Faire de la pluie du bon temps
Les journées pluvieuses ralentissent votre enthousiasme? Loin de vous l’idée de braver l’extérieur et de profiter des plaisirs de l’environnement lors d’une ondée? Qu’à cela ne tienne, voici quelques conseils pour marcher sous l’averse.
Il pleut… et alors?
Les précipitations sont une condition à laquelle les amoureux de plein air ne peuvent se soustraire. Nombre d’entre eux vous le diront, quand on est bien préparé et qu’on affiche d’emblée une attitude positive, la randonnée peut s’avérer agréable, même sous une pluie diluvienne! Une ondée peut révéler une nature miroitant des charmes uniques : nos sens aiguisés y perçoivent des odeurs décuplées. Les rais de lumière s’y réfractent voilés de mystère. La vie sauvage s’y anime autrement. Et si vous tentiez de changer votre rapport avec la pluie?
Avant l’averse : la préparation
L’essentiel est d’être bien préparé. Pour commencer, il importe de faire la distinction entre vêtements imperméables à l’eau et ceux perméables à l’humidité corporelle. Les impers à enduits de polyuréthane n’étant pas respirants, on les réserve pour des activités plus statiques, tels le canot, la pêche ou l’observation de la faune. La coquille imper-respirante, plus coûteuse, est privilégiée pour les sorties actives. Constituée d’une membrane microporeuse laminée d’un tissu criblé de pores, elle favorise l’évacuation de la sudation en empêchant toutefois l’eau d’y pénétrer. Avec le traitement déperlant, plutôt que d’imprégner le tissu, l’eau s’écoule sous forme de perle. Pour comprendre son le principe de la membrane on peut la comparer à « un grillage de cellules losangiques : la gouttelette de vapeur d’eau, émise par la sueur, aurait la grosseur d’une bille qui passerait au travers et pourrait s’en échapper, alors que la goutte d’eau serait de la taille d’une balle molle qui elle ne pourrait traverser », explique Émilie Dubé de chez Mountain Equipment Co-op (MEC). Il existe une variété de coquilles souples ou rigides laminées de type Gore-Tex, Pertex Shield+, Dry.Q, eVent ou de nombreuses autres technologies microporeuses similaires. La plupart des marques ayant leur propre membrane, il est préférable de vous faire conseiller selon vos besoins spécifiques; tout en gardant à l’esprit que tout imper-respirant a une capacité limitée. Rester au sec peut parfois être un défi impossible. Mieux vaut alors s’avouer d’avance vaincu et admettre que nous allons être trempés!
Exit le coton! D’autant plus long à sécher une fois mouillé, il absorbe l’humidité corporelle et la retient au lieu de l’évacuer. Préférablement, on privilégie une couche de base en laine mérinos qui régule efficacement la température. Idem pour les chaussettes, respirantes et confortables. Si ce type de vêtements prend plus de temps à sécher, « On peut les enrouler dans la serviette afin d’en imbiber l’excédent et d’accélérer le séchage », suggère encore Émile Dubé. Quant au bon vieux poncho, il peut être pratique pour se protéger en cas de fortes averses, mais créera rapidement un effet « sauna » inconfortable et protègera peu du vent. Une alternative intéressante de par sa double fonction pour la longue randonnée : la bâche-poncho, comme celle imprégnée de silicone de Integral Designs.
Même si c’est censé être le cas, ne pas tenir pour acquis que votre sac est hydrofuge. Il vaut mieux doubler l’intérieur avec un sac à ordure ou une doublure en silicone et, en cas de précipitation continue, user du protège sac. S’équiper d’étuis imperméables ou de sacs Ziploc pour garder cartes et matériel électronique au sec est une précaution sensée, surtout durant les longues randonnées. On peut également y glisser les accessoires légers et une indispensable miniserviette ultra-absorbante en microfibre. Évitez d’ouvrir votre sac inutilement, sinon le taux l’humidité à l’intérieur augmentera. Utilisez plutôt les poches extérieures ou vos propres poches pour ranger vos collations.
Le défi : éviter l’humidité!
Pour se faire, on prend soin de gérer autant l’humidité sur soi que dans le sac à dos. Afin d’assurer une meilleure respirabilité, on utilise les évents sous les aisselles et on resserre les manches aux poignets à l’aide des Velcro. Lors de pluie battante, une casquette sous la capuche favorisera une meilleure visibilité. Pendant les longues randonnées, laissez vos effets mouillés dans le vestibule de la tente, idéalement suspendus. Une fois au sec, on y reste!
