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  • Crédit: Tim Cope

3 questions à… Tim Cope : sur les traces de Gengis Khan

À 29 ans, cet explorateur australien a accompli un incroyable périple de 10 000 km à cheval, de la Mongolie à la Hongrie, sur les pas des premiers Mongols. Quand histoire et aventure se rencontrent…

Quel était votre état d’esprit en commençant ce voyage?

Il y a huit ans, je traversais le désert de Ghobi en vélo couché avec mon ami Chris. Nous avons passé 14 mois dans ce territoire immense, côtoyant des nomades pour qui le voyage et la vie n’ont toujours fait qu’un. Je suis rentré avec l’idée de rallier la Mongolie à la Hongrie à cheval, en homme libre. En juin 2004, je commençais mon périple avec une vision très romantique de ce voyage… mais, au bout de cinq jours, le vol de mes chevaux m’a ramené à la réalité de la vie de nomade. En Mongolie, un proverbe dit que si vous ne réglez pas vos problèmes avant le crépuscule, vous ne les réglerez jamais. J’ai alors rencontré un autre vendeur de chevaux avec lequel j’ai discuté longuement. Il m’a dit : « Ici, un homme sans ami est aussi petit qu’un doigt, mais un homme qui a des amis est aussi large que la steppe ». Ce qu’il m’a appris aussi, c’est que pour comprendre le loup, il faut mettre sa peau et regarder avec ses yeux. Pour approcher et comprendre le sens de la vie des nomades, je devais abandonner mes mœurs et ma façon de penser occidentales. Au fil des mois, j’ai compris le sens de cette leçon. Peu importe les impératifs, ici, tout se mesure en saisons. Il faut savoir attendre, mais aussi agir en fonction des températures extrêmes, du manque de nourriture… Et ce voyage qui devait durer 18 mois a fait de moi un nomade pendant plus de trois ans.

Qu’avez-vous appris des Mongols?

Un autre proverbe des steppes dit que les montagnes ne se rencontrent pas, mais les gens oui. J’ai vécu au rythme de mes rencontres et découvert une culture où l’hospitalité fait loi. Dans chaque yourte, il y avait 15 à 20 matelas pour accueillir les gens de passage. Peu importe qui j’étais ou ce que je possédais, en échange de leur générosité, ils ne voulaient que la richesse de nos souvenirs. Moi qui étais végétarien, j’ai appris à remplir mes poches de viande séchée, j’ai partagé leurs repas à base de tête de cheval ou de chameau. Contrairement à l’image véhiculée par les Russes, les nomades ne vivent pas dans la saleté et le désordre. L’hygiène est très importante pour eux. Les yourtes sont propres et décorées de broderies multicolores. Trois à quatre fois par an, ils partent avec femmes, enfants et maison chercher une herbe plus verte pour nourrir leurs moutons. Suivre les saisons en défiant tout à tour le froid extrême et la canicule, c’est la seule façon d’assurer leur survie. Je me souviens que la première chose qu’ils me demandaient quand j’arrivais, c’était si j’avais des parents. La réponse peut sembler évidente, mais c’était une manière de parler de ce qui a vraiment de la valeur. Toutes ces soirées passées avec eux m’ont fait réaliser à quel point la famille est essentielle et précieuse.

Crédit: Tim CopeQuels ont été les moments les plus marquants de ce périple?

Il y en a eu beaucoup. Après avoir vécu et appris avec les nomades, j’ai réalisé qu’autour des campements, les moutons tondaient l’herbe pendant que mes chevaux mourraient de faim. J’ai dû repartir : pour assurer leur survie, j’ai mis en danger la mienne en voyageant en solitaire en Mongolie. Le pire, c’était d’entendre en pleine nuit les hurlements interrompus des loups. Ma plus grande peur était que mes chevaux cèdent à la panique et s’enfuient. Alors, je luttais parfois jusqu’à l’aube pour entretenir le feu qui maintenait les loups à distance. Au Kazakhstan, mes chevaux et moi avons dû faire face à des chutes de température vertigineuses en traversant la « Steppe de la Faim ». J'ai mis 14 mois à traverser cette immensité et c’est ce bout du parcours qui a fait de moi un véritable nomade. L’osmose avec la nature était totale. Je ressentais chaque minute la chaleur du soleil, la force du vent, la majesté des étoiles et tout ça me rendait terriblement vivant. C’est aussi dans ce pays qu’un homme m’a offert Tigon, un chien qui a été mon compagnon durant toute la traversée et que je tente aujourd’hui de faire venir en Australie. Puis, il y a la découverte des rivages de la Mer Noire dans laquelle j’ai plongé avec mes chevaux, après avoir passé deux ans à travers des étendues arides ou glacées. Mais, plus que tout, c’est la chaleur et la bonté de tous ceux qui m’ont accueilli durant ce voyage qui restera pour moi inoubliable.

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timcopejourneys.com

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