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  • Randonnée dans les Quiraing de l'Île de Skye © Shutterstock

Munro bagging : l’art de collectionner les sommets d’Écosse

Marcher avec comme objectif de gravir une série de sommets écossais : voilà ce que des milliers de Munro baggers ont réalisé, au fil des décennies. Notre collaboratrice a emboîté le pas à certains d’entre eux pour comprendre le phénomène.

Le Munro bagging était une pratique plutôt marginale jusqu’à sa popularisation, en 1974, à la suite de la publication du célèbre livre Hamish’s Mountain Walk, par Hamish Brown. Le défi : gravir les 282 montagnes les plus hautes d’Écosse, soit celles de 3000 pieds et plus (914 mètres), telles que classifiées par un certain sir Hugh Munro en 1891.

Une fois les 282 ascensions réalisées, on obtient le titre de Munroist; plus de 6500 grimpeurs peuvent présentement s’en targuer, la plupart provenant majoritairement du Royaume-Uni.

Des randonneurs en quête de défi pousseront l’exploit un peu plus loin en grimpant les 227 Munro tops, autres sommets secondaires de 3000 pieds et plus, qui furent ajoutés à la classification initiale et qui exigent souvent des techniques d’alpinisme plus développées.

Il faut dire que les randonneurs de ce coin du monde semblent fervents des palmarès de grimpe, phénomène mondial aussi appelé peak bagging (collectionner les sommets). Avec les États-Unis, le Royaume-Uni figure parmi les lieux du globe où on trouve le plus de randonneurs de cette trempe.

En Écosse, la pratique du Munro bagging est cependant considérée comme l’un des sports nationaux les plus populaires au pays. Il faut dire que les Munros offrent des paysages spectaculaires tout en étant accessibles à toute personne raisonnablement en forme; aller cueillir leur sommet devient donc un défi à la fois réaliste et exaltant pour les randonneurs. Il est même courant pour un Munro bagger de gravir plusieurs sommets en une même journée.

Certains avancent que le peak bagging aurait d’ailleurs vu le jour grâce à la création de la liste de sir Munro, les Munro tables, l’une des premières listes d’ascension de l’histoire. Le phénomène s’est par la suite répandu un peu partout dans le monde, entraînant notamment la création de la liste des Sept sommets (les plus hauts sommets du globe) ou de la liste des 4000 des Alpes (les 82 sommets alpins de 4000 mètres et plus).

Au Québec, on trouve aussi la liste des 27 plus hauts sommets des parcs nationaux et celle répertoriant les 270 montagnes de plus de 1000 mètres. Il reste que cette pratique est peu courante dans la Belle Province comparativement aux longues randonnées.


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À chacun ses raisons

En amorçant moi-même l’ascension de quelques Munros, une question me hantait : pourquoi s’engager dans un tel projet sur des mois, voire des années? En discutant avec des Munro baggers, j’ai compris à quel point les motivations étaient multiples et personnelles. Plusieurs le font pour le défi sportif, souhaitant battre les records de rapidité établis; d’autres grimpent avec une symbolique collée au cœur; d’autres encore le font comme loisir ou pour amasser des fonds.

Tous, cependant, parlent de leur expérience avec passion, chaque Munro bagger portant en lui une histoire de transmission de savoir menant à son couronnement. Et ce qui est toujours fascinant, c’est de côtoyer les communautés rattachées à ce phénomène, puisque la plupart des listes de montagnes sont associées à un collectif de randonneurs partageant leurs expériences, leurs cartes, leurs trajectoires et même de nouveaux sommets inexplorés. Comme une galerie où des collectionneurs exposeraient leurs trouvailles.


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L’expérience des autres : indispensable

Gravir les Munros incite naturellement à la rencontre, puisque réaliser cet exploit seul est peu recommandable. Bien que plusieurs Munros soient accessibles aux débutants, certains d’entre eux comportent des défis techniques qui requièrent des préparatifs, des équipements particuliers, et surtout une connaissance des lieux et du climat local.

Plusieurs montagnes se situent d’ailleurs dans les coins les plus reculés d’Écosse, et les sentiers sont rarement balisés. Si on est un brin puriste, il faut parfois effectuer du scrambling (lâcher les bâtons de marche pour s’agripper aux roches) et sortir son harnais d’escalade pour atteindre le point culminant officiellement reconnu. C’est là que l’expérience humaine prend toute son importance.

Le climat écossais apporte lui aussi son lot de défis. Je me souviens de cette journée d’été où le Loch Lomond était baigné de lumière à notre départ, puis de la rage du vent et de la pluie qui nous a fouettés à peine quelques kilomètres plus loin. Sans parler de la neige qui nous a surpris au sommet du Ben More, sur l’île de Mull, ce qui a rendu notre descente plutôt hasardeuse.

Il y a tant de façons de gravir les Munros, selon la nature de nos élans et les extravagances qui nous habitent. Des marcheurs comme Hamish Brown ont réalisé la série en continu; d’autres, comme le guide d’aventure Steven Fallon, ont effectué 15 tournées; en 2010, le coureur Stephen Pyke a quant à lui enfilé les 282 sommets en à peine 39 jours, 9 heures et 6 minutes — un record.

Pour ma part, ma principale motivation d’aspirante Munroist fut de vouloir entrer en communion avec une nature dénuée d’artifices et de symboles humains, et d’être guidée par le partage du savoir de ceux qui connaissaient les itinéraires que j’empruntais. À ce jour, je n’ai qu’une vingtaine de Munros à mon actif, mais déjà une foule d’anecdotes et de rencontres dans le musée de mes souvenirs.

Quel privilège d’arpenter les bruyères lointaines avec délicatesse, pour préserver leur innocence, et faire en sorte que ma trace n’y soit pas visible, ou à peine! Quelle puissance l’instant a engendrée, à chacun des cairns de pierre touchés sur ces sommets brumeux, en faisant mentalement un crochet sur la liste de mes rêves!

Le Munro bagging, c’est trouver sa voie, son rythme et sa vision intérieure pour guider une quête qui, vraisemblablement, est propre à chacun.

Pour en savoir plus, rendez-vous à visitscotland.com.

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