Une fourchette dans le sac à dos
En route pour une randonnée dans Charlevoix ou une sortie de raquettes dans les Cantons-de-l’Est? Pourquoi ne pas découvrir ou redécouvrir ces régions en mariant sport et saveurs? Au menu : une tournée culinaire de quatre régions du Québec.
Gaspésie : l'eau à la bouche
La Gaspésie fait saliver, autant les amoureux de la nature que ceux de la bonne chère. On n’hésite pas à faire des centaines de kilomètres pour arpenter ses plus beaux sentiers. Dans le parc de l’île Bonaventure et du Rocher-Percé, ils surplombent l’océan et ses plages de galets; ils grimpent les sommets dénudés dans les Chic-Chocs et d’autres encore dévoilent des fossiles millénaires au parc de Miguasha. La faune non fossilisée est observable en plongeant avec les mammifères marins à Percé ou en côtoyant les grands cervidés dans la réserve faunique de Matane. Toutes ces activités imprégnées d'iode marin nous mènent naturellement à vouloir déguster les produits de la mer.
Premier arrêt à l’économusée Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan (economusees.com), pour une escale culturelle sur le salage et séchage du poisson. Cette compagnie spécialisée dans la transformation de la morue présente les différentes opérations qui précèdent le salage sur les centaines de vigneaux. Le détour à la poissonnerie s’impose pour faire provision. Mais la morue salée donne soif! À la fameuse microbrasserie de Carleton-sur-Mer, Le Naufrageur (lenaufrageur.com), des pirates machiavéliques vous inviteront inévitablement à vous échouer sur l’une des tables pour savourer leurs bières inédites. Ne ratez surtout pas la belle rousse Colborne aux accents de caramel.
Prêt pour le plat de résistance? On se paye la traite à la Maison du pêcheur (418 782-5331), une table gastronomique certifiée « Fourchette bleue » par l’organisme Exploramer pour sa gestion saine des ressources marines. Le restaurant à la renommée nationale, situé aux confins de la baie de Percé, offre un menu raffiné : potage aux algues marines, saumon au sucre d'érable et citron, crème d'oursin au safran —c'est plus que le simple homard au beurre à l'ail! Pour clore votre journée et rester dans le thème, que diriez-vous de passer la nuit dans un vieux crabier? Issu de la dernière génération de bateaux en bois construits au siècle dernier, ce gîte original (pour 7 personnes) déposé sur la grève est l’un des hébergements proposés par la compagnie de plein air Griffon Aventure (griffonaventure.com) sur la pointe de Gaspé.
Charlevoix : hauteurs et saveurs
Ici se rencontrent deux géants : les sommets du massif montagneux et le mythique fleuve Saint-Laurent. Merveilleux terrain de jeux pour les grimpeurs qui s'agrippent aux parois du Bouclier canadien sur la Route des Sommets et les kayakistes qui s’aventurent sur la Route du Fleuve pour pagayer sur ses baies saisissantes.
Pour les hédonistes à la recherche de plaisirs gourmands, c’est en suivant la Route des Saveurs (routedesaveurs.com) que l’on découvre le mieux la région côtière menant de Baie-Saint-Paul à La Malbaie et ses secrets gastronomiques convoités. De producteurs en restaurateurs, on déguste les produits à la source de leur fabrication ou après préparation en cuisine. C’est le cas du savoureux foie gras de canard issu de la Ferme basque de Charlevoix à Saint-Urbain (lafermebasque.ca), où l'on découvrira les méthodes d’élevage et de gavage qui produisent cette spécialité tant appréciée.
Après avoir admiré le coucher de soleil sur la côte, il est recommandé de s’arrêter à Baie-Saint-Paul pour le souper ou même pour la nuit à l’Auberge la Muse et à son éco-bistrot Chez Bouquet (lamuse.com). Cette somptueuse maison victorienne abrite une table d'exception où l’on se régale tous les jours des viandes les plus goûteuses de la région.
Les végétariens ne seront pas en reste, avec une escale altière et maraîchère aux Jardins du Centre (www3.sympatico.ca/jardins.centre). Perché sur le surplomb des Éboulements, c'est le lieu rêvé pour passer un après-midi de récolte en famille, face au fleuve maritime.En continuant vers La Malbaie, dans un registre beaucoup plus populaire et assurément festif, on croise la célèbre Maison du Bootlegger (maisondubootlegger.com). L’odeur des grillades y emplit la salle de restaurant aux allures de grange, où des soupers spectacles se déroulent au son du rock charlevoisien. Même Elvis Presley s’y serait rendu!
