La traversée du Canada à vélo, de Vancouver à Montréal
Il y a quelques années, j’ai traversé le Canada à vélo, de Vancouver à Montréal, avec mon copain Samuel. En transportant avec nous notre petite tente, nos effets personnels et notre nourriture, nous avons parcouru 5 000 kilomètres en 49 jours (dont 5 jours de congé). Voici mes recommandations si une telle aventure vous intéresse!
La préparation avant le voyage
C’est certain qu’il faut se préparer physiquement avant un tel voyage. Ne parcourt pas 5 000 km à vélo qui veut! Avant de partir, faites quelques randonnées à vélo de plus de 100 km et testez votre équipement. Je dois admettre, par contre, que nous ne sommes pas un grand modèle à suivre à ce niveau-là, car c'est sur un coup de tête que nous avons décidé d'entreprendre ce périple. Nous avons acheté nos billets d’avion et deux semaines plus tard, nous atterrissions à Vancouver! Cependant, nous étions conscients de l’ampleur du projet dans lequel nous nous lancions puisque nous avions déjà fait plusieurs voyages à vélo auparavant.
Les premiers jours sont toujours très difficiles dans un voyage de cyclotourisme, peu importe la destination, mais le corps finit par s’habituer. Au début, après 80 km de vélo, le corps dit qu’il en a assez, et la tête aussi, par moments. Mais après 10 jours, ça devient normal de pédaler 120 km au quotidien. C’est juste un autre mode de vie, une autre façon de vivre.
Pour ce qui est de l’hébergement, il n’est pas nécessaire de réserver les campings à l’avance. Comme les distances parcourues chaque jour varient selon la météo et les routes choisies, je vous recommande de simplement téléphoner le matin même au camping où vous voulez dormir le soir. En général, les gens éprouvent de la sympathie pour les cyclistes en voyage et ils vous feront certainement une place dans leur camping.
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Les essentiels
Pour une telle aventure, mieux vaut voyager léger, bien qu'il faille tout de même apporter quelques essentiels. Assurez-vous d’avoir un bon vélo de type cyclotouriste qui pourra supporter une charge de bagages assez lourde. Pour ma part, j’avais cinq sacoches sur mon vélo (trois à l’arrière et deux à l’avant). Les clips aux pédales sont aussi un incontournable pour gravir des côtes avec autant de bagages, selon moi. Cela veut donc dire une paire de souliers de vélo et une autre pour marcher.
Pour le matériel de camping, allez-y avec la base. Idéalement du matériel léger et compact : tente, sac de couchage, matelas, réchaud, bonbonne de propane, couverts, chaudron. Pour les vêtements, il faut être prêt à affronter toutes les températures. Dans les Rocheuses, nous avons eu droit à des nuits à 5 degrés et dans les Prairies, des journées à 35-40 degrés. Prévoyez des vêtements chauds, des morceaux plus légers et des vêtements imperméables.
Pour nous motiver et nous fixer des objectifs réalisables, nous avons divisé le voyage en quatre grandes étapes :
Étape #1 : Les Rocheuses, de Vancouver à Calgary (1190 km)
Manning Provincial Park, Colombie-Britannique © Marie Gagné Fournier
Cette partie est la plus belle selon moi, le paysage est en constant changement. Chaque montagne, chaque lac turquoise, chaque rivière avait quelque chose de nouveau à nous offrir et nous émerveillait davantage. Il y avait tellement de choses à regarder que nous en étions presque étourdis par moments. Mais c’est aussi la partie la plus physique, avec les plus grosses montées. Des côtes sinueuses, qui ne finissent jamais. Des pentes de 6 à 8 %, c’est peu, mais quand elles s’étalent sur 15 à 30 kilomètres sans arrêt, c’est long longtemps.
Pour cette étape, nous sommes passés par Hope, puis Manning Park, un parc provincial de la Colombie-Britannique, via la route 3 : 80 km et 1 400 m d’ascension. Puis, Princeton, Hedley, Keremos. Nous avons attaqué la Vallée de l’Okanagan par la route 97. Je ne connaissais pas du tout cette région et ça a été une vraie révélation pour moi. En Colombie-Britannique, je m’attendais surtout à voir des montagnes immenses et enneigées, mais jamais une vallée quasi désertique.
