France : multiactivités de la Côte d’Argent à la Côte basque
Entre Arcachon et la frontière espagnole, le littoral atlantique français regorge d’activités de plein air de toutes sortes. En voici quatre, réparties en autant de sites et (presque) toutes testées et approuvées, parfois en solo, souvent en famille.
Sur la sellette à la dune du Pilat
© Gary Lawrence
Il est 22 h et les parapentistes se suivent et se poursuivent en quête des dernières lueurs crépusculaires en ce soir de juin, sur la dune du Pilat. Immense amas de sable de près de 3 km de long sur 600 m de large, la plus grande et plus haute dune d’Europe (110 m) s’étire le long de la façade atlantique française, entre la dense forêt de pins maritimes des Landes et l’océan, où le soleil vient de tirer sa révérence sous l’horizon empourpré.
Tandis que des dizaines de gentils flemmards lézardent en sirotant un verre de rosé, bien affalés sur les sables refroidis, les adeptes de parapente courent et s’élancent dans le vide, le popotin enfoncé dans leur sellette, portés par les vents chauds et évitant les dégueulantes – ces courants d’air froid descendants. Puis, ils glissent sur les brises, tourbillonnent au-dessus des langues de sable du banc d’Arguin, piquent vaguement vers les passes d’Arcachon avant de tôt ou tard se poser sur la plage. Tous les jours de la belle saison, il en va ainsi du matin au soir, dans la partie sud de la dune : ce site d’une grandiose beauté est tout indiqué pour la pratique de cette planante activité.
La dune du Pilat © Gary Lawrence
Ce n’est pas seulement la splendeur des lieux qui explique sa popularité : les vents dominants nés de la mer lèchent la pente de la dune jusqu’au sommet, ce qui facilite le gonflement de la voile des parapentistes. L’inclinaison naturelle de la dune et la douceur de son relief, sur le versant océanique, en font également une excellente piste de décollage pour mettre le cap vers le large.
De nombreuses écoles gravitent d’ailleurs autour et offrent divers types d’initiations : baptême de l’air en tandem avec un moniteur, vol ascensionnel (et sensationnel) ponctué de ballets aériens ludiques, empreints ou non d’adrénaline, ou encore cours et stages plus étoffés permettant éventuellement de pratiquer des vols en solo. Ajoutons à cela les adeptes qui maîtrisent seuls la pratique du vol libre, et il n’est pas rare que le pourtour du sud de la dune du Pilat papillonne de parapentes.
Pratico-pratique
Camping Le Panorama © Gary Lawrence
– La portion sud de la dune est accessible par piste cyclable depuis Arcachon, ou par voiture à environ 1 h 30 de Bordeaux. Un service d’autobus et un autre de navette maritime sont également offerts l’été, au départ d’Arcachon.
– Sur place, le camping Le Panorama porte fichtrement bien son nom : juché aux confins de la dune, il y est directement connecté. Excellente restauration sur place. camping-panorama.
– Info : ladunedupilat.com
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À vélo de Mimizan au lac d’Aureilhan
© Gary Lawrence
En 1905, un journaliste de passage à Mimizan resta tout ébaubi d’admiration devant « l’écume scintillante comme un métal précieux » qui recouvrait les eaux, tandis que les rayons de soleil s’y brisaient en mille éclats; il eut alors une sorte de révélation : ainsi baptisa-t-il le littoral landais « Côte d’Argent ». Aujourd’hui, Mimizan est devenue une escale balnéaire en or pour les familles. Mais pour ceux qui ne veulent pas se transformer en carpette à bronzette ou hériter de plaies de lit à force de rester couchés sur une serviette, il y a mieux à faire dans les environs. Du vélo, par exemple.
Outre le fatbike et le vélo électrique, qu’on peut pratiquer sur la plage à marée basse, une cinquantaine de kilomètres de pistes cyclables s’articulent autour de Mimizan, dont celle qui mène au bucolique lac d’Aureilhan. En moins d’une heure, la piste traverse une ravissante forêt de pins altiers et odoriférants, doux tapis de longues épines et bruits de cigales en prime, le tout avec peu de dénivelé – juste assez pour ne pas éreinter ces ados tonitruants ou ces microcyclistes ronchonneurs qui auraient pu pester contre leurs parents.
