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  • © Photo tirée de la page Facebook de Great Divide Trail Association

La Great Divide Trail, joyau sauvage de l’Alberta

Encore méconnu du grand public, ce sentier des Rocheuses qui longe la ligne de partage des eaux est sauvage, difficile d’accès et en cours de développement.

Si vous avez quelques semaines devant vous (et beaucoup de courage), voici quelques informations utiles à savoir avant de vous lancer, telles que recueillies auprès de Marc-André Bilodeau, un trekkeur qui a complété ce sentier unique au Canada.


1. C’est encore un projet en développement

© Marc-André Bilodeau

Contrairement aux grands sentiers classiques américains comme l’Appalachian Trail, autour desquels des infrastructures ont été créées, la Great Divide Trail (GDT) reste un projet à compléter, explique Marc-André Bilodeau, un vidéaste de 24 ans amoureux de plein air.

« Ce sont plusieurs sentiers qui sont connectés ensemble pour former la Great Divide Trail », dit celui qui vient de prendre 27 jours pour marcher les quelque 900 km du parcours.

Déjà, l’accès est difficile. Le point de départ officiel se situe dans un camping à cheval sur la frontière canado-américaine, dans le parc national des Lacs-Waterton. Pour s’y rendre, il faut carrément faire du pouce, rien de moins ; pour en sortir, c’est une autre histoire.

« Il y a trois points de sortie qui sont plus faciles d’un point de vue logistique », dit Marc-André, soulignant qu’il n’y a pas d’indication ou de monument marquant la fin du sentier, comme c’est souvent le cas sur un sentier traditionnel.

« Tu peux terminer à Jasper : c’est le point le plus facile, dit-il, ayant lui-même fait ce choix. Sinon, tu peux continuer jusqu’au mont Robson, à quatre jours de marche de Jasper. » Il s’agit du point culminant des Rocheuses, et « la plus belle montagne de l’Ouest canadien », estime Marc-André, qui l’a vue lors d’un précédent voyage.

Il existe un dernier point de sortie pour les plus braves, explique Marc-André, soit Kakwa Lake, plus au nord. « Ça implique un autre huit jours de marche en autonomie complète. C’est zéro développé, il n’y a pas de route proche et tu es vraiment laissé à toi-même. Ça demande des bonnes connaissances de navigation ; je ne conseillerais jamais à un débutant d’aller là. »

En outre, il faut savoir que la GDT compte peu de balisage, en dehors des parcs nationaux. Il faut se référer sans cesse à des cartes, voire à une application dédiée aux longues randonnées fonctionnant hors réseau cellulaire.

En raison de tout ce qu’il reste à faire, la GDT demeure peu fréquentée. Moins d’une centaine de randonneurs tentent l’aventure chaque année, indique l’association qui en fait l’entretien et la promotion.


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2. Ce n’est pas un sentier pour débutants

© Marc-André Bilodeau

« Tu es en plein corridor de grizzlis, tout le long », dit Marc-André qui, heureusement, n’en a pas rencontré. Son truc? Crier et chanter fréquemment, afin que les ours détectent sa présence et se déplacent.

Il y a aussi des pumas qui fréquentent les environs et qui peuvent attaquer sournoisement. Mais au-delà des risques peu élevés de rencontrer des animaux dangereux, la GDT reste difficile.

De l’expérience acquise sur des sentiers plus faciles est de mise, assure Marc-André, qui a lui-même complété les 650 km du Sentier international des Appalaches, en Gaspésie, en 2017. Il faut notamment se préparer à affronter « une météo folle et impardonnable : j’ai même eu droit à une tempête de neige un 25 juillet! », explique le trekkeur.

Il a aussi plu pendant 36 heures sans arrêt, et cela a mis Marc-André dans un état « d’effondrement total ». « J’étais dans un sac de couchage complètement mouillé. Tu ne peux rien faire, il faut juste que tu acceptes la situation, mais j’ai quand même pleuré toute la nuit. Je ne m’étais jamais senti aussi misérable. »

Par ailleurs, il y a des rivières nourries par l’eau des glaciers qu’il faut traverser, sans pont, avec parfois de l’eau très froide en haut de la taille. Il y a peu de points de ravitaillement à proximité du sentier, et c’est très rocailleux. « Ça a scrapé mes souliers le temps de le dire », raconte Marc-André.

Pour toutes ces raisons, certaines pièces d’équipement deviennent absolument essentielles sur le parcours : du répulsif à ours, des vêtements imperméables de haute qualité (incluant un poncho) et une balise GPS d’urgence, pour l’essentiel.


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3. De bonnes raisons de s’y lancer

© Marc-André Bilodeau

Malgré toutes ces difficultés, la Great Divide Trail est une expérience à vivre, confie Marc-André, encore ému par les souvenirs de son périple.

« Les paysages, ce sont des points de vue de classe mondiale, dit-il. Il y a des lacs alpins bleu turquoise, des pics couverts de neige à 360 degrés… »

Voyager au Canada comporte aussi ses avantages, rappelle-t-il, citant les tracasseries administratives que peut engendrer un semblable périple hors du pays, notamment au chapitre des assurances et des durées de visas.

Le sentier permet aussi de randonner en solitude presque totale, alors que les sentiers classiques sont souvent plus fréquentés. Marc-André ajoute qu’il est possible d’apercevoir beaucoup d’animaux sauvages.

Enfin, l’adversité du parcours forge le caractère, croit Marc-André. « Tu trouves en toi une confiance et une force dont tu ne soupçonnais pas l’existence. Tu te bâtis une résilience avec des choses aussi stupides que 36 heures de pluie continue. Et tu essaies de trouver le bonheur malgré la difficulté », conclut-il.


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