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  • © Lucie Cloutier

En canot de la baie d’Hudson à l’Ungava au pays des caribous et des bœufs musqués

« Dans ce voyage, tout est grand, la baie d’Hudson, le lac Minto puis maintenant la rivière aux Feuilles, large parfois de deux kilomètres offrant sans cesse des vues lointaines. Le mot “immensité” est ici approprié », écrit Nicola Maeder dans son journal d’expédition de canot entre les villages inuits d’Umiujaq, sur la baie d’Hudson, et Tasiujaq, dans l’Ungava.



Arrêt près d'un ancien campement inuk © Nathalie Lecoz

L’architecte suisse était accompagné de sa femme, Lucie Cloutier, et de quatre canoteurs d’expérience venus du Bas-du-Fleuve, de Montréal et de l’Estrie. Le voyage de 580 km a débuté par un portage de 6,3 km qui a nécessité trois jours d’efforts. De là, il a fallu trimer dur pour atteindre une des principales sources de la Rivière aux feuilles, un lac de 140 km qui coule vers la baie d’Ungava.


Deux caribous de Rivière-aux-Feuilles © Lucie Cloutier

Au total, 33 jours de voyage dans la toundra en autonomie complète où le poisson frais n’a pas manqué. Ouananiche, truite mouchetée, truite grise se jetaient sur les offrandes des pêcheurs qui les ont apprêtées de mille manières, même en sushis.


La pêche était bonne tout au long du trajet des portageurs qui ont traversé le Québec d'ouest en est © Sylvie Michaud

Caribous, phoques et bélugas

« Mon moment le plus émouvant est survenu quand j’ai aperçu des centaines de caribous se lancer à l’eau tout près de moi pour traverser la rivière. J’en ai pleuré d’émotion », relate Sylvie Michaud, bibliothécaire et biologiste de formation, qui a effectué plusieurs expéditions dans le Grand Nord.


Un phoque se repose sur les berges de la Rivière-aux-Feuilles © Lucie Cloutier

Outre les cervidés, les loups, les phoques, les ours noirs et même quelques bélugas ont accompagné les voyageurs tout au long de leur séjour mais ce sont les bœufs musqués qui ont provoqué le plus grand sentiment de dépaysement.


Espèce introduite dans le Nunavik à la fin des années 1960, le boeuf musqué se porte bien © Sylvie Michaud

« C’était la première fois que la plupart d’entre nous en voyait et ils semblaient sortis d’un autre temps », commente Fabien Nadeau, architecte de Cacouna et conjoint de Sylvie.


Les ours étaient nombreux le long du parcours des voyageurs © Lucie Cloutier

Comme le relatait Le Journal de Montréal il y a quelques mois, le gros herbivore aux airs préhistoriques s’est remarquablement bien adapté au Nunavik depuis que 15 bêtes se sont échappés d’un élevage à Kuujjuaq en 1967.


Boeuf musqué au sommet d'une colline de l'Ungava © Sylvie Michaud

Difficile mais exaltant

L’équipe composée de canoteurs d’expérience a affronté des rapides difficiles dont un long de 23 kilomètres. Lucie, pagayeuse avant, avait souvent l’impression de foncer dans de gigantesques murs d’eau. Sans parler des 15 lacs à traverser!

« Je n’en reviens pas encore d’être passée d’une mer à l’autre à pied et à la rame. D’avoir surmonté tout ça – des vents à 100km/h, d’innombrables portages, la difficile navigation en eau salée -- à 65 ans m’apparaît complètement fou », lance en riant Nathalie LeCoz, travailleuse autonome de Magog spécialisée en événements culturels.


Nicola Maeder, Nathalie LeCoz, Martin Perreault, Fabien Nadeau et Sylvie Michaud durant un portage © Lucie Cloutier

Avec Fabien et Sylvie, et son compagnon Martin Perreault qui était du voyage, Nathalie a beaucoup pagayé au Québec et ce n’était pas son premier périple au-delà du 55e parallèle. Nicola Maeder avait aussi déjà répondu à l’appel du Grand Nord, notamment avec son père en 1989.

Des caribous en déclin


Des centaines de caribous ont traversé la rivière devant le groupe © Lucie Cloutier

Les caribous des bois de la Rivière-aux-Feuilles ont déjà compté 650 000 têtes et ne sont plus que 168 000 selon le Gouvernement du Québec. «Mais quand on en voit un immense troupeau courir devant nous, c’est exaltant et ça aide à vaincre notre écoanxiété», commente Nathalie Le Coz, autrice ou co-autrice de plusieurs livres sur le plein air (Le Québec à 5 km/h, Gourmands de nature, Cantine sauvage).


La traversée d’Umiujaq (baie d’Hudson) à Tasiujaq (baie d’Ungava) en chiffres

Les canoteurs ont traversé la péninsule de l'Ungava à l'été 2023 © Sylvie Michaud

  • 33 jours d’expédition
  • 15 lacs et une rivière à traverser
  • Le plus long portage : 6,3 km
  • Aller : de Montréal-Trudeau à Umiujaq (Air Inuit)
  • Retour : de Tasiujaq à Kuujjuaq et Montréal-Trudeau (Air Inuit)
  • Transport de retour des canots et du matériel par bateau.

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