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  • © Courtoisie François-Guy Thivierge

L’alpiniste François-Guy Thivierge réalise un rêve... dans «l’Everest du Québec»

Ce n’est pas parce que l’alpiniste François-Guy Thivierge se nourrit d’aventures dépaysantes depuis toujours qu’il ne vit pas le confinement comme tous les Québécois. C’est donc en quelque sorte dans sa cour arrière que son défi de gravir 55 montagnes en 55 mois s’est poursuivi quand il s’est attaqué, avec sa comparse d’expérience, Nathalie Fortin, à la Loutre, une paroi de glace dans Charlevoix. 


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L’alpiniste de Québec n’a évidemment pas le choix des cadeaux en temps de pandémie, mais le contexte particulier s’est avéré un mal pour un bien.

Au fil des ans, les expéditions en montagne ont mené Thivierge dans tous les recoins du globe, parfois au détriment de projets tout près de chez lui, qu’il gardait dans sa petite poche arrière pour un de ces jours.

Ce jour est venu récemment quand il s’est dit que la Loutre, dans le secteur de l’Équerre du Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, était enfin praticable pour l’escalade de glace grâce au redoux du temps des Fêtes, qui a donné lieu à une pluie abondante. Le tout a par la suite pris la forme d’une énorme cascade de glace.

«Dans les années 1980 et 1990, je suis allé souvent dans la vallée de La Malbaie, mais la Loutre n’était jamais bien formée à cette époque. C’est donc toujours resté un rêve pour moi. Je me disais que je ne pourrais jamais la grimper parce qu’elle ne se formait pas assez souvent.

« Et puis là, en pleine COVID, elle s’est formée! J’ai sauté sur l’occasion puisque les voyages en temps de pandémie sont interrompus. Comme de nombreux Québécois, je me suis donné des défis au Québec. Il faut être résilient, optimiste et être ouvert à effectuer des changements », spécifie le grimpeur insatiable.

Pas par dépit


© Courtoisie François-Guy Thivierge

Si ses tournées mondiales lui manquent, François-Guy Thivierge n’en démord pas : ce n’est pas par dépit qu’il a choisi de poursuivre le plus grand défi de sa vie en sol québécois.

« On n’a rien à envier à l’Ouest canadien quand on est dans les Hautes-Gorges pour le potentiel et les grandes voies d’escalade en continu. Souvent, dans l’Ouest, les voies de glace dans les Rocheuses sont séparées. La Loutre, c’est tout en continu et c’est vraiment spectaculaire, grandiose.

« C’est considéré comme l’Everest du Québec parce que les meilleurs grimpeurs du Québec passent tous par là et c’est souvent un objectif de carrière. On a tout ici pour nourrir l’appétit de montagnes des Québécois », se régale Thivierge.

Longue journée


Nathalie Fortin © Courtoisie François-Guy Thivierge

Si le sommet de la Loutre n’est pas très élevé à moins de 1000 m, il n’en demeure pas moins que l’ascension n’a pas été de tout repos. Thivierge a d’ailleurs comparé le niveau de difficulté rencontré à celui qu’il voit dans l’Ouest du pays.

Avant même de gravir la paroi glacée, Thivierge et Nathalie Fortin ont enfilé skis de fond et traîneau sur 5 km pour transporter le matériel vers la terre promise. S’est ensuivie une marche d’approche d’une heure et demie en forêt pour atteindre la paroi, pour enfin vivre le bonheur durant sept à huit heures d’ascension.

« J’ai ressenti de bonnes palpitations parce que c’est extrêmement difficile physiquement », s’exprime l’alpiniste, qui en a pourtant vu d’autres.

« Les premiers mètres sont mixtes, entre rochers et glace. Par la suite, on tombe dans la glace pure et en haut, on atteint la fameuse chandelle, la dernière longueur la plus difficile. Tu dois donner tout ce que tu as sur les derniers 50 m. C’est très vertical, dans une section surréelle, sur une glace d’une couleur jaune or », se remémore Thivierge, toujours émerveillé.

Sur pause


© Courtoisie François-Guy Thivierge

Avec du recul, le valeureux aventurier ne regrette manifestement pas d’avoir opté pour une montagne du coin.

« La Loutre, c’est comme s’il me manquait un doigt de la main quant aux montagnes de chez nous. C’est clair que dans ma liste de 55 montagnes, elle va remplacer une autre que je n’aurais pas pu faire ailleurs dans le monde », raconte celui qui en a par ailleurs profité pour gravir de nouveau sa petite voisine, la Pomme d’Or, qui se veut un coup de cœur personnel.

Dans le contexte actuel, François-Guy Thivierge ne peut évidemment pas se permettre de replonger dans le volet international de sa liste chère de 55 montagnes.

« Je vais me donner un an de plus pour faire les 55 montagnes en raison du retard causé par la pandémie. Heureusement que la Loutre était là pour combler mon besoin d’aventures. Je suis comme en sevrage et j’ai besoin de grimper des montagnes, coûte que coûte. J’aiguise mes piolets et je continue de rêver à mes prochaines ascensions autour du monde avec beaucoup de motivation », conclut-il, inébranlable.


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