Avalanches : 10 erreurs à ne pas commettre en hors-piste
Vous avez découvert récemment le ski hors-piste et vous êtes devenu, comme nous, totalement accro? Bonne nouvelle, notre province offre un beau terrain de jeux pour s'amuser dans la poudre folle. Mais qui dit hors-piste dit aussi danger d'avalanche, même au Québec.
Au début de l'hiver, notre journaliste a suivi un cours de sécurité en avalanche (CSA-1) avec Expé Aventures; elle livre ici les erreurs les plus fréquentes ainsi que des conseils pour partir en toute sécurité.
"Les décisions déterminent le destin" Frederick Speakman
Avant de partir
Erreur n°1 : Penser qu'il n'y a pas d'avalanche dans l'est du pays
Au moins 16 avalanches impliquant des personnes (skieurs, planchistes, randonneurs ou motoneigistes), dont quatre mortelles, ont été recensées par Avalanche Québec entre 2005 et 2018 (avant celle de février 2020). Alors penser qu'il n'y a pas de risque de tomber sur une avalanche au Québec, ou d'en déclencher une, c'est une erreur. Les Chic-Chocs en Gaspésie, les monts Groulx sur la Côte-Nord et Charlevoix sont les régions où le risque est le plus élevé.
Erreur n°2 : Partir skier sans matériel de sécurité et sans bien le connaitre
On entend souvent dire : "Je pars juste skier une heure" ou "Je connais bien le terrain, y'a aucun risque" ou encore "Je pars avec des amis qui ont leur matériel, je suis safe"! Aucune de ces raisons n'est valable pour partir skier sans matériel ou sans bien le connaitre.
D'une part, porter son DVA (Détecteur de victimes d'avalanche) sur soi, sa sonde et sa pelle dans son sac devrait être une étape incontournable de toute sortie en arrière-pays, même si on ne part pas longtemps (les conditions météo peuvent changer très rapidement), même si on connait bien le terrain (les conditions du manteau neigeux changent constamment), et même si on part accompagné (imaginez que vos amis tombent dans une avalanche et que vous n'avez pas votre matériel pour les secourir).
D'autre part, le matériel de secours en avalanche demande de la pratique pour le maîtriser comme il faut, surtout le DVA. Les cours de sécurité en avalanche développé par Avalanche Canada permettent d'apprendre adéquatement à utiliser son matériel pour être prêt en cas d'urgence.
Erreur n°3 : Partir sans connaitre le terrain, la météo et le bulletin d'avalanche
Trois éléments sont importants dans la bonne préparation d'une sortie en hors-piste. Il faut tout d'abord se renseigner sur la montagne où l'on va skier (sur Internet, dans un guide ou auprès des résidants locaux), connaitre ses itinéraires d'ascension et les couloirs de descente les plus sécuritaires, et enfin savoir si la montagne comporte des pièges naturels et connaitre sa cotation sur l'échelle d'exposition au terrain avalancheux (avalanche.ca).
Il faut aussi vérifier les prévisions météo les plus fraîches qui soient (spotwx.com par exemple) ainsi que le bulletin d'avalanche local (sur avalanchequebec.ca, au Québec). Un petit 15 minutes de plus à la maison qui vous garantit une sortie plus sécuritaire.
En sortie
Erreur n°4 : Avoir (trop) confiance en ses amis ou suivre les traces d'autres groupes
Le facteur humain est le plus souvent en cause dans un accident d'avalanche. On se fie sur ses amis qui "semblent" avoir préparé la sortie, qui ont "probablement" tous leur matériel d'avalanche et qui vont "certainement" choisir le bon tracé.
Pire encore, on a tendance à suivre les traces fraiches du groupe qui nous précède car "s'ils sont passés, la neige doit être assez solide".
Ne vous fiez qu'à vous-même en toute circonstance et soyez à l'affût des "whoupfs", des sons sourds caractéristiques d'un manteau neigeux instable, ainsi que des fissures sous vos skis, tout en circulant dans des zones sécuritaires.
Erreur n°5 : Garder les dragonnes de ses bâtons accrochées aux poignets
Un conseil de base que l'on oublie trop souvent de suivre, dans l'empressement de faire les premières traces. Il est important d'être libre de ses mouvements en skiant et d'éviter que son matériel se prenne dans un obstacle ou nous retienne vers le bas en cas d'avalanche.
Erreur n°6 : Skier tous en même temps dans le même couloir, ou les uns au-dessus des autres
Plus on est nombreux à skier, plus il y a de chances de fragiliser le manteau neigeux et de tous se faire emporter par une avalanche. Il faut donc partir un à la fois et se déplacer d'une zone sécuritaire à une autre en gardant toujours un contact visuel sur le skieur en action.
