S'initier au triathlon après 50 ans
Vous pensez que s'initier au triathlon passé 50 ans est utopique? « Pas du tout, si vous êtes en santé, c'est peut-être même une très bonne idée, car chaque discipline travaille des muscles différents tout en diminuant vos risques de blessures », affirme la coach Anastasia Polito. Certains s'y initient même à leur retraite.
C'est le cas de Georges Lizotte, un retraité de 70 ans, qui a toujours été actif. À l'âge de 66 ans, il a accepté de relever le défi lancé par son fils Patrick, de faire un premier triathlon sprint. Au moment d'écrire ces lignes, il avait 18 triathlons sprint à son actif, dont le dernier en liste, les championnats du monde de Londres où il s'est classé meilleur Canadien chez les 70-74 ans et 16e au monde. Pas mal pour quelqu'un qui ne pratique la discipline que depuis quatre ans! Il trouve que son entrainement est une belle motivation pour ses petits-enfants qui l'encouragent et suivent ses performances de près. D'ailleurs, quand sa petite-fille Marianne avait six ou sept ans, ils ont fait un triathlon en famille avec trois générations de Lizotte, lui, sa fille Martine et Marianne. Il s'entraine seul sauf pour la natation qu'il fait avec les maitres nageurs. L'hiver, comme il est en Floride, il fait ce qu'il appelle son « camp d'entrainement » en pratiquant chaque jour, une des trois disciplines. Son médecin l'encourage à continuer, car il n'a jamais été aussi en forme!
Geneviève Lefebvre, 50 ans, a pour sa part réalisé son premier triathlon sprint en septembre dernier à l'âge de 50 ans. C'est un défi lancé entre amis lors d'un party qui a lancé le bal. Après l'euphorie d'avoir dit « oui » à ce défi, Geneviève et ses amis ont vite réalisé que la plupart d'entre eux ne savaient pas vraiment nager. Ils ont donc trouvé une coach. Avec l'aide de Jaime, Geneviève a appris en deux mois l'essentiel pour se sentir à l'aise lors du départ de son premier triathlon. À la course, elle avait déjà ses coachs Peter Korsos et Pia Nehme et pour le vélo, elle n'a pas vraiment suivi de programme si ce n'est les conseils prodigués par son ami Stéphane Marzotto, un coureur cycliste d'expérience à qui elle donnait rendez-vous sur le circuit Gilles-Villeneuve. Coureuse ayant plusieurs marathons à son actif, Geneviève a vite réalisé que les trois sports étaient très complémentaires et que la variété était bénéfique à ses entrainements. Elle a tellement aimé l'expérience, qu'elle s'est déjà inscrite pour un triathlon olympique en septembre et un Ironman 70.3 à Miami à la fin octobre. Pour elle, l'âge est relatif : « Si tu as le gout d'apprendre, il n'y a pas de raison pour que l'âge soit un handicap ».
Jean-Philippe Leblanc a 55 ans. Il a commencé à s'entrainer pour les triathlons à 41 ans. Déjà très sportif, c'est en regardant les accomplissements des Ironman à la télévision qu'il a dit à ses enfants qu'un jour il en ferait lui aussi. La première année, il a fait trois triathlons et la deuxième année, il gagnait une loterie qui lui permettait de participer au célèbre Ironman de Kona sans avoir à se qualifier. Un défi un peu fou, car il n'avait jamais parcouru aucune des distances requises pour le Ironman et jamais nagé dans la mer. Il a quand même décidé de relever le défi et c'est avec une grande fierté qu'il a franchi la ligne d'arrivée. Jean-Philippe est un excessif, on ne vous recommande donc pas de faire comme lui, mais n'empêche que depuis, il a fait 16 Ironman! Selon lui, un des avantages de se lancer dans les triathlons en étant plus vieux, c'est que l'on est en général plus sage et qu'avec l'expérience on sait mieux comment gérer son énergie et son alimentation. Dans son cas, c'est d'être patient et de ne vraiment ouvrir les machines que dans les derniers 20 km de course. Son objectif cette année sera de se classer pour les championnats du monde Ironman 70.3 à Tremblant en septembre 2014. Il s'entraine avec le club de triathlon Les Antilopes, car il aime partager cette belle folie avec d'autres passionnés comme lui.
La coach Anastasia Polito, du Club de triathlon 3 Vitesses, entraine plusieurs personnes de plus de cinquante ans : « Comme le triathlon est une combinaison de trois sports sollicitant des muscles différents, c'est moins dur sur les articulations que de seulement courir. C'est donc possible de le pratiquer à tout âge. L'important est d'y aller lentement, dit-elle. Le temps de bâtir la base, surtout si l'on ne s'est pas entrainé depuis plusieurs années. En vieillissant, il devient impératif de respecter son corps et de s'accorder un peu plus de temps pour la récupération, car elle est plus longue que lorsque l'on a vingt ans. » Elle encourage les débutants à travailler avec un coach ou à joindre un club pour être bien conseillés et partir du bon pied. Un coach peut nous donner des trucs sur notre technique et nous aider à être plus efficaces et à éviter les blessures. Participer à un camp d'entrainement ou à des cliniques pour apprendre comment faire les transitions peut aussi être utile. Sinon, si l'on s'entraine en piscine, il faut idéalement pratiquer quelques fois dans un lac et simuler la transition entre la natation et le vélo.
Ce qui est important lors des transitions, c'est de réduire la vitesse pour permettre au corps de s'adapter. « Passer de la natation au vélo est un gros stress pour le corps », dit Anastasia Polito. « Quand on se met debout après avoir nagé, nos pulsations augmentent d'au moins 25 %. Le mieux est de marcher jusqu'au vélo ou de courir très lentement. Quand on embarque sur le vélo, on se met sur le petit plateau et on augmente la cadence graduellement, même chose pour la transition vélo-course, où il est recommandé de courir lentement au début pour ensuite prendre son rythme de croisière. Cela évite ainsi d'accumuler trop d'acide lactique. »
Bien entendu, comme dans toute autre discipline, il est recommandé d'augmenter vos distances progressivement en commençant par un Try-a-tri ou un triathlon sprint pour éventuellement faire un triathlon olympique et un demi-Ironman, si tel est votre désir. L'important en fin de compte, c'est d'avoir du plaisir à vous entrainer!
5 conseils de coach pour se lancer dans les triathlons après 50 ans.
- Écoutez votre corps, avant, pendant et après l'entrainement.
- À partir de 50 ans, c'est de plus en plus important de bien se nourrir, de s'hydrater avant et pendant les compétitions et d'incorporer des routines pour travailler sa flexibilité afin d'éviter les blessures.
- Aller chercher l'aide d'un coach ou s'inscrire dans un club de triathlon pour apprendre les bases techniques dans les trois disciplines. Participer à un camp d'entrainement peut aussi être utile si l'on s'entraine surtout seul.
- Avoir un plan. Commencer son entrainement pour le triathlon au moins quatre mois avant votre première compétition. Au début, mettre principalement l'accent sur les bases.
- Gardez le sourire et amusez-vous!