances, Yorik Caron estime que les ventes sont en faveur de Shimano à 70 %, notamment parce qu’il vend beaucoup de vélos américains. « Campi est reconnu pour sa durabilité, c’est vrai, mais leurs pièces coûtent plus cher », rappelle-t-il. Dans le très haut de gamme, aux yeux de Michel Tremblay de Bicycles Record, les deux compagnies s’équivalent, côtés prix et performance. « Mais comme Shimano détient le monopole mondial, leurs pièces sont moins chères, faciles à trouver partout, et mécaniquement parlant, sont les plus simples à faire fonctionner. » Enfin, l’ergonomie des pièces de ces deux compagnies étant différente, il s’agit également d’un critère de choix à considérer. « Certains cyclistes ne peuvent tout simplement pas utiliser du Campi, trop habitués qu’ils sont avec Shimano et vice-versa », élucide Régis Picoux.
En matière de roues, que faut-il privilégier?
L’avantage est désormais du côté du consommateur. Finie, l’ère des roues montées en boutique! Moins coûteuses et plus performantes que jamais, les roues de type « concept », confectionnées par des fabricants chevronnés, font désormais les délices des cyclistes. « Avoir de bonnes roues peut grandement contribuer à améliorer un vélo, neuf ou usagé », révèle Régis Picoux. « Plus de fluidité, de légèreté, de souplesse, de fiabilité et d’aérodynamisme », voilà les avantages bien concrets que recèlent ces roues nouveau genre, très esthétiques et très solides, même si elles sont munies de peu de rayons. « De plus, les grandes compagnies qui fabriquent ces roues proposent désormais plusieurs modèles différents, à coûts moindres, alors le consommateur doit en profiter! », poursuit-il.
Le positionnement, pourquoi est-ce important?
« Avoir une bonne position est aussi important que de choisir un bon vélo », confirme Alain Pelletier. Pour ce faire, il importe de s’assurer que le cadre ainsi que tous les périphériques soient choisis en fonction de la taille et du poids du cycliste. « Un positionnement adéquat permet également d’éviter les blessures et l’usure du corps. D’un point de vue pratique, il contribue à améliorer la technique, les performances, et à optimiser le pédalage », signale Régis Picoux. Un bon conseiller ne vous laissera donc jamais acheter un vélo sans prendre vos mesures, ajuster votre vélo, et assurer un service de positionnement après-vente, question de partir en position de tête!
Pourquoi acheter des chaussures et des pédales à clip?
Certains cyclistes ont encore des craintes quant à leur utilisation. Mais avec un peu de pratique, vous ne resterez jamais coincé sur vos pédales, et profiterez de leurs très grandes qualités! « Essayez-les! Vous conjuguerez ainsi confort et performance », assure André Saint-Germain. Michel Tremblay en rajoute : « Avec elles, vous aurez toujours un coup de pédale fluide et en puissance, en poussant et en tirant. » Grâce à leur semelle rigide et un positionnement idéal sur la pédale, le transfert du poids est des plus efficaces. Elles sont désormais très sécuritaires et leur tension s’ajuste afin de « décliper » automatiquement en cas d’accident.
Que doit-on considérer dans l’achat d’un vélo destiné à un usage urbain?
« Il faut s’assurer qu’il puisse recevoir des garde-boue et des porte-bagages », recommande Luc Tremblay, mécano chez Garantie Bicycle. « Misez plus sur un vélo fonctionnel que performant, qui aura un look sobre et qui n’attirera pas les voleurs », renchérit Alain Pelletier. « Pour un confort accru, pensez à choisir un vélo qui vous offrira une position plus droite, donc moins stressante pour le dos. Vous aurez alors une meilleure visibilité, ce qui n’est pas négligeable en ville.
Maintenant que vous êtes bien outillés pour choisir le vélo de vos rêves, consultez notre article Vélo de route : conseils de pro pour bien commencer la saison! Et si vous avez besoin de davantage de conseils, consultez l'article Choisir son vélo de route!