Vélos de montagne : l’avis des pros
Cross-country, enduro, freeride ou descente : le vélo de montagne se décline à travers une large gamme de catégories, de modèles et de prix. Tour d’horizon
À chacun son vélo
Chaque discipline a son type de vélo : voici quelques critères pour bien choisir.
Cross-country
« C’est un vélo avec lequel on monte autant qu’on descend sur des terrains variés », note Christian Brault, gérant à la boutique le Yéti. Critère de sélection déterminant : « On doit rechercher un vélo avec un cadre et des composantes légers, sans faire de compromis sur la robustesse ». Comme on désire une conduite qui procurera beaucoup de motricité, on doit aussi miser sur une monture nerveuse, qui répondra bien à nos moindres gestes! Idéalement, et en y mettant le budget, on se procurera un vélo d’une dizaine de kilos, surtout si on aime pousser la machine ou faire des compétitions. « Les vélos qui figurent dans cette catégorie offrent une position plus agressive, pour avoir plus de poids vers l’avant », observe quant à lui Rémi Claude, chez Lessard Bicycles, à Québec. La suspension gagnera en efficacité avec un débattement de 80 à 120 mm.
Prix : Pour avoir un vélo bien monté, qui offrira de bonnes performances et la possibilité de progresser, il faut s’attendre débourser 1000 $ et plus.
Les rois de la montagne : Trek 6500 D, 1100 $ • Giant Trance 3, 1400 $ • Devinci Remix SL, 2300 $ • Kona Kula Deluxe, 1800 $ • Specialized Stumpjumper Elite, 3150 $
Le cycliste qui roule en enduro aime les terrains diversifiés, comme en cross-country, mais recherche davantage de confort, de plaisir et moins de performance. Il effectue plus de kilométrage, mais à moindre intensité. « Dans cette catégorie, on peut se permettre de faire un compromis sur le poids », estime Christian Brault. Un bolide qui oscille entre 12 et 15 kilos fera l’affaire. On recherche plus de stabilité que de nervosité, mais aussi un vélo qui pourra monter des côtes et se rire des obstacles. « Une suspension avec plus de débattement [NDLR : de 100 à 150 mm] est conseillée », poursuit le spécialiste. La position sur le vélo sera aussi plus relevée, plus confortable, car on mise moins sur la technique et la performance tout en favorisant de plus longues distances, fait observer Rémi Claude.
Prix : 1400 $ et plus, car on retrouve beaucoup de doubles suspensions dans cette catégorie.
Les rois de la montagne : Rocky Mountain Vertex 10, 1400 $ • Norco Fluid Four, 1500 $ • Devinci Hectick 1, 2500 $ • Opus Maadh II, 2750 $ • Specialized Enduro SL Comp, 2900 $
Freeride
Comme il s’agit d’un vélo avec lequel on va faire de nombreuses acrobaties, il importe qu’il soit plus agressif, costaud, plus solide et résistant aux chocs que ceux des catégories précédentes. La suspension double s’impose, tout comme un débattement supérieur, soit autour de 170 à 200 mm. C’est en outre un vélo sur lequel le cycliste est plus centré, pour favoriser un contrôle optimal. Poids idéal : 15 à 20 kilos.
Prix : modèles très recommandables à partir de 2000 $.
Les rois de la montagne : Cannondale Gemini, 2100 $ • Kona Stinky, 2300 $ • Norco Four X, 2350 $ • Specialized BigHit FSR III, 2450 $ • Trek Session 777, 4200 $
Descente
Vous l’aurez deviné, les vélos de cette catégorie sont encore plus lourds (plus de 20 kg) et plus robustes, et le débattement de leur suspension va au-delà de 200 mm. « La position est plus centrée qu’en freeride, et plus basse, pour donner beaucoup de stabilité et de contrôle », indique Christian Brault du Yéti. Monter une côte, pour eux, ça se fait surtout en remontée mécanique. Leur but : vous faire descendre à fond de train!
