François-Guy Thivierge : Le collectionneur de sommets
Depuis 2007, l’entrepreneur et aventurier François-Guy Thivierge traverse le globe à la conquête du plus haut sommet de chaque continent. En novembre dernier, il clôturait sa collection avec la pyramide Carstenzs, en Océanie.
Sept sommets en deux ans et dix mois, pas mal pour atteindre le 7e ciel!
Au début, je n’avais pas l’objectif de compléter la « liste Messmer » des sept sommets. J’ai tout d’abord commencé par grimper l’Aconcagua (6962 m, Amérique du Sud), en 2007, et le Kilimandjaro (5895 m, Afrique) un an plus tard. Le but de ces ascensions n’était alors que le plaisir physique et le défi sportif. C’est ensuite, parce que tout le monde me demandait quand je ferais l’Everest et parce qu’il représentait mon rêve ultime, que j’ai voulu monter sur le toit du monde. Mes coéquipiers et moi sommes partis deux mois et demi en expédition. Nous avons atteint le sommet (8848 m, Asie) le 22 mai 2008. C’est par la suite que j’ai eu envie de continuer et de partir à la conquête des sommets les plus hauts des quatre autres continents. Sept mois plus tard, nous sommes partis en Antarctique pour grimper le mont Vinson (4897 m). En 2009, j’ai fini la série avec le mont Denali (6194 m, Amérique du Nord), l’Elbrouz (5642 m, Europe) et enfin la pyramide de Carstenzs (4880 m, Indonésie). Cela représente un succès de sept sommets sur sept en 34 mois. Je suis le 19e plus rapide au monde et le deuxième Québécois à avoir réalisé ce défi.
D’où vient cette passion pour les exploits sportifs et la montagne?
Je grimpe depuis que je suis né ou presque. À six ans, ma famille et moi avons grimpé le mont Sainte-Anne et depuis cet âge-là, j’ai toujours voulu aller voir ce qu’il y avait plus haut. J’ai été initié à l’escalade de montagne à 12 ans lors de camps aux États-Unis. À 16 ans, j’étais premier de cordée dans la région de Charlevoix et à 21 ans, je montais la première école d’escalade au Québec. À partir de là, j’ai commencé mes expéditions de haute montagne et depuis, je ne me suis jamais arrêté. Au fil du temps, j’ai fait en sorte que ma passion concilie mon chemin professionnel. J’ai alors passé du temps à lancer l’entreprise RockGym, le premier centre de parois intérieures d’escalade au Québec, mais j’ai alors trouvé que ma vie manquait de défis. J’ai décidé de passer à l’action avec les plus hauts sommets du monde.
Votre expérience sportive et professionnelle vous a-t-elle aidé à réaliser cet exploit?
Oui. Depuis l’âge de 16 ans, je pratique le sport de manière intensive. J’ai acquis l’endurance physique et la technique nécessaire pour m’attaquer à de tels sommets. Leurs sections d’escalade ou de grimpe sur glace n’ont pas été un problème pour moi. Contrairement à quelques-uns que j’ai pu croiser sur l’Everest et qui n’avaient jamais mis de crampons de leur vie. Moi, j’étais un vieux routier de la montagne, mais j’avoue que j’ai eu beaucoup plus de facilité à le faire qu’eux. Les mois qui ont suivi, j’ai pu repartir pour réaliser l’ascension du mont Vinson, alors que certains alpinistes ont besoin de plus d’un an pour récupérer. J’ai aussi eu la chance d’être épaulé par de nombreux commanditaires qui me font confiance. Parce que 200 000 dollars pour réaliser les sept sommets, ce n’est pas rien!
Les sept montagnes ont-elles chacune leurs particularités?
Aucune ne se ressemble. Le Kilimandjaro a été l’ascension la plus exotique de toutes. Aux pieds de la montagne, on fait des safaris. Mais quand on monte, on croise alors la pauvreté et la saleté. À l’inverse, le mont Vinson en Antarctique est ultra propre. Nous ne devions laisser aucune trace puisque c’est un terrain d’expériences scientifiques. Il faut aller jusqu’à se soulager dans des bouteilles! J’ai dû y traverser des températures extrêmes, avec des pointes de moins 58 °C. L’Elbrouz, en Russie, a été relativement facile à grimper. Par contre, l’ambiance qui y règne est très particulière. La montagne est en fait un centre de ski, rien n’y est vraiment naturel et les gens sont très distants. En Alaska, le mont Denali présente un très grand dénivelé, les conditions climatiques sont rudes et nous avons fait l’ascension de manière totalement autonome, sans guide ni sherpas pour porter le matériel. C’est une montagne très dangereuse et j’ai même pensé tout arrêter. Pour finir, l’Everest est « LE » sommet, le toit du monde, le mythe. C’est celui qui m’a demandé la plus grande endurance physique et mentale… pour un plaisir extrême.
Quels sont vos projets pour l’avenir?
Je vais tout d’abord essayer de me reposer. Ensuite, je compte terminer le livre que j’écris sur ces sommets. Je travaille aussi sur un documentaire qui relate mes ascensions. Il sera créé à partir d’images que j’ai filmées moi-même. Et surtout, je vais continuer à partager ma passion, particulièrement avec les jeunes. Grâce à la Fondation de la montagne de l’espoir que j’ai créée, nous tentons d’aider les jeunes en difficulté en les faisant participer à des expéditions, afin qu’ils se réinsèrent plus facilement dans la société. La montagne, c’est ma passion et j’essaye de la transmettre autour de moi. J’ai tout fait pour développer cet aspect formidable du plein air et j’aime profondément être un pionnier et un ambassadeur de la montagne. Côté ascensions, j’ai encore plusieurs rêves à assouvir comme escalader des « Big Wall » et, pourquoi pas, changer de disciplines en parcourant le globe en vélo ou en ski.
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