Nomades des neiges : la vanlife, même en hiver
Qu’ils soient avides de poudreuse, adeptes du minimalisme ou maniaques de liberté, ces nomades québécois ont choisi de troquer leur loft ou leur chalet douillet contre une fourgonnette aménagée quatre saisons. Chaque hiver, ils font leurs provisions de liquide antigel, enfournent leurs skis, leur snowkite ou leurs raquettes dans le coffre arrière et partent à l’aventure.
Chasseurs de poudreuse
En août 2017, Isabelle et Antoine ont tout quitté (maison, emploi, famille) pour emménager dans une fourgonnette aménagée et vivre à l’année de leurs deux passions : le vélo de montagne en été et le ski de rando l’hiver. Après avoir testé leur maison mobile par -30 ºC dans les Chic-Chocs (ils ont réussi à maintenir une température de 20 ºC à l’intérieur de leur van), ils ont pris la route de l’Ouest en quête de sommets.
« Le but principal de l’achat de notre van, c’était vraiment de vivre le plein air tous les jours de l’année, pas seulement les fins de semaine, pour skier et rider le plus possible », expliquent les deux fondateurs du site FarOutRide.com.
© Far Out Ride
Devenus de vrais chasseurs de poudreuse, ils ont roulé partout où l’on annonçait une tempête pour être les premiers à faire leurs traces en ski de rando. « Faire sécher ton linge humide après une journée de ski dans les 8 m2 d’espace de vie que tu as dans ta van est un sacré défi, mais on a inventé tout un tas de techniques au fil des années. » Toujours au chaud grâce à un système de chauffage Webasto (voir les détails dans nos conseils ci-dessous), ils estiment que la découverte constante de nouveaux sites de glisse vaut assurément quelques compromis sur le plan du confort.
Pas moins de 80 000 km et trois hivers après avoir quitté leur vie sédentaire dans les Laurentides, ils s’apprêtent à passer les prochains mois à dormir au pied des montagnes de Revelstoke, un endroit qui reçoit 6 m de neige annuellement, en Colombie-Britannique. « Cette année, le confinement nous a appris que c’est parfois bien agréable de rester un peu plus longtemps au même endroit, au lieu d’être toujours sur la route. » Surtout quand ce lieu est le plus enneigé de tout le Canada!
Maniaque de liberté
© Frédéric Dion
La fourgonnette de l’aventurier Frédéric Dion, qu’il a lui-même aménagée, est, de ses propres mots, « un camp de base avancé pour aventures hivernales ». Avec son raft et son kayak sur le toit, sa voile de kite et ses skis dans le coffre, il parcourt le Québec, la fin de semaine ou parfois plus longtemps, dans sa maison roulante, et ce, en toute LI-BER-TÉ. Car c’est ce mot qui revient le plus souvent dans sa bouche quand il en parle.
« Une van, c’est la liberté de dormir (presque) n’importe où sans déranger ni se faire déranger. C’est la liberté d’apporter une tonne d’équipement sans manquer d’espace. C’est aussi la liberté de manger une bonne fondue au fromage maison après une journée de ski, directement en bas de la montagne, dans le confort de son camion. »
Le confort de sa fourgonnette est pour lui un grand luxe, si on le compare à celui du camping d’hiver qu’il avait l’habitude de faire avant l’achat de son véhicule. « Mes filles ne voient même pas l’intérêt de dormir au chaud à l’intérieur, car elles ont l’habitude de camper en igloo depuis qu’elles ont trois ans », s’amuse-t-il.
À l'hiver 2019, l’aventurier comptait bien se rendre avec sa fourgonnette au lac Saint-Jean pour aller y pratiquer le ski cerf-volant (kiteski), puis pousser jusqu’au Saguenay et dans la vallée de la Jacques-Cartier pour aller tâter du piolet en escalade de glace. Mais en gardant, bien sûr, toujours de la place pour l’improvisation.
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Les Escargots Givrés
© Escargots Givrés / Safari Condo
Michèle Nadeau, Denis Drouin, François Laforêt et une vingtaine d’autres propriétaires de Safari Condo se rassemblent chaque hiver pour former la communauté des Escargots Givrés. Ensemble, ils organisent des week-ends de plein air au cours desquels ils se retrouvent pour faire de la raquette au Centre Bec-Scie, au Saguenay; de la luge au Domaine du Radar, dans Chaudière-Appalaches; ou encore du ski de fond au mont Sainte-Anne, près de Québec.
Le samedi matin, ces lève-tôt sortent de leur coquille roulante dès l’aube pour profiter « de la meilleure neige ». « On est tous des gens très actifs et, grâce à notre van, le budget pour nous déplacer ou nous loger n’est plus un problème », explique François Laforêt, propriétaire d’un motorisé classe B converti. « La plupart du temps, on demande poliment si on peut dormir dans le stationnement d’une école, d’un centre d’achat ou d’une station de ski, et ça ne pose aucun problème; en hiver, on ne peut pas dire que l’achalandage soit un problème, la nuit », poursuit Denis Drouin, l’heureux propriétaire de « 400k », le surnom affectueux qu’il a donné à son véhicule affichant plus de 400 000 km au compteur.
Le soir, après une journée sportive et un bon souper entre Escargots Givrés, chacun retourne dormir dans son « chalet sur roues ». Tous partagent un amour inconditionnel pour la vie simple en hiver. « Un tiers de la planète vit dans des conditions beaucoup moins confortables que nous dans notre van, relativise Michèle Nadeau, conjointe du fondateur de l’entreprise Safari Condo. Avec une chaufferette et une paire de chaussons, on se sent presque aussi bien qu’à la maison. »
Adeptes du minimalisme
« La vanlife, c’est revenir à l’essentiel », croit Sébastien Hébert, qui utilise sa fourgonnette 12 mois par année depuis près de 15 ans. Pas de réservation d’hébergement des semaines à l’avance, pas de budget vacances strict, souvent pas de connexion cellulaire... Il n’y a qu’à se faire discret là où on dort et à savourer une bonne pizza maison (cuisinée sur une plaque en fonte directement dans la fourgonnette) après une belle journée d’activités.
Sébastien et sa conjointe sont passionnés de rando en raquettes et crampons. Tous deux passent donc leur hiver à rouler en direction du mont Washington, de la Vallée Bras-du-Nord ou encore des Laurentides pour chausser leurs raquettes directement à la porte de leur chez-eux. « On me demande souvent quels sont mes endroits secrets pour dormir près des sentiers. Je pense que la vanlife est un apprentissage et que chacun doit découvrir ses propres spots. D’abord pour éviter qu’on se retrouve tous au même endroit et que ça gêne les résidants locaux, mais aussi, et surtout, parce que chercher et trouver un petit coin parfait pour passer la nuit, ça fait partie de l’expérience de la vanlife : savourer les choses simples de la vie. »
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