48 heures dans la Petite-Nation
Région outaouaise à l’histoire mieux connue que son présent, la Petite-Nation vaut plus qu’un arrêt forcé par l’interruption de l’autoroute 50. On peut y passer un séjour seigneurial dans l’un des deux centres Fairmont, ou − comme on vous le propose − profiter d’une fin de semaine active, du genre « beau, bon et pas cher ».
Vendredi après-midi
Tout juste à l’embouchure du tronçon est de l’autoroute 50, Montebello a pour la pause parfaite du voyageur. Sous le toit de la légendaire gare de Montebello se trouvent un café où sont servis de délicieux sandwichs garnis de produits locaux, un bureau d’information touristique pour faire le plein d’inspiration et Chocomotive, un écomusée où l’on se sucre le bec en engraissant sa culture agroalimentaire. Même l’art est au rendez-vous pendant les fins de semaine estivales!
La bâtisse en bois rond a aussi la vocation de centre d’interprétation touristique. Une promenade d’une trentaine de minutes le long de l’allée seigneuriale du domaine Papineau, située juste derrière la gare, parfera vos connaissances historiques, tout en vous déliant les jambes. Une fois la panse et les yeux bien remplis, direction Saint-André-Avellin.
Vendredi soir
L’Auberge de la Petite-Nation de Saint-André-Avellin est un endroit sympathique et abordable où se loger. L’organisation à but non lucratif gérée sous forme de coopérative, un modèle économique populaire dans la région, a ouvert ses portes en décembre 2009 dans la bâtisse centenaire restaurée de l’hôtel du village. On peut y réserver un lit dans un dortoir ou une chambre individuelle − certaines sont dotées de salle de bain complète. Une grande cuisine (avec d’énormes frigos où vous pourrez stocker de produits achetés directement des fermes avoisinantes), une salle de lavage et un salon seront mis à votre disposition.
L’ambiance se concentre surtout dans le petit café de l’auberge où faune locale et voyageurs socialisent devant une bière ou un café. Tous les samedis soir, le Café de l’Auberge présente dans sa salle intimiste des spectacles d’artistes émergents.
Ceux qui préfèrent la solitude d’une nuit à la belle étoile peuvent monter leur tente au camping Saint-André-Avellin, situé juste de l’autre côté de la rivière de la Petite-Nation et toujours à distance de marche du cœur du village. Certains terrains sans services offrent intimité et vue sur la rivière.
Si vous avez envie de vous payer une bonne bouffe à votre arrivée, prenez soin de réserver une table au Bistro de la rue Principale (à ne pas confondre avec le Bistro de Montebello). Touristes et gens du pays s’y arrachent les places.
Samedi matin
À l’aube, ou quelques heures plus tard, les coureurs voudront absolument enchaîner les kilomètres sur la piste Louis-Joseph Papineau. Ils pourront y accéder gratuitement par son entrée tout juste derrière l’auberge. Le trajet se fait également bien en vélo (hybride ou de montagne), que vous pouvez louer à l’Auberge.
La piste en poussière de roche traverse forêts et champs, et donne une bonne idée du paysage de toute la région. Il vaut mieux faire fi de la carte : le parcours Louis-Joseph Papineau n’y étant pas bien indiqué parmi les sentiers secondaires. Impossible cependant de s’égarer en suivant le sentier principal le long duquel chaque kilomètre est clairement numéroté.
Dès les premiers pas, on se croirait dans une forêt enchantée. Le parcours Louis-Joseph Papineau est aussi le site du symposium Art-Nature. Toutes les œuvres qui le ponctuent ont été créées par des artistes de la région avec des matériaux naturels. Une description les accompagne et leur lecture donne un prétexte pour des répits parfois bien souhaités étant donné le dénivelé variable et par moment carrément éreintant.
Le sentier est facilement accessible et n’exige pas d’habiletés techniques particulières. Heureusement, les montées, bien qu’abruptes, sont courtes, et immédiatement suivies d’une descente, de sorte que l’égo du coureur (ou du cycliste) peut-être mis à l’épreuve par quelques pas de marche, peut reprendre du coffre rapidement.
Bien qu’il soit prévu que le parcours Louis-Joseph Papineau s’étende vers l’ouest jusqu’à la 317, il s’étire pour l’instant sur seulement onze kilomètres, un circuit tout de même intéressant pour les coureurs émérites. Si un demi-marathon n’est pas votre genre de jogging matinal, vous rendre jusqu’au 5e kilomètre, un peu plus loin de l’autre côté du rang Saint-Louis, avant de rebrousser chemin vous permettra de voir l’essentiel des beautés du sentier.
Il n’y a ni eau, ni toilette le long du parcours, mais quelques aires de repos. Le sac d’hydratation est donc de mise, la chaleur peut parfois être éprouvante dans les terres. De retour à l’Auberge, refaites le plein avec une crêpe de sarrasin fourrée de légumes de la ferme La Défriche et de fromage venant de la fromagerie Les Folies Bergères.
Samedi après-midi
Le parc animalier Oméga (parc-omega.com) est un incontournable dans la région. Ne soyez pas gêné si vous n’avez pas d’enfants assis sur la banquette arrière : vous croiserez d’autres automobilistes adultes qui profitent de ce même plaisir coupable.
Force est à parier que le premier animal qui viendra à votre rencontre sera soit un chevreuil, soit un sanglier, selon l’issue de leur course enlevante. Voilà qui donne le ton de la visite : des interactions agréables avec une nature accessible et gourmande. Le long du circuit en voiture, trois haltes offrent quelques kilomètres de randonnée pour que vous puissiez continuer votre observation de la nature de plus près.
