Dominique Gilbert : le courage des mots
Le 27 mai dernier, la photo de Dominique Gilbert (le 17e Québécois à atteindre le sommet de l’Everest) a fait le tour du monde. Au sommet de la plus haute montagne du monde, l’alpiniste osait défier la Chine en affichant un message politique pro-Tibet.
« Mon coup d’éclat était un geste alimenté par un mois et plus de pressions incessantes des autorités chinoises. On se serait cru en Chine communiste et non au Népal », raconte l’aventurier qui s’est rendu à l’Everest malgré le tumulte du passage de la flamme olympique. Lorsque les Chinois ont décidé de fermer le versant nord du mont Everest afin d’y mener le flambeau sans embûches, les autorités népalaises ont aussi décrété la fermeture partielle du versant sud pour les mêmes raisons. Durant cette période, un grimpeur américain a notamment été expulsé du camp de base pour simple possession d’une bannière supportant la libération du Tibet. Faisant fi des menaces, Dominique Gilbert a osé défier l’interdiction.
« C’est en période de repos à Namche Bazaar, avant la poussée sommitale, qu’un copain et moi avons aperçu un t-shirt fièrement affiché dans une maison », dit-il. Le message Game Over China - Free Tibet Now y était affiché en grosses lettres noires sur fond orange. « Le jeune Népalais qui habitait là revenait tout juste de la capitale Katmandu, où il avait participé à des manifestations pro-Tibet. Il a refusé de nous le vendre, mais a accepté de nous le prêter, nous faisant promettre de le rapporter avec des photos! », relate l’alpiniste québécois.
Défier l’autorité chinoise aurait pu entraîner une pléiade de problèmes, mais le grimpeur s’en est bien tiré : « Les autorités chinoises n'étaient pas tout le temps au camp de base du versant népalais, mais ils effectuaient des visites par hélicoptère afin de s'assurer que tout le monde marchait au pas ! », dit-il. L’alpiniste se rappelle d’ailleurs une de ces visites un peu cocasse : « Un émissaire chinois, un véritable sosie de Mao Tse-Tung, a eu des pertes d’équilibre dès sa sortie de l’hélico. Ils sont repartis après seulement quelques minutes ! »