Chaudière-Appalaches : délices et couchers de soleil
Région au potentiel insoupçonné, Chaudière-Appalaches charme les épicuriens tant par ses atouts plein air que gourmands. L’été des Indiens est la plus belle saison pour une virée au parc régional du Massif du Sud qui pare ses vallées de rouge et d’or. À découvrir à pied, mais aussi en vélo de montagne l’été ou à cheval sur les sentiers qui mènent au délicieux mont Chocolat. Pour passer ensuite du sucré au salé, on fera un arrêt à Saint-Damien-de-Buckland, sur la route 279 qui mène au fleuve, pour une visite de la charmante ferme Cassis et Melisse (fromagechevre.ca). Petit paradis champêtre, cet élevage de brebis propose une promenade dans les pâturages puis une dégustation de fromages, tous certifiés bio.
À quelques kilomètres de là passe la cycloroute de Bellechasse (74 km) qui permet de joindre le volet sportif au plaisir gustatif. Toujours sur la 279, pensez à faire un crochet par Saint-Michel-de-Bellechasse pour y échantillonner les élixirs à base de petits fruits chez Le Ricaneux (ricaneux.com). On y déguste le rosé vedette, un mousseux de fraises et de framboises ou le Portageux, un vin de style porto aromatisé à l'érable.
Du côté fluvial, faites route en kayak ou en canot en direction de l’Île-aux-Grues, pour respirer l’air du large et découvrir les charmes insulaires de l'archipel —dont sa fameuse fromagerie. De retour sur la Côte du Sud, un des tronçons les plus appréciés de la Route Verte, l'arrêt gourmand par excellence se trouve à la table presque 100 % locale de l’Auberge des Glacis (aubergedesglacis.com) à Saint-Eugène-de-L'Islet. Un peu plus loin à Saint-Jean-Port-Joli, les amateurs de viande rouge iront saliver à la suite d’une visite à l’élevage en prairie de bisons de la famille Chouinard (bisonchouinard.com); rois et reines du barbecue devront se retenir de ne pas dévaliser la boutique!
Les Cantons-de-l’Est
L'automne venu, on fait bombance dans les Cantons-de-l’Est, avec la cueillette des pommes et du raisin. Saviez-vous que la vigne est une liane rampante qui peut vivre de 30 à 50 ans? C’est ce que l’on apprend au célèbre vignoble del’Orpailleur (orpailleur.ca), premier pionnier de la viticulture québécoise à Dunham. On y visite la vinerie ainsi que l'atelier du tonnelier dans le cadre de son économusée, afin de s’initier aux secrets des délicieux vins blancs qui s’y préparent, mais on ne part pas sans en faire la dégustation au restaurant le Tire-Bouchon. Et dès que les pommes rougissent, il suffit de traverser la route pour continuer à jouer du coude à la cidrerie Fleurs de Pommiers (450 295-2223). Si l’on est encore capable, on peut enfourcher le vélo et reprendre la Route des vins (laroutedesvins.ca) et découvrir les quelque 17 vignobles qui ont fait sa réputation. Sinon, on fait appel sans hésitation aux services du taxi-vélo (1 877 766-8356) qui prend en charge passager, bagages et monture.
Mais le bon vin s'apprécie encore mieux s'il accompagne d’un bon repas. Les carnivores ont le choix entre différents pôles éclectiques : aux abords de la frontière américaine à Glen Sutton, la station de montagne Au Diable Vert (audiablevert.ca), déjà connue pour son offre plein air multiactivité, gère un petit élevage de boeufs Highland et vend des pièces de viande parfaitement persillées sur place; vers l'ouest et Frelighsburg, La ferme du wapiti (450 298-5335) propose la dégustation de saucisses de viande de cervidé tandis qu'au nord-est, la boutique de Canards du Lac Brome (canardsdulacbrome.com) regorge de produits de la sauvagine. En guise de dessert? La chocolatière d’Hatley (lachocolatieredhatley.com) est à la fois productrice et aubergiste. Ouf! Dans tous les cas, n’oubliez pas que la modération a bien meilleur goût!