L’ascension à ski dans la peau
Au Québec, l’engouement pour le ski de montagne se propage à la vitesse d’une avalanche. Mais qu’est-ce qui fait donc déferler la vague skimo?
Auparavant chasse gardée d’irréductibles aventuriers en terrain isolé, le ski de montagne est plus que jamais accessible sur le vaste terrain de jeu québécois. L’offre se développe rapidement et il n’est désormais plus nécessaire d’avaler des kilomètres pour avoir « sa » trace dans l’or blanc, comme en fait foi l’ajout d’un secteur hors piste au parc national de la Jacques-Cartier, près de Québec.
Même la Fédération de la montagne et de l’escalade (FQME) se joint à l’aventure en proposant une couverture d’assurance invalidité et responsabilité civile et en ajoutant à son offre deux sites homologués, situés près de Maria et de Gaspé.
Souvent désigné sous le nom de ski de haute route, randonnée alpine ou ski touring, le ski de montagne consiste à gravir soi-même la pente à dévaler. Il rejoint les intérêts des amateurs du télémark, qui font eux aussi partie de cette communauté assoiffée de découvertes et d’espaces immaculés à explorer le talon en pleine liberté… du moins en montée.
La popularité du ski de montagne s’explique entre autres par l’appropriation par les skieurs de leur endroit de prédilection, loin des foules et du tapis damé. L’effort consenti pour y parvenir assure une récompense de taille : quantité impressionnante de neige, possibilités de trajets infinies et maximum de liberté séduisent les amants de la glisse.
Une certaine révolution marque aussi l’équipement. Les nouveautés favorisent en effet une relative facilité en montée, considérant les efforts à déployer. Les ensembles offerts sur le marché ont d’ailleurs contribué à faire émerger une communauté particulièrement dynamique, qui ne craint pas la souffrance pulmonaire… ou musculaire.
Épicuriens à tendance masochiste?
Il faut vouloir (et pouvoir) suivre Jeff Rivest et les instigateurs du championnat SkimoEast – notamment la cycliste Lyne Bessette et autres ultracoureurs – pour bien saisir l’essence du skimo. Naturellement entourés de sportifs obsédés par l’endurance, ces derniers sont aussi accros à la découverte de régions peu fréquentées.
Car la progression en montagne avec des skis munis de peaux de phoque (en référence aux premières peaux d’ascension confectionnées avec le poil de cette bête, glissant d’un sens mais adhérent de l’autre) n’est pas de tout repos.
Appelé fitness skiing chez nos voisins du Sud, le skimo est l’apanage des canons du VO2 max tels Kilian Jornet. « C’est cependant au rythme de chacun : comme dans n’importe quelle discipline, il y a des adeptes de la performance » explique Jeff Rivest, soulignant que des gens de tous âges et de toute condition physique participent aux compétitions.
Prétexte pour garder la forme en période hivernale, ou encore pour découvrir les domaines skiables quasi gratuitement, le skimo jouit d’une grande popularité. Au Québec, l’héritage du ski alpin et la tendance à la mise en forme y sont pour beaucoup. Fondeurs, coureurs et autres sportifs y trouvent un dépassement physique menant à une satisfaction garantie.
Randonnées sur mesure
Cela dit, les curieux qui désirent s’initier ne doivent pas nécessairement posséder un cardio béton et un suit en lycra. De nombreuses formules destinées au baptême de l’arrière-pays sont proposées, notamment en version motorisée, du côté du Massif du Sud, à Saint-Philémon-de-Bellechasse. On propose ici des remontées en catski (une chenillette), repas du terroir sous la tente prospecteur et souvenirs vidéo parfois compris. « Le catski Safari permet d’effectuer une douzaine de descentes; les first tracks sont garanties » explique Luc Malovechko, directeur général du domaine.
Mais pour quiconque tient à mériter chacun de ses virages, ce n’est pas le choix qui manque. Des exemples? À une heure de Montréal, le défunt Mont Alta s’est ainsi transformé en havre de découverte hors piste, en 2015. En l’absence de remontée, la seule affluence observée se trouve… dans le stationnement. « L’inclinaison, la qualité des sous-bois et surtout l’accessibilité de la montagne en font la destination de choix pour une initiation », dit Jason Hodkin, nouveau proprio de cette station de Val-David.
Il ajoute qu’une bonne partie de sa clientèle s’y entraîne avant d’aller dévaler les Chics-Chocs, la chaîne gaspésienne demeurant évidemment synonyme de skimo et de ski hors piste québécois et seul endroit au Québec où l’on dévale les pentes jusqu’en juin. Un autre avantage qui s’ajoute à cette activité en pleine ascension et… dont on n’a pas fini d’entendre parler.
9 domaines où laisser sa trace
- Mont Alta, Laurentides
- Mont Édouard, Saguenay – Lac Saint-Jean
- Chic-Chocs, Gaspésie
- Massif du Sud, Chaudière-Appalaches
- Vallée Bras-du-Nord, région de Québec
- Parc national de la Jacques-Cartier, région de Québec
- Val d’Irène, Gaspésie
- Le Massif de Charlevoix
- Ski La Réserve, Saint-Donat
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Des planches aux pieds, mais…
Qu’est-ce qui distingue les nombreuses déclinaisons du ski hors balises? Toutes se pratiquent pourtant sans remontées mécaniques…
– Le ski de haute route est nommé ainsi en l’honneur du tracé européen Zermatt-Verbier (4316 m à son point culminant). Si de telles altitudes n’existent pas ici, l’appellation est conservée et fait référence au long trajet précédent la descente.
– Le ski de randonnée est une activité de loisir, cousine du ski de fond. Les équipements sont plus légers, moins destinés à une descente agressive.
– La randonnée alpine (ou ski de randonnée alpine) reprend les techniques du même nom, c’est-à-dire l’utilisation de crampons sur les skis et de piolets pour gravir de forts dénivelés.
– Finalement, le ski mountaineering a vraiment un penchant vers la performance, voire la compétition. Au Québec et aux États-Unis, il se pratique majoritairement dans ou à proximité des stations de ski.
À votre agenda
De janvier à avril, SkimoEast organise des courses de ski de montagne presque tous les week-ends, un peu partout au Québec et jusqu’au Vermont.
skimoeast.com
En janvier, Tremblant propose la troisième édition de son Festival rando alpine. Au programme : randonnée à l’aube pour voir le lever du soleil depuis le sommet, ascension du mont Tremblant avec souper-fondue, course chronométrée, etc.
tremblant.ca
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