La route 97A nous a ensuite menés vers Sicamous et c’est à partir de cette ville que nous avons emprunté la route Transcanadienne 1. Il est permis d’y circuler à vélo et l’accotement est suffisamment large pour qu’on s’y sente en sécurité. Nous nous sommes alors dirigés vers Revelstoke, puis tranquillement vers le col de Roger’s Pass : 70 km avec 1 300 m de dénivelé. Après, Golden et Field avant d’arriver en Alberta.
À Lac-Louise, vous devez absolument faire le détour pour voir le lac Moraine, à mon avis vraiment plus beau et impressionnant que le lac Louise. Pour vous y rendre, je vous suggère d’y aller sans bagages puisque de la ville jusqu’au lac Moraine, il n'y a que 14 kilomètres, mais 14 kilomètres de montée! Mieux vaut alléger les vélos le plus possible.
Lac Moraine, Alberta © Marie Gagné Fournier
Dans cette première partie du voyage, nous avons toujours dormi dans des campings organisés en raison de la faune sauvage assez présente dans cette région du Canada. Nous voyions partout des affiches nous mettant en garde contre les grizzlys, les cougars, les lynx et autres grosses bêtes qu’on ne souhaite pas rencontrer. À partir de Revelstoke, tous les campings sont munis de casiers sécuritaires pour y déposer la nourriture.
À Banff, profitez-en pour prendre une journée de congé afin de visiter le magnifique centre de cette petite ville ou encore pour faire une randonnée! Cette étape du voyage se termine dans la ville de Calgary et déjà, au départ de Banff, on voit tranquillement le paysage changer. Derrière nous se trouvaient des montagnes magnifiques et devant, les Prairies nous attendaient!
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Étape # 2 : Les Prairies, de Calgary à Winnipeg (1 375 km)
Les Prairies, Saskatchewan © Marie Gagné Fournier
Ici, c’est le calme plat, le paysage est paisible et les gens qui y vivent aussi. De Calgary à Winnipeg, le trajet est très simple : suivez la route Transcanadienne et faites des provisions de nourriture lorsque vous passez dans les grandes villes (Brooks, Medecine Hat, Swift Current, Moose Jaw, Regina, Brandon, Winnipeg). Nous avons parfois roulé 100 km sans croiser une station-service, un dépanneur ou un restaurant. Il ne faut donc jamais être à court de nourriture.
Oubliez aussi les haltes routières, qui n’existent pas en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. L’accotement est toutefois large et la route est conçue comme une autoroute avec deux voies dans chaque sens. Les automobilistes, peu nombreux, sont très respectueux.
Mon meilleur conseil pour cette étape du voyage est de ne rien prévoir et de lâcher prise sur l’itinéraire et les objectifs! C’est lors de cette étape que nous avons eu droit à notre pire et à notre meilleure journée : 55 km vs 235 km. Le vent est si imprévisible, si fort et il n’y a absolument rien pour le bloquer dans les champs aux alentours. Quand il nous était favorable, c’était très payant et nous avons alors pu parcourir 235 kilomètres en une journée. Mais quand il tournait et nous faisait face, pédaler 55 km a relevé de l’exploit!
Train au Manitoba © Marie Gagné Fournier
En suivant la Transcanadienne, nous avons évité des détours et nous nous sommes assurés d’emprunter une route bien asphaltée et de bonnes conditions pour rouler. Toutefois, ce parcours longe le chemin de fer qui traverse le Canada d’est en ouest, et il nous force à dormir près des trains qui sifflent chaque fois qu’ils passent dans une ville. Alors si vous n’aviez pas apporté de bouchons dans vos bagages, c’est le temps d’y remédier! Et que ce soit en hôtel, en motel ou au camping, personne n’échappe au puissant sifflement d'un train!
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Étape # 3 : L’Ouest de l’Ontario, de Winnipeg à Sault-Sainte-Marie (1 430 km)
Tout au long de notre périple, nous avons rencontré des gens qui nous disaient : "Gardez-vous de l’énergie pour traverser l’Ontario", et c’est ce que je vais répéter à mon tour. Winnipeg est exactement à la moitié du parcours entre Vancouver et Montréal. Et comme la ville est située près de la frontière avec l’Ontario, c’est dire qu'il faut pédaler plus de 2 500 km dans cette unique province.
