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  • © Courtoisie Jérémie Bourdages-Duclot et Luc Cloutier

La traversée de la Gaspésie en bikepacking

Imaginez passer une semaine à rouler sur des chemins de terre dans la grande nature sauvage, passant de la toundra subalpine à la forêt boréale, croisant de nombreuses rivières avant de humer la brise saline en terminant le parcours en bord de mer. Tels sont les contrastes qu’offrent la Transgaspésie à vélo, un parcours de 475 kilomètres et 7000 mètres de dénivelé, entre Amqui et Gaspé.

Du 28 juin au 4 juillet 2019, les cyclistes Jérémie Bourdages-Duclot et Luc Cloutier ont parcouru de 65 à 70 kilomètres à vélo par jour, en traçant leur voie sur des sentiers hors-route de Gaspésie. « Le réseau de chemins de gravelle et de terre de Gaspésie est une mine d’or pour les bikepackers », souligne d’emblée Jérémie Bourdages-Duclot.

Au départ d’Amqui, le séjour a commencé par l’ascension du mont Logan, ou les cyclistes se sont retrouvés… les deux pieds dans la neige. En roulant à travers les chemins de quatre-roues et les routes forestières, les deux aventuriers sont ensuite passés à travers les Vallières de Saint-Réal, une section offrant de nombreux points de vue sur les Chic-Chocs, avant de longer la rivière Saint-Jean sur plusieurs kilomètres. « Quelques jours après avoir marché dans la neige dans la toundra subalpine, on profitait de la brise saline de la mer à Gaspé », souligne Luc Cloutier. Le duo a par la suite poursuivi son parcours jusqu’à Cap-Bon-Ami, dans le parc national Forillon.

© Courtoisie Jérémie Bourdages-Duclot et Luc Cloutier

« Le contraste des terrains sur lesquels on a joué était vraiment malade, note Jérémie Bourdages-Duclot. Les montagnes, les rivières émeraude et la finale en bord de mer : le trajet a tout le potentiel pour devenir un classique »

Luc Cloutier souligne pour sa part l’infinité impressionnante du territoire. « On a lâché la civilisation en partant d’Amqui et on n’a presque vu personne sur notre parcours avant d’arriver à Murdochville, pour faire un ravitaillement à l’épicerie, dit-il. Après, on est encore rentré en plein bois, jusqu’à Forillon. »

Rouler hors des sentiers battus réserve aussi quelques surprises. Par exemple, les deux aventuriers ont été réveillés en pleine nuit lorsqu’un orignal est venu lécher la tente de Luc « avec ses grosses babines », témoignent-ils.

Si les deux hommes se souviennent d’abord des bons côtés de cette aventure qui leur a permis de tracer leur propre version d’une Transgaspésie, ils ont toutefois dû faire face à quelques embûches, notamment les innombrables moustiques présents à cette époque de l’année et les longues journées à vélo, dont une de 10 heures où ils ont franchi 1700 mètres de dénivelé.

© Courtoisie Jérémie Bourdages-Duclot et Luc Cloutier

« On savait que ce serait difficile par moment et qu’on devrait pousser nos vélos, mais on a réussi à bien doser nos efforts », soutient Luc Cloutier, un comptable de 34 ans qui avait commencé l’aventure une semaine plus tôt… en partant de chez lui, à Jonquière (Arvida). Même si les distances sont impressionnantes, le corps finit par s’habituer et à s’adapter au défi quotidien de rouler près de 70 km en pleine forêt, ajoute ce dernier.

