Kicking Horse : la ruée vers l’or blanc
Kicking Horse. Deux mots à faire rêver n’importe quel skieur en quête de neige poudreuse et de dénivelés alpins. Créée en 2000, la station s’est imposée depuis comme l’une des destinations skiables incontournables en Amérique du Nord. Notre journaliste est allé y traîner ses spatules.
La station Kicking Horse Mountain Resort a de quoi faire saliver tous les amateurs de ski : un terrain de jeu de 11 km2 (1143 hectares), 137 pistes répertoriées — dont la plus longue, la bien nommée « It’s a Ten », fait 10 km —, 1259 m de dénivelé entre le haut (2450 m) et le bas (1190 m) de la station, ce qui la place au quatrième rang en Amérique du Nord, et plus de 7 m de précipitations annuelles en moyenne (il en est tombé plus de 10 m la saison dernière).
Plus que les chiffres, c’est surtout l’expérience de ski qui marque ici les esprits. Kicking Horse s’est autoproclamée capitale canadienne de la « champagne powder », cette neige ultralégère et floconneuse à souhait qui donne l’impression de skier dans de la ouate gélifiée. À plus forte raison quand on sait que peu de pistes sont damées et que le terrain demeure naturel. J’ai eu la chance d’y skier pendant une journée de chute de neige : en fin d’après-midi, j’avais plus mal aux zygomatiques qu’aux genoux, à force de sourire béatement!
© A Cooper
Question terrain, il y en a pour tous les goûts : des champs de poudreuse, du sous-bois et même des couloirs d’avalanche. Encore faut-il se sentir suffisamment à l’aise pour s’y lancer. Environ 60 % des pistes sont d’ailleurs classées noires et doubles noires. Si les experts trouveront un terrain de jeu à leur mesure, les moins sereins pourront toujours se rabattre sur la quarantaine de pistes vertes et bleues.
Kicking Horse est sans conteste une station à l’esprit très freeride. Le domaine skiable est fracturé par plusieurs crêtes et arêtes qui forment de palpitants couloirs qu’il fait bon dévaler. On en compte quatre : dans les deux premiers (T1 South Ridge et T2 North Ridge), de nombreuses pistes ont été balisées — contrairement aux deux derniers (CPR Ridge et Redemption Ridge), où le skieur est libre de tracer sa propre voie. Les options ne sont limitées que par l’imagination.
© Kicking Horse Mountain Resort - Jeff Bartlett
Les aménagements et infrastructures sur la montagne tiennent également de cet esprit naturel. La station, bien que très vaste, ne compte que quatre remontées mécaniques. La gondole centrale, le Golden Eagle Express, coupe le massif en deux et permet de rallier le haut de la station en une dizaine de minutes.
Enfin, pour ajouter à ce tableau attrayant, la station offre un point de vue époustouflant sur les environs, face aux Rocheuses et entourée de plusieurs parcs nationaux : Yoho, Banff et celui des Glaciers.
De la bonne neige, du bon gros ski et une belle vue : l’équation parfaite. Que demander de plus? Du ski hors-piste, par exemple.
Ski de montagne dans l’arrière-pays
© A Cooper
Si la station, déjà conséquente, ne vous suffit pas, il y a la possibilité de sortir de ses limites pour aller skier dans l’arrière-pays, sur la « chaîne des dents de chien » (Dogtooth Range) des monts Purcell.
Là encore, le terrain de jeu est immense, et cinq à six jours sont nécessaires pour tout découvrir. Il se divise en trois secteurs : nord, sud et ouest. J’ai jeté mon dévolu sur le premier, surnommé Rudi’s Bowl. Pour le rejoindre, il faut sortir des limites de la station en empruntant le bien nommé « Stairway to Heaven », qui mène effectivement au paradis après quelques centaines de mètres à longer une crête.