Une fois arrivé au lac, quiconque n’aurait pas apprécié passer trop de temps en selle verrait sitôt ses humeurs apaisées par les effluves de la promenade Fleurie et ses 300 espèces de nénuphars, d’arbustes et de fleurs. Depuis les 800 mètres de ce tronçon bourré de pétales, on aperçoit le château Woolsack, érigé par le duc de Westminster et où ont séjourné Dali et Charlie Chaplin, entre autres illustres personnages.
La Promenade fleurie © Gary Lawrence
Hormis cette auguste demeure, le cadre naturel laisse presque croire qu’on se trouve aux abords d’un quelconque lac – et non pas d’un lac quelconque – du Québec, surtout en apercevant ces ados de la colonie de vacances locale, en train d’empoigner leur pagaie et de monter à bord de leur canoë. Le lac (aussi appelé « étang ») est cependant davantage connu pour sa pratique de la planche à pagaie ainsi que pour celle de la pirogue hawaïenne (ou va’a), une embarcation munie d’un balancier pour en assurer la stabilité. À cet égard, rien à craindre : le plan d’eau d’Aureilhan est généralement d’un calme plat, ce qui le rend particulièrement propice aux initiations de toutes sortes en famille.
Pratico-pratique
– Location de vélos à Mimizan avec CycloLand : cycloland40.fr
– Location de kayaks, planches à pagaie et pirogues hawaïennes au lac d’Aureilhan avec All Water : allwater.fr
– Info : mimizan-tourisme.com
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Surfin’ Biarritz
Attention, passage pour surfeurs © Gary Lawrence
Capitale autoproclamée du surf en Europe (un titre que lui dispute sa voisine Hossegor, dans les Landes), Biarritz dispose de longs liserés sablonneux en pente douce, léchés quasi constamment par de fort beaux rouleaux. C’est donc un endroit de prédilection pour chevaucher les vagues sur une planche, avec ou sans pagaie, sur fond de villas historico-aristocratiques qui font encore le renom de cette station balnéaire basque, jadis courue par toutes les têtes couronnées d’Europe.
Du milieu du XIXe siècle jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, de richissimes et célèbres estivants venaient en effet s’y faire construire d’exubérantes et excentriques villas, qui jalonnent toujours le littoral et qui lui donnent toute une dégaine quand on surfe en sa direction. Mais pour ce qui est de l’apprentissage de ce sport, ce n’est peut-être pas le meilleur endroit qui soit.
Dès avril, les apprentis surfeurs affluent, à l’une des 18 écoles de la ville, dont celles de la plage de la Côte des Basques. Mais à compter de juin, alors que la haute saison s’entame, les entraîneurs tentent tant bien que mal de trouver un couloir de mer où enseigner les bases à leurs groupes de 6 à 10 personnes : trop de monde, pas assez d’espace de dégagement, du moins sur cette plage.
Déjà, réussir à monter debout sur une planche nécessite une bonne maîtrise de la technique. Mais à Biarritz, il faut aussi s’assurer qu’un néophyte ne se trouve pas dans sa trajectoire (ou qu’un autre n’est pas en train de fondre sur soi) avant de se lever sur son surf. Bref, mieux vaut d’abord s’initier au sport et peaufiner son style en des stations plus calmes et surtout moins fréquentées.
Cela dit, une fois le b.a.-ba maîtrisé, les plages de Biarritz forment un cadre unique (et immense) pour s’insinuer au creux des rouleaux. Sur la Grande Plage, les vagues tubulaires attirent les fanas de powersurfing – où les surfeurs se donnent à fond dans des successions de solides manœuvres. Pour sa part, la plage du Miramar s’adresse aux experts – vu son périlleux fond rocheux –, tout comme celle de Marbella, exposée aux houles et aux forts courants, alors que la Milady est reconnue pour son cadre enchanteur.