Pour une expérience plus authentique qui ne rappelle pas le trafic du lundi matin, il est préférable de choisir une journée moins achalandée durant laquelle les bêtes n’auront pas le ventre trop plein de carottes pour faire votre connaissance.
Vous préférez être derrière le guidon de votre vélo de route? De l’auberge, dévalez la 341. Le passage dans le village tiendra lieu d’échauffement, puis vous pourrez rouler sans interruption sur cette route principale en bon état avec un accotement asphalté sur plus des deux tiers du parcours vers la rivière des Outaouais. À Papineauville, tournez vers l’est sur la 148. Les automobilistes y sont nombreux, mais habitués par la présence de cyclistes puisque ce tronçon fait partie de la Route verte. À Montebello, montez par la 343. Le verbe est bien choisi : vous profiterez alors d’un accotement large au bitume en excellent état où vous pourrez vous essouffler à votre aise.
Pour regagner Saint-André-Avellin, tournez à gauche sur le rang Sainte-Julie. Le pire est derrière vous : vous pouvez maintenant ralentir votre rythme cardiaque en admirant le paysage. La route y est plus étroite et l’asphalte moins récent, mais les courbes ne sont pas dangereuses et les voitures y roule plus lentement. Un peu moins de quarante kilomètres devraient se retrouver sur votre cyclomètre à votre retour à l’auberge (ou au camping).
Sur la 323, vous êtes probablement passés devant le petit restaurant en face du rang Sainte-Julie. Le Solex est une véritablement institution dans la région; année après année, depuis maintenant onze ans, son ouverture marque l’arrivée du beau temps. Rolland et Viviane, le couple propriétaire, y tiennent le meilleur restaurant créole de la région, et peut-être du monde entier, si l’on se fie aux commentaires des touristes internationaux qui s’y sont arrêtés. Si Rolland n’est pas trop débordé par le travail, il vous racontera des anecdotes de partout sur la mappemonde et vous invitera à feuilleter son cahier de témoignages.
Griots (celui du porc serait « écœurant ») et pâtés (végétariens ou à la viande, et à épicer, au goût, de sauce piquante) sont les spécialités de la place, mais des hamburgers créoles sont aussi servis pour ceux qui préfèrent un « snack de casse-croûte » plus classique. Arrêtez au Solex au moins pour un délicieux jus frais de papaye et un casseau de bananes plantains frites et moelleuses! Argent comptant seulement.
Samedi soir
Que vous y logiez ou pas, c’est à l’auberge que la soirée se passe. Les billets des spectacles coûtent le prix d’une consommation et l’ambiance et la bière y sont excellentes.
Dimanche matin
À une quinzaine de minutes de route au nord de Saint-André-Avellin se trouve le centre d’aventure et de plein air des Montagnes noires de Ripon dans lequel randonneurs et amateurs de vélo de montagne peuvent se dépenser sur une vingtaine de kilomètres de sentier tout à fait gratuitement.
Cinq aires de stationnement permettent de préciser votre zone d’activité, selon le temps et l’effort que vous souhaitez y accorder. Un stationnement au sommet vous offre même la possibilité de profiter, sans effort, de la vue sur la vallée de la Petite-Nation et du Mont-Tremblant.
Les sentiers sont balisés, mais pas toujours très bien identifiés. Il est cependant impossible de se perdre : les sections de sentiers sont courtes. Si vous croisez des gens du coin, jasez avec eux : ils vous feront découvrir des tracés « secrets », dont une notoire descente sur le flanc sud de la montagne officieusement exploitée. Une rumeur selon laquelle le centre offrira encore plus d’options pour le vélo de montagne circule dans les cafés de la région…
Arrivez avec collations et gourdes pleines, il n’y a pas d’eau courante sur le site. Des toilettes sèches sont disponibles au P1, P2 et P4. Chaque stationnement affiche une carte géante et en fournit quelques petits exemplaires dans des boites à cet effet. Comme les boites se vident rapidement, il vaut mieux imprimer la carte disponible sur le site de la municipalité de Ripon au préalable (http://ville.ripon.qc.ca).
Dimanche après-midi
Après s’être épuisé les jambes devant les beautés terrestres de la région, il est temps de changer de paysage en allant au parc national de Plaisance. Bien qu’on puisse s’y promener à pied ou à vélo assez agréablement, c’est sur l’eau, en kayak ou en canot, qu’on découvre les merveilles du parc… et la majeure partie de sa superficie (65 %!). Dans le secteur des Presqu’îles, vous pouvez mettre à l’eau votre embarcation (ou celle louée sur place) dans la rivière Petite-Nation et la remonter pendant cinq kilomètres jusqu’aux magnifiques chutes de Plaisance. Une autre alternative est de descendre le courant, puis d’aller à l’ouest vers la baie Noire du secteur Thurso. Enfin, vous pouvez aussi choisir de passer par le canal de la Petite-Nation pour vous rendre directement dans le secteur des baies au nord de la presqu’île. Ces dernières options vous offrent le meilleur du « bayou du Nord » : marais, marécages, étangs, 500 espèces de plantes, une trentaine de mammifères et, surtout, les milliers d’oiseaux de cette importante halte migratoire. Les frais d’accès de la Sépaq s’appliquent. (sepaq.com/pq/pla/)