L’entretien des vêtements n’est pas à négliger. Malheureusement, on a tendance à le faire, en se disant qu’ils ont déjà passé un bon moment sous l’eau et « on pense parfois qu’on va abimer notre coquille ou imper parce qu’on le lave. Au contraire : il est important de débloquer les pores où se sont accumulés sébum, sueur et saleté, et de renouveler le traitement déperlant durable (TDD) », insiste Émilie Dubé. On ajoute un déperlant à l’eau de lavage, après avoir pris soin de nettoyer la cuvette des résidus de détergents commerciaux, ou on l’applique à l’aide d’un vaporisateur sur le vêtement mouillé. Pour accélérer le séchage des bottes, on peut utiliser un vieux truc en les bourrant de papier journal!
Quelques précautions
En cas d’orage, il est important de ne pas paniquer. « Les accidents liés à la foudre sont rares. Le premier réflexe devrait être de trouver un endroit où nous ne sommes plus exposés. Surtout ne jamais se cacher sous un arbre solitaire ou sous l'arbre le plus haut de la forêt, c’est bien connu », conseille Carole Roy, directrice et guide adjointe chez Détour Nature. Sur un terrain découvert, il vaut mieux s’accroupir en gardant les deux pieds ensemble. Idéalement, afin d’éviter de glisser, on mise sur des bottes avec semelle en caoutchouc de carbone, dotée de stries dans le cas de sandales, comme les Clearwater CNX de Keen, qui assureront une bonne traction et seront utiles durant la traversée de rivières à gué. D’importants dénivelés en vue? « Des bâtons, des bâtons et encore des bâtons! », insiste Carole Roy. Ils serviront aussi à mesurer la profondeur et déterminer la nature du fond du lit avant de prudemment passer une rivière à gué, la pluie ayant un impact direct sur la vitesse et le volume des cours d’eau. Finalement, ce n’est pas parce qu’il pleut qu’il faut négliger de s’hydrater et de bien s’alimenter pour régulariser la température de son corps!
Et les tout-petits dans tout ça?
Moment idéal pour leur montrer que la pluie n’est pas à craindre et qu’on ne peut l’éviter! Pour se faire, on l’apprivoise! Manon Simard du site Ti-Mousse dans la Brousse suggère de choisir une activité qui respecte le rythme de l’enfant avant de partir pour une balade sous une pluie plus modérée : « il faut faire preuve de simplicité et commencer par apprendre à aimer la pluie avec un discours positif auprès des enfants en favorisant les découvertes dans un milieu contrôlé. » Afin de motiver les petits, on stimule leur curiosité avec des missions près de la maison, on les récompense et on s’amuse! « Sauter dans les flaques, oser se salir, toucher et goûter la pluie, remplir des chaudières, prendre des vers de terre, partir à la chasse aux escargots, regarder sous une feuille et suivre des cours d’eau », propose-t-elle. Voilà autant d’activités à intégrer ensuite à nos randonnées!
Conseils (en anglais avec sous-titres en anglais) Dave Collins, de cleverHiker.com, Learn to love backpacking in the rain / Apprendre à aimer la randonnée sous la pluie
regards
1. "Le premier réflexe devrait être de trouver une cavité". La protection sous une cavité ne sera efficace
que si cette cavité est profonde. Le lien vers cleverhiker.com épisode 12 dit exactement ceci : "Never seek
shelter in open structures like picnic pavilions or shallow caves. They won’t protect you from a lightning
strike and they may even attract lightning."
2. "Ne jamais se cacher sous les arbres". Il faudrait plutôt dire de ne pas se cacher sous un arbre
solitaire, ou dans une forêt près du plus grand arbre. Donc une forêt dense dont les arbres ont à peu près la
même taille est idéale. La même référence dit ceci : "Take shelter in a low stand of trees and avoid touching
any tree trunks. Never seek a dry shelter under a lone tall tree. That’s just about the most dangerous place
you could be."
3. "Sur un terrain découvert, il vaut mieux s’accroupir ou même s’allonger à terre". S'allonger est la
position la plus dangereuse en raison de la différence de voltage entre les 2 points les plus éloignés du
corps. ON doit s'accroupir en gardant les 2 pieds ensemble. Consulter la vidéo suivante et le site du Centre
canadien d'hygiène et de sécurité au travail : http://www.cchst.ca/oshanswers/safety_haz/lightning.html
Vidéo à consulter : "NOLS Myths Crusher: Lightning". https://vimeo.com/59240297 Le NOLS est le National
Outdoor Leadership School.
Plusieurs livres intéressants à consulter à ce sujet : "Wilderness medicine" de Tod Schimepfenig Ed. NOLS.,
"Lightning strikes" de Jeff Renner, ed The Mountaineers Books, "The Backpacker's Field Manual" de Rick
Curtis, ed. Princeton University Outdoor Actio