« Ce n’est pas une route techniquement difficile, même s’il faut pousser par moments, précise pour sa part Jérémie. C’est abordable et très satisfaisant, car la route réserve de belles récompenses. »


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La Gaspésie : une mine d’or de sentiers

© Courtoisie Jérémie Bourdages-Duclot et Luc Cloutier

Jérémie Bourdages-Duclot, qui est professeur d’éducation physique de 29 ans à Sherbrooke, est carrément tombé en amour avec la Gaspésie, d’abord en allant y jouer l’été en famille, puis lorsqu’il a eu sa formation de guide d’aventure à Gaspé tout en y plantant des arbres, au début de la vingtaine. Il y a deux ans, lorsqu’il a découvert le concept de bikepacking – du camping à vélo la plupart du temps hors des sentiers battus, est-il utile de le rappeler –, il a tout de suite compris que la région offrait un potentiel exceptionnel pour rouler plusieurs jours à vélo sur des chemins de terre.

« J’ai découvert plusieurs sentiers grâce au site bikepacking.com, mais on trouvait ça dommage que les sites les plus près se trouvent au Vermont ou en Ontario », dit-il. Avec deux amis, dont Luc Cloutier (et un autre qui s’est blessé avant le séjour), il a donc décidé de se lancer le défi de traverser la Gaspésie d’ouest en est, une belle alternative au classique Tour de la Gaspésie. « Je savais que la diversité des paysages offrait un potentiel de fou et qu’on devait le populariser », ajoute Jérémie.


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En croisant les informations recueillies auprès de contacts locaux (dont Bobby Cotton et Guy Bouchard) ainsi que sur les cartes topographiques, les chemins sur Google Map et sur différentes applications GPS, les cyclocampeurs ont réussi à tracer un chemin à leur mesure entre Amqui et Gaspé. Ce faisant, ils ont dû s’assurer qu’ils pouvaient bel et bien rouler dans certains secteurs du parc de la Gaspésie en s’informant auprès de la Sépaq. « On nous a ainsi informés qu’on ne pouvait pas rouler sur le Sentier international des Appalaches (SIA) », explique Jérémie.

Ce tracé n’est toutefois qu’une des options de la Transgaspésie, car on retrouve une abondance de chemins de terre, de sentiers, de routes forestières et de pistes de quatre-roues pour définir d’autres itinéraires, ajoute ce dernier.

© Courtoisie Jérémie Bourdages-Duclot et Luc Cloutier

Pour faire connaître ce classique en devenir, Jérémie Bourdages-Duclot a par ailleurs décidé de lancer un site web, question de partager les connaissances acquises lors de sa traversée. En plus de dévoiler l’itinéraire précis, il y décrit les points forts, les points de ravitaillement, les sites de camping recommandés, les vélos utilisés ainsi que plusieurs conseils pour profiter à fond de ce coin de pays, « un territoire formidable, un mélange de culture côtière et forestière, des paysages divers et spectaculaires et un incroyable terrain de jeu pour le bikepacking », selon ses dires.

Jérémie a aussi soumis son itinéraire au site bikepacking.com, mais comme ses gestionnaires sélectionnent les trajets et n’en publient qu’une poignée chaque année, rien n’est garanti. « Mais ce sera un excellent signe s'ils la choisissent », dit-il.

Le choix du vélo

© Courtoisie Jérémie Bourdages-Duclot et Luc Cloutier

Nul besoin d’utiliser un fatbike pour traverser la Gaspésie, soutient Jérémie Bourdages-Duclot, car les sentiers étaient rarement boueux. Pour maximiser ses efforts, ce dernier a plutôt opté pour un vélo de cyclotourisme, le Kona Sutra, monté sur des roues de 27,5 pouces avec pneus sans chambre à air et munis de crampons de 2,4 pouces. Luc Cloutier a pour sa part choisi de rouler sur son vélo de montagne à double suspension, un Trek Fuel Ex 7.

Côté équipement, les deux cyclistes y sont allés en mode minimaliste. Jérémie transportait son équipement dans un sac de selle, un sac de cadre et un sac étanche placé dans un panier de métal à l’avant, ainsi que dans un petit sac à dos. De son côté, Luc a ajouté deux « anything bags » sur sa fourche avant, un long sac de guidon et un sac de selle.

Info : jeremiebourdagesdu7.wixsite.com/transgaspesie

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