Trop de courses?

En 2013, on comptait 110 nouveaux événements de course à pied au Québec pour un total de 458 rencontres de coureurs. En 2014, le total devrait être de 570. Y en a-t-il trop?

« On va se piler sur les pieds! En fait, on a déjà commencé à se piler sur les pieds! », s’inquiète Jean-Pierre Champagne, responsable du circuit Endurance depuis plus d’une vingtaine d’années.

« La croissance est à peu près linéaire pour les événements de course traditionnels, et carrément exponentielle pour celles thématiques comme les courses à obstacles. Et ça ne ralentit pas encore! », confirme Réjean Gagné, fondateur de ISKIO.CA. « Cette évolution ne se fait pas sans heurts, c’est évident. On sent des frictions entre les groupes. Logiquement, on devrait assister à une certaine cannibalisation dans les années à venir », confie le mordu de statistiques.

Compétition hors route

Cette explosion des réunions d’amoureux du dépassement de soi suit pourtant la demande. En 2013, on comptait 215 000 coureurs et participants aux divers rencontres québécoises, contre 103 100 deux ans plus tôt. En 2014, on estime à au moins 250 000 le nombre de coureurs assoiffés d’asphalte qui aura terminé une des courses à pied au calendrier québécois.

L’offre suit la demande, mais va-t-elle trop loin?

Frédéric Houde, directeur du circuit des Courses Gourmandes le croit: «  Oui, il y a trop d’événements. Même nous, on est passé de trois à six cette année, dont trois en même pas un mois et rapprochés géographiquement. Les gens doivent choisir : on ne s’aide pas! »

« Dans mon propre circuit, on avait trois courses la même journée. Ça, ça commence à me chatouiller. Les conflits de date sont un vrai problème. Les coureurs s’éparpillent », témoigne Jean Claude Arsenault, directeur du Circuit provincial. Bien qu’aucun organisateur ne pense que cet engouement pour la course à pied ralentisse drastiquement dans les prochaines années, plusieurs s’inquiètent de la motivation des organisateurs à suivre le rythme de la diversité.

C’est que les circuits de course à pied lancent de plus en plus d’événements pour s’inscrire au calendrier, mais bien que leur nombre de participants totaux soit en croissance, on remarque cette année (et pour une première fois dans les cinq dernières années) l’absence de croissance, voire même des baisses de participation à certaines rencontres ponctuelles.

« On l’entend dans le milieu, et ça se sent. On met beaucoup d’énergie à les organiser et on s’essouffle : est-ce que ça vaut la peine de mettre en place autant d’événements qui ne rapportent pas? », questionne Frédéric Houde, directeur des Courses Gourmandes, qui prévoit d’ailleurs réduire son nombre de courses en 2015.

Plus pour le coureur?

Sans surprise, les coureurs sont les grands gagnants dans ce portrait. Rares sont ceux qui se plaignent d’avoir l’embarras du choix! Il y a bien quelques nostalgiques qui s’ennuient des grands rendez-vous rassembleurs « d’antan » (il y a à peine cinq ans!), mais la plupart se réjouissent d’une telle diversité dans le choix des épreuves pour meubler leur saison de course à pied.

Il est désormais possible pour un coureur de piger dans le calendrier de courses à pied pour trouver un événement à la date qu’il souhaite, à un emplacement qui lui apparait pratique et au concept qui lui convient. Il y a de tout pour tous : des courses à obstacles avec zombie aux courses sur route rapide et sans chichi.

Et quand on dit qu’il y a de tout, c’est qu’il y a vraiment de tout! Cette jungle fait quelques mécontents dans le grand bassin de coureurs. Certains s’aperçoivent après coup que les 10 kilomètres auquel ils avaient participé tiraient plutôt vers neuf ou que leur course n’a pas été chronométrée.

« Il y a beaucoup d’événements, mais leur qualité varie énormément. Tout le monde se lance dans l’organisation de courses à pied, sans nécessairement connaitre ça. Il y a pas mal d’improvisation», remarque Réjean Gagné.

Judith Lefebvre, coordonnatrice provinciale en course sur route à la Fédération d’athlétisme du Québec a remarqué cet amateurisme, mais aussi une volonté de bien faire les choses : « Beaucoup plus d’organisations utilisent nos services de soutien, surtout pour la logistique technique. »

Se retrouver dans la « jungle »

- Vérifiez si l’épreuve est sanctionnée par la Fédération d’athlétisme du Québec. Vous vous assurez alors d’un parcours au kilométrage exact et aux normes de sécurité élevées.
- Consultez les résultats des années passées pour avoir une idée de l’ampleur de l’événement et de son calibre.
- Regardez les « plus » qui encadrent la course : vous attendez-vous à recevoir une médaille de participation? Un gouter copieux? Un service de navettes? Évaluez si vous en avez pour votre argent selon vos attentes.
-Lisez les commentaires des pages Facebook des événements : une mine d’or pour avoir l’heure juste!