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  • Crédit: Pascale Lanthier-Labonté

Speedriding dans les Torngat : voler les skis aux pieds

Sorte de croisement entre le ski et le parapente, le speedriding permet de skier là où personne ne skie, mais aussi de survoler des terrains impraticables en s’envoyant follement en l’air. Survol d’une activité décoiffante qu’on peut aussi pratiquer au Québec.

Ma voile colorée au-dessus de la tête, mes skis aux pieds, je m’élance d’un sommet de la chaîne de montagne des Torngat, dans le Grand Nord québécois. Après quelques virages dans la poudreuse, je me dirige vers un précipice. Juste au moment où je m’apprête à me jeter dans le vide, je tire doucement sur les deux commandes de frein de ma voile… et je m’envole aussitôt.

La sensation de légèreté est indescriptible. J’exécute quelques tournants aériens pour suivre le relief de la falaise, et j’effectue une longue courbe à droite pour venir me redéposer sur la façade enneigée et… recommencer à skier. 

Il en ira ainsi durant des heures, jusqu’à ce que je sente à nouveau le besoin de reconnecter pour de bon avec la terre ferme, après plusieurs remontées en peaux d'ascension (et un peu en motoneige) et... plusieurs descentes exaltantes.


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Ce n’est pas d’hier que date mon engouement pour cette activité : la première fois que j’ai visionné une vidéo sur le sujet, j’ai su qu’il fallait que je l’essaie. Skier et voler, ça fait rêver! Je me suis donc rendue dans les Alpes françaises, la Mecque du genre, pour apprendre et pratiquer. Puis, je suis revenue réaliser mon rêve de m’adonner à mon sport de prédilection, chez moi au Québec. Mais au fait, qu’est-ce que le speedriding?

©Pascale Lanthier-Labonté

Cette récente façon de jouer en montagne découle du croisement entre le ski et le parapente. Initialement, les parapentistes se sont mis à décoller les skis aux pieds. Ils ont ensuite réduit progressivement la taille de leur voile afin de frôler le sol à grande vitesse. Avec des voiles suffisamment petites, il leur est alors devenu possible de skier sous voilure et de ne décoller que pour survoler les crevasses et les falaises : ainsi naquit le speedriding. À titre de comparaison, les voiles de parapente font plus de 20 m2 alors qu’en speedriding, elles mesurent de 8 à 13 m2.


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Ce sport est en train de redéfinir ce qui est réalisable en termes d’activités sportives de montagne : des terrains jugés jusqu’ici inaccessibles pour un skieur deviennent maintenant envisageables. La voile permet d’accéder à des lieux où même les meilleurs adeptes de glisse ne peuvent s’aventurer, alors que la seule issue est la voie aérienne.  

©Pascale Lanthier-Labonté

Bien que le speedriding soit considéré par plusieurs comme un sport extrême, il est beaucoup plus accessible qu’on le pense. La première école a ouvert ses portes en 2004 à la station de Valfréjus, en France. Depuis, des dizaines d’autres écoles ont commencé à offrir l’enseignement de ce sport à tout skieur de niveau intermédiaire et plus. Lors de ma formation, j’ai été impressionnée de voir des enfants d’une dizaine d’années y exceller, et même apercevoir un homme de 70 ans s’envoler du sommet après seulement trois jours de cours. La formation de base s’intègre très bien à un séjour de ski dans les Alpes.

Où speedrider au Canada?

Au Canada, le speedriding n’est permis dans aucun centre de ski, pour le moment. Toutefois, avec une expérience suffisante, il est possible de pratiquer ce sport en territoire hors-piste. Plusieurs adeptes y trouvent donc leur compte, particulièrement dans l’Ouest canadien, où les montagnes présentent des dénivelés intéressants et dénués d’arbres – ce qui est plus que souhaitable : personne n’a envie de se prendre un tronc en plein visage, en atterrissant sur ses skis.

Au Québec, la chaîne de montagne qui se prête le mieux à ce sport est celle des Torngat, mot inuktitut signifiant « lieu des esprits ». Ces montagnes sont situées à la frontière entre le Nunavik et le Labrador, en zone de toundra arctique, et donc au-dessus de la ligne des arbres. De par son caractère vierge et sauvage, cette chaîne de montagne est un terrain de jeu mythique dans l’imaginaire de plusieurs passionnés d’aventure et de plein air. Voilà donc pourquoi j’ai décidé d’aller y tracer mes premières lignes de speedriding québécois… et que je risque fort d’y retourner!

Quelle est la différence entre le speedriding et…

-le speedflying? Dans ce sport, le décollage se fait à pied, sans skis. Il n’y a pas de contact avec le sol jusqu’à l’atterrissage final, le but étant de suivre le relief en descendant rapidement au ras du sol;

-le kiteski (paraski ou ski cerf-volant)? La voile permet de se faire tracter sur la neige, par la simple force du vent. Bien qu’il soit possible d’effectuer des prouesses aériennes, le but d’utiliser cette voile n’est pas de s’envoler mais bien d’avancer.

À savoir

Du côté québécois, les Torngat font partie du parc national de Kuururjuaq. L’hiver, Parcs Nunavik y organise des séjours à partir du village inuit de Kangiqsualujjuaq, situé sur la côte est de la baie d’Ungava. Pour s’y rendre, il faut prendre un vol d’Air Inuit en provenance de Kuujjuaq (environ 400 $ allez-retour). Un truc à savoir pour gagner Kuujjuaq, depuis Montréal : ce vol coûte très peu de points Aéroplan, puisqu’il est considéré comme un vol situé à l’intérieur du Québec.

Pour aller plus loin

-The Unrideables : Alaskan Range (Redbull.tv)

-Parcs Nunavik

-Air Inuit 

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