Erreur n°7 : Ne pas être à l'écoute du terrain
Favorisez les crêtes, les larges vallées, les pentes balayées par le vent, les zones boisées, les îlots de sécurité, les pentes à faible inclinaison. Évitez les pentes convexes, les pièges naturels (roches et arbres isolés, couloirs pentus et dégagés, ruisseaux en contrebas, canyon de falaises, etc.), les pentes surchargées, les corniches, les pentes sous le vent.
En cas d'avalanche
Erreur n°8 : Avec l'émotion, enlever ses gants pour manipuler son matériel et l'éparpiller
On ne peut jamais être assez bien préparé à agir en cas d'urgence. Mais le plus important est de ne pas tomber dans le stress qui créé alors un couloir visuel restreint, lequel nuit à la fluidité des mouvements et à un raisonnement efficace.
Même si les gants peuvent vous gêner dans vos mouvements, ils seront plus utiles à vos mains qu'oubliés quelque part dans la neige, une fois venu le temps de pelleter et de sortir vos amis ensevelis.
Même chose pour le matériel : il est inutile de le sortir avant le moment d'agir au risque de l'éparpiller, de le briser ou de blesser quelqu'un.
Erreur n°9 : Aller chercher de l'aide sans organiser d'équipe de secours
Vous êtes les premiers sur les lieux, c'est à vous d'aider les victimes. Choisissez un leader qui se chargera alors de vérifier que la zone d'avalanche est sécuritaire et de prioriser les actions en fonction du nombre de personnes aptes à secourir. Mais en aucun cas il faut s'empresser de quitter la zone pour aller chercher de l'aide.
En conclusion
Erreur n°10 : Penser qu'un cours de sécurité en avalanche n'est pas vraiment nécessaire
On ne le répétera jamais assez : participez à un cours de sécurité en avalanche développé par Avalanche Canada. Vous apprendrez à préparer une sortie, à comprendre le phénomène d'avalanche pour mieux le répérer et à agir adéquatement en cas d'urgence.
Le CSA-1 se donne sur deux jours avec théorie et pratique. L'étape suivante, le CSA-2, se déroule sur 4 jours. Pour connaitre toutes les dates de formation : avalanchequebec.ca/education
Les bonnes pratiques
- Choisissez toujours un itinéraire d'approche sur lequel il est possible de faire demi-tour.
- Si vous devez traverser une pente à risque, demeurez à un point aussi élevé que possible ou aussi loin que vous le pouvez de la zone de dépôt.
- Évaluez continuellement le terrain, la stabilité de la neige, la quantité de neige qui pourrait éventuellement glisser sous vos skis, l'influence des conditons météo sur le manteau neigeux (vent, redoux, regel, etc.)
- Si vous êtes emporté par une avalanche, criez pour attirer l'attention, skiez en direction d'un lieu sûr, départissez-vous de vos bâtons et de vos skis, battez des jambes et essayez de "nager" dans la neige, tentez de vous agripper à un arbre, luttez pour demeurer à la surface de la neige, attrapez la bretelle opposée de votre sac à dos et protégez votre visage, essayez de garder l'autre bras à la surface de la neige.
- Si vous vous retrouvez enseveli sous la neige : dégagez une poche d'air autour de votre visage, restez calme et économisez votre souffle, et n'appellez à l'aide que lorsqu'un sauveteur se trouve proche.
Quelques chiffres qui donnent froid dans le dos
30° à 50°: ce sont les inclinaisons de pente qui sont les plus attrayantes pour de bons skieurs hors-piste, mais également les plus propices à déclencher une avalanche.
25 % des décès qui résultent d'une avalanche sont attribuables à des blessures physiques d'ordre traumatique (choc avec un rocher ou un arbre, par exemple).
Jusqu'à 15 minutes enseveli sous la neige, les chances de survie sont de plus 50 %.
Au bout de 30 minutes, les chances de survie tombent à 10 %.
Pourcentage de chances de retrouver une victime par une équipe de secours :
- 44 % à l'aide du DVA
- 35 % grâce au dernier contact visuel
- 17 % grâce à un indice à la surface (gant, ski, bâton)
- 6 % à l'aide d'une sonde
- 1 % grâce à des cris d'alerte de la victime
Toutefois, vous ne mentionnez pas le sac à dos avec air dag comme équipement augmentant le taux de survie. Le air bag permet de « flotter », de rester en surface de l'avalanche. C'est un + qui augmente le taux de suivie... mais qu'on ne veut pas se servir. Merci encore pour vos articles toujours intéressants. Pierre