Aventurier porté disparu
En août dernier, l’aventurier québécois Frédéric Dion a « officiellement » disparu en Mauricie. Heureusement pour lui, sa disparition avait était volontairement effectuée dans le cadre d’un défi de survie. L’idée était de simuler un écrasement de paramoteur dans un rayon de 30 000 km2 de la Haute-Mauricie et de revenir à la civilisation par ses propres moyens.
Pourquoi cette expérience de « survie volontaire » ?
Au cours de mes dernières aventures, en particulier celle en paramoteur en Alaska, je me suis souvent demandé si en cas de panne je serais capable de me débrouiller seul et avec peu d’équipement dans la forêt. J’ai de bonnes bases en technique de survie, mais je voulais savoir si elles suffiraient à me sortir d’une telle situation. J’avais besoin de le tester concrètement pour répondre aux questions que je me posais à propos de la faim, la vitesse de déplacement, la résistance au froid. Cette expérience sert aussi à la recherche puisque le laboratoire d’expertise en plein air (LERPA) de l’Université de Chicoutimi va analyser mon expérience pour mieux comprendre les procédés de survie.
Comment s’est déroulée votre aventure ?
Je n’avais aucune idée de l’endroit où je me trouvais en Mauricie. J’ai tout de suite commencé à pêcher des poissons et j’ai passé ma première nuit dans une cache de chasse abandonnée. La nuit froide (environ trois degrés Celsius) m’a obligé à sortir de mon abri pour me faire un feu. Le lendemain, je me suis dirigé vers le nord-est (vers le Lac-Saint-Jean) pour ne pas trouver la civilisation trop vite. J’ai croisé plusieurs sentiers, mais je voulais que l’aventure dure au moins trois jours pour réaliser mes objectifs de survie. Peu chanceux en chasse et en pêche, j’ai souvent dû me contenter de lichens, de racines, de petits fruits et de grenouilles. Le troisième jour, j’ai attrapé un lièvre et je l’ai dévoré comme un fauve. Je me suis senti plus proche que jamais de mon instinct de survie.
Quels enseignements retirez-vous ?
La pratique vaut plus que tous les livres du monde! Je me suis aperçu qu’il est impossible de se déplacer pour retrouver la civilisation en même temps que de chercher à manger. Il faut faire un choix. C’est difficile de progresser et de maintenir l'azimut à travers le bois, les tourbières, les collines et les sols marécageux. Et l’énergie dépensée à se déplacer ne peut plus servir à s’alimenter. J’aimerais recommencer cette expérience, mais en restant cette fois sur place pour affiner mes techniques de survie et non passer du temps à me déplacer.
fredericdion.com