Dans la partie nord du bol, ce sont surtout des couloirs escarpés, séparés par des parois rocheuses, qui prédominent. Les cinq premiers mètres sont intimidants, car vraiment pentus, mais une fois que l’on est dedans, c’est plus simple qu’on l’imaginait. C’est là que le plaisir débute, avec une certaine prise de risque contrôlée et un dépassement de soi. J’ai vraiment touché du doigt l’expression « sortir de sa zone de confort ».
© A Cooper
Le plaisir n’est même pas altéré par une chute. En haut du couloir, je m’étais pourtant juré de tout faire pour ne pas tomber; j’ai plutôt eu droit à une belle culbute au plus fort de la pente, mais aussi à un ski perdu, retrouvé après 15 minutes à lutter contre l’inclinaison, à m’enfoncer dans la neige fraîche. La montagne nous apprend beaucoup, surtout l’humilité!
La partie sud est moins exigeante. C’est une grande clairière poudrée, avec quelques arbres suffisamment dispersés pour être totalement libre dans le choix des virages. La sensation de glisse est au mieux, et les quelques minutes de descente donnent davantage l’impression de flotter plutôt que de skier!
Malgré tout, il faut rester prudent et garder en tête que nous sommes ici dans un environnement certes fabuleux, mais qui peut s’avérer dangereux. Un équipement de sécurité contre les avalanches est indispensable, et un guide certifié par l’Association des guides de montagne canadiens est fortement recommandé.
La sortie, au fond de la vallée, débouche sur un boisé qui nous emmène, après quelques virages entre les forêts, vers le bas de la station, les cuisses en feu, mais après avoir bu un bon bol de poudreuse!
Info : kickinghorseresort.com et tourismgolden.com
Que faire d’autre sur place?
Eagles Eye © Kicking Horse Mountain Resort - Jeff Bartlett
Ski de fond
Le Dawn Mountain Nordic Centre offre plus de 33 km de pistes pour le pas de patin et le style classique, pour débutants, experts et athlètes.
Hôte des championnats canadiens des maîtres de 2012, ce centre n’est situé qu’à un kilomètre de Kicking Horse. Perché à 1296 m d’altitude, il profite des mêmes qualités d’enneigement que sa consœur alpine et dispose de beaux points de vue sur la vallée et les environs.
Les chiens ne sont acceptés que sur un sentier : Dipsy Doodle (1 km).
Le pavillon d’accueil, chauffé, dispose de tous les accommodements utiles aux fondeurs : un atelier de fartage, une cuisinette, un coin détente, des espaces de rangement et une boutique de location.
Accès : 12 $/jour, 5 $ pour les 6-18 ans.
Raquettes au parc national Yoho
Situé à une trentaine de kilomètres de Golden, le parc national de Yoho dispose de deux sentiers auxquels on accède très facilement depuis la Transcanadienne.
Wapta Falls permet d’effectuer une randonnée familiale d’environ 4 km, très populaire en été, mais relativement tranquille en hiver. Elle se divise en deux parties : une route de gravier (recouverte de neige en hiver) de 2 km, puis un sentier forestier de 2,3 km qui se termine au pied des chutes, un mur d’eau impressionnant de 150 m sur 30 m de haut sur la rivière Kicking Horse. Spectacle garanti!
De l’autre côté de l’autoroute se trouve le point de départ du sentier qui mène au belvédère du mont Hunter. Long de 6 km, il grimpe sans cesse dans une forêt montagnarde jusqu’à deux anciennes tours d’observation. L’effort sera récompensé par la vue sur les vallées de la Kicking Horse et de la Beaverfoot.
Accès : 9,80 $/jour, gratuit pour les 17 ans et moins.
Après l’effort, le réconfort
Comme au Québec, la Colombie-Britannique n’est pas avare de bonnes bières. Allez faire un tour à la brasserie Whitetooth Brewing Company, à Golden. À déguster : des boissons artisanales de la côte ouest, mais aussi d’inspiration belge. L’endroit, à côté des cuves, se veut chaleureux pour parler bières et aventures en montagne.
L’auteur était l’invité de Tourism Golden, du Freeride World Tour et de la station Kicking Horse Mountain Resort.