Prix : Comme il s’agit d’une spécialité, ces vélos coûtent souvent plus cher. Bolides de qualité accessibles à partir de 2000 $.
Les rois de la montagne : Kona Howler, 2000 $ • Norco DH Atomik, 2450 $ • Devinci Wilson I, 3500 $ • Kona Stab Deluxe, 3500 $ • Cannondale Judge I, 5000 $
Les matériaux de l’heure
« Pour la course en cross-country, le carbone est le matériau de l’heure, un peu comme c’est le cas pour le vélo de route », note Jean-François Léonard d’ABC Cycles et Sports. Mais il faut s’attendre à y mettre le prix, car ces bolides de course se détaillent à partir de 3000 $ et les prix grimpent jusqu’à 6000 $ pour un bon modèle bien équipé. Dans le haut de gamme, ce ne sera donc pas le poids qui s’avérera un critère de sélection déterminant entre le carbone et l’aluminium, mais la résilience et le confort accru du premier, qui redistribue aussi plus efficacement l’énergie. Vous l’aurez compris, ce type de vélo s’adresse surtout aux coureurs aguerris. Pour toutes les autres catégories de cyclistes et d’activités, l’aluminium s’impose comme LE matériau. « Les compagnies maîtrisent vraiment le médium », poursuit Jean-François Léonard. Par exemple, il invoque les nouvelles technologies qui permettent de forger à froid l’aluminium. Légèreté, rigidité et accessibilité seront donc au rendez-vous.
Groupes et composantes
Quoi de neuf sur les rayons?
« Le carbone fait son apparition sur des pièces haut de gamme », signale Christian Brault. Tige de selle, frein à disque, pédalier, guidon, manettes. En outre, « Shimano a revu des groupes XTR, refaits au complet », poursuit-il. « La solide compétition offerte par SRAM a sans doute forcé Shimano à innover. C’est bon pour le consommateur, souligne Jean-François Léonard d’ABC Cycles et Sports, car ces deux importants fabricants offrent des pièces d’une grande qualité. » Et leur lutte fait aussi baisser les prix, ce qui explique que la qualité n’a jamais été aussi abordable. En matière de qualité et de performance, les deux compagnies offrent des produits similaires. « Mais Shimano continue de proposer une gamme complète plus large, dans toutes les catégories », selon Christian Brault.
Points de suspension
Si vous n’avez pas suivi l’évolution technologique sur la planète des suspensions ces dernières années, voici ce qu’il y a de neuf : elles se verrouillent. Bloquées, elles permettent de profiter d’une redistribution d’énergie accrue si on roule sur le bitume ou en montée. Activées, elles permettent évidemment d’absorber les chocs et de surmonter les obstacles plus facilement. Certains modèles avec double suspension sont même intelligents. Ils se verrouillent et s’activent automatiquement, en fonction des impacts perçus par leur système des plus sophistiqués. Règle générale, les suspensions se sont beaucoup améliorées, absorbent mieux les chocs tout en maximisant l’effort fourni. Le mythe qui veut que les doubles suspensions avalent l’énergie du cycliste est en voie d’être relégué aux oubliettes. « De plus, puisqu’on subit moins de stress, on peut au contraire pédaler plus longtemps », confirme Jean-François Léonard. Parce qu’elles sont plus performantes ou qu’elles se bloquent, il n’y a donc plus de raison de ne pas se procurer un vélo muni d’une double suspension. Ici aussi le consommateur est avantagé : elles sont plus efficaces et abordables que jamais.
Le débat des sexes
« Pour des cyclistes masculin et féminin de même grandeur, un vélo de montagne aura une hauteur différente », remarque Jean-François Léonard. Il sera plus petit pour la femme, qui possède un tronc et des bras plus courts. Le design du vélo sera donc adapté en fonction de la morphologie de la femme et de l’homme. Pour les femmes, il sera plus bas, raccourci en des points stratégiques et doté, entre autres choses, d’une suspension à débattement légèrement supérieure. Fini, le débat des sexes!