Déconfinement : Que nous réserve l’après-COVID en plein air?
Même s’il est difficile de prévoir à quel moment les sites de plein air pourront rouvrir et offrir leurs activités, les parcs nationaux et les entreprises préparent différents scénarios pour accueillir les pleinairistes. Survol.
Alors que François Legault vient d’annoncer le début du déconfinement, l’industrie du plein air et du tourisme s’attendait à des nouvelles favorables pour permettre la reprise des activités. Mais le premier ministre a écarté la réouverture rapide des campings et la vice-première ministre ignore s’il sera possible de louer une chambre en Gaspésie en juillet.
Selon nos sources, les parcs nationaux du Québec pourraient rouvrir autour du 24 juin - les parcs nationaux fédéraux ayant déjà annoncé un possible retour le 31 mai. Mis à part les gardes-parc, aucun employé ne peut se rendre dans les parcs pour l’instant. On devra donc compter plusieurs semaines de travail avant de rouvrir toutes les installations, car il faudra nettoyer les sentiers, réparer certains bris, monter les tentes de prêt-à-camper, rouvrir les chalets et implanter les normes hygiéniques qui s’imposent.
Pendant ce temps, plusieurs adeptes du plein air se demandent toujours pourquoi il est possible de se retrouver à plusieurs dans un supermarché mais qu’on maintient les sentiers fermés! Dans les communautés à proximité des parcs nationaux, la grogne monte. « Il y a beaucoup de pression dans les parcs de Boucherville, à Oka, Orford, Yamaska et ailleurs pour permettre aux gens d’accéder aux sentiers », note un gestionnaire de la Sépaq, qui préfère garder l’anonymat.
Dans un premier temps, celui-ci estime que le gouvernement devrait rendre les parcs accessibles aux populations locales et permettre aux employés de la Sépaq de retourner au travail, pour ensuite accueillir des gens de l’extérieur. Par la suite, les parcs pourront ouvrir les campings et les hébergements qui ne semblent pas poser problème, en imposant des mesures d’hygiène supplémentaires. Les refuges, qui accueillent souvent des groupes mixtes, seront vraisemblablement fermés, cet été.
Toutes les activités d’interprétation prévues à l’intérieur, ou dans un milieu fermé comme une tente, devraient aussi être annulées. Pour l’instant, la société d’État se prépare tout de même à offrir les activités d’interprétation extérieures… si la Santé publique le permet.
La Sépaq mène le bal
Plusieurs sites de plein air attendent de voir ce que la Sépaq décidera de faire avant de prendre des décisions. « On se base beaucoup sur eux, comme lorsqu’ils ont décidé de fermer l’accès aux sentiers, en mars dernier », souligne Philippe Toussaint, agent de développement de produits au Parc régional du Massif du Sud.
Selon ce dernier, le gouvernement a tout avantage à rouvrir les sentiers de randonnée et de vélo rapidement, parce que les gens risquent d’y aller quand même. « Il est préférable de gérer l’achalandage plutôt que de laisser les gens faire comme ils veulent », dit-il. Par exemple, la gestion des visiteurs permettra de rediriger des randonneurs vers d’autres sentiers si certains secteurs sont trop achalandés.
Pour l’instant, les événements au Massif du Sud sont annulés jusqu’au 31 août, compte tenu des consignes gouvernementales, mais on garde un mince espoir de les présenter à l’automne. Les activités d’interprétation en grands groupes, comme une soirée pour les Perséides, sont aussi annulées. Reste à voir si des activités en petits groupes, comme la cueillette de champignons, seront permises. De plus, les séjours en hébergement seront espacés d’au moins une journée pour permettre un nettoyage en profondeur.
Experts en distanciation
Frédéric Asselin, le directeur général de la coopérative Vallée Bras-du-Nord, estime pour sa part que les entreprises d’écotourisme et d’aventure sont bien placées pour reprendre les activités en temps de pandémie. « Nous sommes des experts de la gestion de risque et nous sommes capables de mettre en place les mesures de distanciation sociale assez facilement, dit-il. Selon moi, c’est le gros bon sens de rouvrir les sentiers rapidement.»
Étant donné que la plupart des activités de la Vallée Bras-du-Nord sont autoguidées, la majorité des services offerts pourraient reprendre, le moment venu, tout en respectant les normes gouvernementales. Au besoin, des mesures pourront être mises en place pour offrir le service de navette avec un plus gros véhicule ou en restreignant la location des refuges à un groupe unique, dit-il. Peu importe les plans de matchs élaborés, les entreprises sont à la merci des décisions du gouvernement.
Pierre Gaudreault, le directeur général d’Aventure écotourisme Québec, souligne que son organisation travaille avec le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT), l’Alliance touristique, Rando Québec, l’Association des parcs régionaux et des entreprises pour élaborer le protocole d’intervention sanitaire qui détaillera les mesures d’hygiène à mettre en place partout où circulent les visiteurs. « Une fois élaboré, ce plan devra être approuvé par la Santé publique », dit-il.
Par exemple, des travailleurs à l’accueil limiteront le nombre de personnes à l’intérieur des bâtiments, où les employés seront protégés par des vitrines en plexiglas. De plus, un « plan toilette » sera élaboré pour favoriser les mesures d’hygiène, et on rajoutera au besoin des toilettes chimiques ou des stations de lavage. Des sentiers à sens unique pourraient aussi voir le jour et des quotas pourraient être imposés.
Dans certains campings, on songe à ne louer qu’un emplacement sur deux, surtout où les sites sont rapprochés, alors qu’on s’attend à limiter l’achalandage des plages à 50 % de leur capacité totale.
La pression monte
Avec l’arrivée des beaux jours du printemps, la pression se fait aussi de plus en plus grande pour accéder aux parcs nationaux, surtout en milieux urbain et périurbain. « En plus des gardes-parc patrouilleurs qui tentent de faire respecter la mesure, certains services de police municipaux effectuent des rondes pour dissuader les gens de contrevenir aux consignes en vigueur », indique Simon Boivin, responsable des communications à la Sépaq.
Étrangement, alors qu’il existe toujours un flou à savoir s’il sera possible de pratiquer la randonnée cet été, la pêche semble être une valeur sûre, car la saison est bel et bien ouverte et les permis sont déjà en vente.
À défaut de pouvoir fouler les sentiers pour l’instant, les adeptes de plein air doivent donc se rabattre sur le vélo ou sur les sports nautiques, alors que les pistes cyclables et les nombreux plans d’eau du Québec (qui sont dégelés) sont accessibles.