Lors de cette étape, les choses se sont corsées concernant la qualité de la route, presque parfaite jusqu’ici. Nous avons poursuivi notre chemin sur la Transcanadienne qui, à la frontière, devient la 17. Une seule voie dans chaque sens, comme n’importe quelle route de campagne. Il y a beaucoup de camions qui y circulent et les voitures roulent très vite. Par endroits, il arrive même qu’il n’y ait pas d’accotement du tout et qu’on doive rouler à l’intérieur de la ligne blanche. Même les nouvelles routes ne disposent pas d’accotement pour les vélos… Il faut donc redoubler de prudence, et la route demeurera ainsi pour tout l’Ontario.
Lac Supérieur, Ontario © Marie Gagné Fournier
Dans cette province, on remarque tout de suite à quel point les paysages changent. On retrouve les forêts, l’ombre des arbres qu’on avait perdue dans les Prairies dorées, les cours d’eau, les lacs et une faune très présente. Nous avons vu plus d’ours et d’orignaux en Ontario que dans les Rocheuses! Dans cette dernière province qu’on traversera d’un bout à l’autre, nous avons aussi retrouvé les côtes que nous avions délaissées depuis l’Alberta. C’est en passant par West Hawk Lake, Kenora, Vermillion Bay, Dryden, Ignace et Upsala que nous nous sommes rendus à Thunder Bay. Encore une fois, entre Kenora et Thunder Bay, il y a peu de grandes villes, il faut être prévoyant pour la nourriture, surtout pour trouver des fruits et des légumes.
À partir de Thunder Bay, nous avons pédalé le long du Lac Supérieur, jusqu’à Sault-Sainte-Marie, en passant par Nipigon, Rossport, Terrace Bay, Marathon, White River, Wawa et le parc national Algonquin. Les panoramas étaient exceptionnels et nous nous sommes sentis moins dépaysés, un peu plus comme au Québec!
Étape # 4 : L’Est de l’Ontario, de Sault-Ste-Marie à Montréal (1 020 km)
À partir de Sault-Sainte-Marie, il a été plus facile d’évaluer à quel moment nous arriverions à la maison et nous avons tranquillement pu voir la fin du périple arriver. Notre parcours s'est poursuivi sur la 17, qui n’offrait toujours pas les conditions idéales pour le vélo. Toutefois, dans les montées et les descentes, qui étaient de plus en plus nombreuses, l’accotement s’est élargi, et les voies pour les voitures se sont doublées, ce qui nous a donné plus d’espace et un plus grand sentiment de sécurité.
Blind River, Espanola, Grand Sudbury, North Bay... Nous avons longé la rivière des Outaouais puis flirté avec la frontière québécoise en passant par Mattawa, Deep River, Arnprior et Ottawa. À partir de la capitale fédérale, nous avons emprunté une piste cyclable de gravier qui nous a menés jusqu’à Rigaud, puis nous avons traversé Montréal pour arriver chez nous, à Longueuil.
Pour cette dernière étape, il y avait plusieurs trajets possibles. Les routes se multiplient, c’est le retour dans les grandes villes et tous les chemins sont envisageables. Pour notre part, comme nous avions débuté notre traversée à la fin du mois d’août, nous étions alors rendus au début du mois d’octobre et la température commençait à baisser, les journées à raccourcir et les averses automnales à être plus fréquentes. Nous avons donc choisi de prendre le chemin le plus court et de passer par Ottawa. Car nous trouvions qu'il était d'autant plus important de passer par la capitale, en cette année du 150e anniversaire de la Confédération...
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Pour finir…
Traverser le Canada est un voyage qui se vit une journée à la fois, au cours duquel on prend le temps d’admirer les paysages qui changent, de savourer chaque coup de pédale, de sentir le vent de chaque province sur son visage. Nous avons admiré les hautes montagnes des Rocheuses, les champs dorés des Prairies et les lacs de l’Ontario. Et à la fin, lorsque nous sommes arrivés à Montréal, tout ce que nous voulions, c’était de poursuivre la route vers Halifax et découvrir les Maritimes. Mais ça, ce sera pour un autre voyage!
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