Ski de rando et refuge en Colombie-Britannique
Jambes lourdes, sueur et souffle court pendant trois heures d'ascension seraient-ils le prix à payer pour goûter à la perfection de trois virages veloutés et savoureux dans la poudreuse de Colombie-Britannique? Notre collaboratrice s'est enfuie dans le backcountry, il y a quelques années, pendant le temps des fêtes pour y goûter à la crème, très peu glacée, des montagnes côtières de la belle province de l'Ouest.
Malgré les mises en garde de mes amis de Vancouver sur le « manque de neige en ce début de saison », je suis ébahie devant les montagnes gorgées de poudreuse qui s'alignent le long de la Sea to Sky Highway.
Plus nous montons vers Whistler et plus la couche blanche sur le toit des maisons défie la gravité. Passé Pemberton, la mer de sommets géants de la région de Duffey Lake, dans les Coast Mountains, nous donne des fourmis dans les jambes.
© Frédérique Sauvée
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À 1300 mètres d'altitude, nous chaussons bientôt nos skis habillés de leurs peaux d'ascension en direction de notre camp de base du séjour, une hut perdue au milieu des montagnes vierges, à 1500 mètres.
DVA (Détecteur de victimes d'avalanche) allumé, pelle et sonde à portée de main ainsi que 16 kg de nourriture et de matériel dans le sac à dos, nous nous mettons en marche pour deux heures d'approche sur une belle neige fraîche et profonde.
Une fois au refuge, le feu allumé dans le poêle en prévision de la soirée, il est temps d'explorer les environs pour visualiser notre terrain de jeu des prochains jours. Le pic Vantage, triangulaire comme un morceau de Toblerone, nous domine de toute sa splendeur. Nous grimpons 300 mètres en switchback (virages en épingle) pour arriver au niveau d'un lac d'altitude entouré de dizaines de couloirs séduisants. Pour retrouver le refuge, nous faisons notre première transition avant de goûter enfin à la fameuse champagne powder, une neige sèche et légère comme la mousse du champagne.
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En soirée, nous analysons les sentiers d'ascension et les couloirs à descendre du lendemain à la lampe frontale, entre deux parties de cartes. Malheureusement, au réveil, une pluie fine tombe sur les montagnes et nous oblige à une journée de skin plutôt que de descente.
Après avoir creusé un « snow pit » (un trou dans la neige pour mesurer les couches et les croûtes qui affectent le manteau de neige), nous avons pris la décision de ne pas courir le risque de déclencher une avalanche. (NDLR : une avalanche a fait une victime dans la région trois jours plus tard...)
© Frédérique Sauvée
Mais la météo du lendemain est la récompense de notre patience. La neige a séché et un ciel bleu nous ouvre les bras sur les plus hauts sommets. Vantage Peak, nous voilà!
Nous remontons au niveau du lac d'altitude pour ensuite nous mesurer à une pente de plus de 35 degrés. Le panorama qui se dévoile est grandiose. On peut contempler le glacier Matier, le mont Slalock et le Joffre Peak derrière lequel se cachent trois lacs, très prisés des randonneurs en été.
© Frédérique Sauvée
L'ascension est longue et pénible. C'est fou comme les deux planches divisées d'un splitboard peuvent sembler peser une tonne aux pieds. On ouvre toutes les glissières que l'on peut, on enlève même les gants avant qu'ils ne dégoulinent de sueur et on voudrait se retrouver en chandail alors qu'il fait tout de même -12 degrés sans le facteur vent.
Les couloirs se dessinent devant nous, veloutés à souhait, à 2200 mètres d'altitude. Une belle pente de 35 degrés sur 1,5 km de descente jusqu'à la limite des arbres. Nous tâtons le terrain pour vérifier s'il n'y a pas de risque d'avalanche, puis c'est le grand saut dans une marmite de crème chantilly. Je me lèche les babines à chaque virage tout en exultant ma joie et ma sueur.
© Phil Alma
Vingt-cinq minutes, c'est le temps de descente que nous aura pris Vantage Peak jusqu'au lac. Vingt-cinq minutes de récompense et de pur bonheur. Les couloirs voisins nous font de l'oeil et nous occuperont tout le reste de la journée ainsi que les jours suivants, où nous alternerons entre montées suantes et descentes d'ivresse.
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La Colombie-Britannique recèle quantité de trésors pour le ski hors-piste. On parle beaucoup de Revelstoke et de Kicking Horse, mais d'autres beaux massifs méconnus n'attendent que les skieurs, à moins de 3 heures de Vancouver.
La météo est toutefois délicate car les tempêtes du Pacifique apportent leur lot d'humidité et de redoux. Mais la région est chaque hiver gâtée par 7 à 8 mètres de neige en moyenne.
Pour plus d'info sur le ski de randonnée dans la région de Duffey Lake :
5 destinations de ski de randonnée à moins de 3 heures de Vancouver :
- Coquihalla Highway
- Elfin Lake Squamish
- Duffey Lake
- Manning Provincial Park
- Whistler Blackcomb
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