Couteaux de plein air : Pour un choix aiguisé [2024]
En poche ou dans le sac à dos, accroché au baudrier ou à la veste de flottaison, l’indispensable outil de l’adepte des grands espaces est le couteau. Instrument polyvalent qui peut éventuellement sauver la peau de son utilisateur, le « schlass » a bien évolué depuis le traditionnel couteau suisse. Petit guide d’achat pour trancher la question.
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Lame fixe, pliable ou compacte, outil multifonctions avec ou sans pinces, canif avec clé USB... l’offre de couteaux abonde, et toute une fourchette de prix s’y accole. Certes, l’utilisation qu’on fera de sa lame prédomine, mais il importe aussi de choisir entre confort et performance. Parce que le pleinairiste exigeant ne désire qu’un seul allié au bout de sa main : celui qui fera efficacement face à toute situation, quelle que soit l’aventure dans laquelle il est trimballé.
D’acier ou d’inox
La gamme des couteaux offerte, très vaste, se départage d’emblée par le matériau utilisé pour la lame, lequel confère avantages et inconvénients. Entre l’acier (généralement mêlé au carbone) et l’inox (stainless steel), d’importantes différences sont observables. « L’acier au carbone, fréquemment utilisé, est plus robuste et durable et gardera un meilleur tranchant avec le temps », confie Carl Gagné, coutelier traditionnel qui produit de façon artisanale une trentaine de lames par semaine. « Cependant, il grisonnera assurément, rouillera en absence d’entretien et peut se tacher. L’inox est résistant à la corrosion et tolère un entretien négligé, mais demeure un alliage poreux et mou; il conserve moins bien l’effilage et use plus rapidement ».
Ce forgeron de quatrième génération, basé au lac Saint-Jean, prévient contre la dégradation de l’arête d’inox : « Une lame, c’est un outil qui doit performer au summum lorsqu’on s’en sert. Si on veut l’utiliser et que ça ne coupe plus, les conséquences sont importantes », rappelle celui qui forge exclusivement selon la technique japonaise tamahagane, de laquelle est issu l’acier destiné à fabriquer les sabres des samouraïs. « Si je devais choisir une lame de laquelle ma vie dépendrait, elle serait en acier », conclut le métallurgiste.
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Lequel choisir?
Cuisine en plein air © AdobeStock
Tous les intervenants sont unanimes : un couteau doit être sélectionné en fonction de l’utilisation qu’on en fera. Un choix plus facile à préfigurer qu’à faire : « Généralement, le poids est une caractéristique très importante pour l’utilisateur en plein air; la durabilité vient ensuite, suivie de près par le confort en main », explique Carl Gagné. Une observation partagée par Pascal Briand, conseiller à la succursale montréalaise MEC du Marché Central : « Les amateurs ne veulent emporter qu’un seul couteau : un outil comprenant une lame (et de préférence une section dentelée) est souvent indispensable, peu importe l’utilisation qu’on en fera ».
À savoir ce qui convient le mieux entre la lame fixe (non rétractable), le couteau de poche (repliable, à cran d’arrêt) et l’outil multifonctions, leurs caractéristiques équivalent généralement à leur utilisation. La lame droite est toute destinée au bâtonnage ou aux tâches liées à la (sur)vie ainsi qu’à l’art des bois (bushcraft), et s’avère plus rigide et idéale pour la cuisine au campement. Facile à nettoyer, elle nécessite cependant un étui de transport, en plus d’être plus lourde.
Le canif (dont la lame se replie dans le manche, protégeant ainsi l’affûtage) domine assurément en poids et facilité de transport, mais n’est pas aussi ergonomique ni stable qu’une lame droite. Plus fragile qu’un couteau à lame fixe, le canif convient davantage aux tâches quotidiennes, à la randonnée ou au camping. Considérez aussi le mécanisme d’ouverture (à une main, assisté ou non), en le choisissant.