Mais c’est encore et toujours la plage de la Côte des Basques qui demeure la plus emblématique, car c’est ici que le surf européen a fait ses débuts dans les années 50, quand les tontons surfeurs – une bande de trois pionniers bouffeurs de houle – ont fondé le premier club de surf d’Europe, le Waikiki Surf Club. Bref, plus que nulle part ailleurs en Europe, fréquenter Biarritz, c’est surfer sur l’histoire…
Pratico-pratique
– Une bonne adresse pour séjourner en ville : Best Western Kemaris : kemaris.fr
– Info : tourisme.biarritz.fr et surf.tourisme64.com
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Saint-Jean-de-Luz à la planche
La baie de Saint-Jean-de-Luz © Marie-Laure Parrent
Ancienne cité corsaire et lumineuse station balnéaire du sud du Pays basque, l’élégante Saint-Jean-de-Luz (alias Donibane Lohizune, son nom basque) affiche un profil beaucoup plus bas que celui de Biarritz, tout en n’étant aucunement mondaine. Sa plage principale, la Grande Plage, en forme de croissant, est dominée par les jolies demeures des armateurs qui envoyaient jadis leurs capitaines chasser les baleines jusqu’autour de Terre-Neuve et au-delà.
Sa plage secondaire, celle de Socoa, est séparée des fortes vagues par une longue digue qui s’étire dans le prolongement d’une ancienne forteresse. Celle-ci protège des déferlantes une bonne partie de la baie de Saint-Jean, qui devient du coup assez calme pour se prêter à la pratique de la planche à pagaie, séances d’initiation comprises. Puis, à mesure que l’on progresse et qu’on se sent en confiance, on est à même de contourner la digue pour aller s’offrir un peu de tangage atlantique : la mer ouverte est là, à quelques coups de pagaie.
La côte basque entre Saint-Jean-de-Luz et Hendaye © Gary Lawrence
Elle est d’ailleurs réputée chez les surfeurs de haut niveau pour Belharra, une vague mythique qui peut atteindre 15 mètres et qui ne se réveille que sporadiquement, lorsque l’alignement des astres météorologiques se présente, souvent l’hiver. Pour chevaucher cette vague, l’une des plus grosses du monde, les surfeurs doivent se faire remorquer en motomarine à un kilomètre de la digue de Socoa et… s’armer d’une bonne dose de courage et de patience.
Certains surfeurs pourchassent même Belharra les jours suivants, si d’aventure elle met le cap plus au sud – parfois jusqu’à Nazaré, au Portugal, un autre spot où les vagues se donnent des allures de montagnes fluides. Car comme le rappelle Joël de Rosnay, l’un des trois tontons surfeurs de Biarritz : « La vague ne meurt jamais, et le surf est un éternel recommencement. »
Pratico-Pratique
– À voir en ville, entre deux séances de glisse maritime : la maison Louis XIV, où le Roi-Soleil s’est marié en 1660
– Info : saint-jean-de-luz.com
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Une Vélodyssée de 1250 km
La Vélodyssée dans la région d'Arcachon. Photo tirée du compte Instagram @lavelodyssee © @happy_sophi
Entre Nordkapp, en Norvège, et Sagres, au Portugal, l’EuroVélo 1 forme un itinéraire cyclable qui traverse aussi la France, du nord au sud, essentiellement le long du littoral. Dans sa portion française, cette véloroute prend le nom de Vélodyssée et elle s’étire sur 1250 km entre Roscoff, en Bretagne, et Hendaye, au Pays basque. Le parcours intègre pistes cyclables (les voies vertes), routes secondaires et bandes cyclables, et il est formé à plus de 70 % de sites propres (sans circulation automobile). La Vélodyssée se déroule essentiellement sur parcours plat, couvre les 10 départements atlantiques français et compte 14 tronçons ainsi que 57 étapes.
À savoir
Durant la belle saison, Air Transat et Air Canada relient Montréal à Bordeaux plusieurs fois par semaine, en vols directs et sans escale, au départ de Montréal.
Quelques bons guides pour investir la région : Bordeaux, Gironde et Landes : sites, itinéraires, culture, Lonely Planet, 2017; Bordelais, Landes : bassin d’Arcachon, Géoguide, Gallimard, 2017; Pays basque et Béarn, Guide du Routard, 2019-2020; et le splendide Pays basque, Encyclopédies du voyage, Gallimard, 2017.
Info : nouvelle-aquitaine-tourisme.com
L’auteur était l’invité du Comité régional du tourisme de Nouvelle-Aquitaine.