Quant au populaire outil multifonctions, il regorge de possibilités mais devient, ce faisant, lourd et encombrant. « Il est destiné aux réparations; ainsi, c’est généralement pour la pince qu’on se le procure. Cependant, il est déconseillé aux cyclistes, car il ne comprend pas nécessairement les outils propres au vélo », rappelle Pascal Briand. Bien que pratique, un outil multifonctions convient davantage aux aventures où de l’équipement et sa quincaillerie pourraient se briser ou nécessiter de l’entretien : du gouvernail du kayak de mer en passant par la fixation de splitboard.
Entre matériaux, budget, usages planifiés et types de lames, le choix n’est pas à couper au couteau. En revanche, la multitude de comparses coupants disponibles permet de précisément choisir l’allié qui convient le mieux à ses activités. Car cette pièce d’équipement risque fort d’être celle qui fera toute la différence en temps voulu, en plus d’être la plus utilisée de l’arsenal de plein air.
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Les essentiels d’un couteau
Couteau en plein air © AdobeStock
Le manche – Il est en matières synthétiques (plastique, caoutchouc) ou en bois. Le premier type assure une bonne poigne mais peut casser, sans réparation possible; le second est plus esthétique mais conserve l’humidité et se tache. L’ergonomie et la préhension sont primordiales : le confort en main doit dominer. Il existe des couteaux ambidextres, droitiers ou gauchers.
La lame – En acier à forte teneur en carbone ou en inox, lisse ou rainurée (pour éviter la succion de la lame), dentelée ou non, elle prend différentes formes selon l’utilisation (tranchant droit, pointe tombante, wharncliffe...) Ces formes se justifient par l’usage : perçage, bâtonnage, force en appui… La pointe tombante, la plus polyvalente, est la plus fréquente.
La taille – La longueur du couteau ira de pair avec l’utilisation voulue : le long convient mieux aux tâches inhérentes à la préparation d’un feu; le court est plus utile en cuisine et pour les réparations. L’épaisseur de la lame est aussi à considérer et impacte la rigidité et le poids.
Nos choix, testés sur le terrain
Couteau #8 Outdoor de Opinel, acier inoxydable, 62 g
Rares sont les couteaux qui font l’unanimité : l’ergonomie et le format de l’Opinel #8 rétractable font consensus. La légendaire entreprise française ajoute à la version plein air un sifflet et un démanilleur (pour adeptes de voile), avec manche en composite.
Utilisations : randonnée, camping, nautisme
Couteau Harding de Helle, acier inoxydable à laminage triple, 214 g
Ce coutelier scandinave utilise encore des méthodes artisanales; en résulte un fini unique pour chaque pièce. Ce couteau à lame fixe est extrêmement bien équilibré, et son manche en bois coiffé d’un pommeau ajoute à son ergonomie. Son prix se justifie par sa qualité. Étui en cuir fourni.
Utilisations : longue randonnée, camping, art des bois (bushcraft)
Couteau Explorer de Victorinox, acier inoxydable, 119 g
Un classique demeure un classique. Hybride léger et maniable très réussi entre le couteau et l’outil multifonctions, l’Explorer tombe pile entre l’essentiel (ciseaux, tournevis) et le flafla peu utile (mais on aime la loupe). L’utilité dans votre poche, en ville ou en nature, tire-bouchon inclus.
Couteau Bushcraft de Morakniv, acier au carbone, 299 g
Inspiré du robuste modèle Companion (mon meilleur couteau rapport qualité/prix), le Bushcraft intègre un allume-feu et une pierre à aiguiser au diamant. Son manche de caoutchouc assure une préhension rassurante, sa lame au carbone, une durabilité à l’épreuve d’une vie. Un kit blindé, toutefois lourd.
Utilisations : randonnée, camping, art des bois (bushcraft)
Outil multifonctions Free P2 de Leatherman, aluminium et acier inoxydable, 215 g
La nouvelle génération du réputé équipementier Leatherman, calquée sur le modèle Wave (l’un de mes indispensables) mise sur une ouverture/fermeture magnétique à une main, même avec des gants. Il combine 18 outils, 2 lames et une scie. Très utile en plein air, irremplaçable pour toute tâche quotidienne, pour visser une poignée ou réparer une prise électrique.
Utilisations : vie quotidienne, kayak de mer, expéditions, voyages, ski hors-piste
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Merci à MEC Marché Central pour nous avoir fourni les couteaux testés aux fins de cet article.