Julie Payette : Dans une galaxie près de chez nous
Julie Payette a fait de l’espace son terrain de jeu. À 46 ans, cette astronaute québécoise, expatriée à Houston (Texas) pour les besoins des missions spatiales et de son entraînement, a déjà passé 25 jours, 11 heures et 58 minutes dans l’espace. Sa dernière mission remonte à l’été dernier. Quotidiennement, elle est soumise à une rigueur mentale et physique qui l’oblige à entretenir méticuleusement son corps, sur la Terre comme dans l’espace. Rencontre avec une sportive peu banale.
Lors de vos missions dans l’espace et de vos entraînements au sol, votre corps est soumis à de rudes épreuves. Comment vous maintenez-vous en forme?
L’activité physique est le garant de l’équilibre du corps. Pour pouvoir travailler et rester concentrés de longues heures comme nous le faisons et être toujours au meilleur de notre forme, nous devons faire beaucoup de sport. Au centre d’entraînement d’Houston, nous avons accès à une salle de sport où nous entraînons quotidiennement notre corps. Et comme j’adore me dépenser, ma famille et moi sommes abonnées à une salle de gym pour avoir du plaisir ensemble.
Vous êtes une femme de l’espace. Êtes-vous aussi une femme de plein air?
J’adore être à l’extérieur. Ici à Houston, il fait très chaud, je pourrais me contenter de la salle de gym, mais je tiens tout de même à sortir pour faire du sport. Aussitôt que je le peux, je pratique le vélo de route, le patin à roues alignées et aussi la natation. Ce sont des activités que nous pratiquons en famille et dont je souhaite transmettre le goût à mes enfants. Quand ils étaient petits, ils avaient toujours leur siège sur notre bicyclette. D’autre part, dès que nous avons du temps de libre pendant les vacances, nous rentrons au Québec pour voir la famille et nous ressourcer dans la nature canadienne. L’été, c’est le canot-camping, le vélo et la randonnée en montagne; l’hiver, le ski de fond et le ski alpin. Une bouffée d’air frais, loin du fin fond de notre Texas.
Où avez-vous l’habitude de faire du plein air au Canada?
Je privilégie l’est du Canada pour la proximité avec ma famille. Et parce que c’est une région magnifique à laquelle je suis très attachée. Pour faire du ski, je me rends généralement dans les Laurentides et la région de Québec, mais j’aime aussi beaucoup randonner en haute montagne. J’ai grimpé plusieurs fois le mont Logan et, dans les Chic-Chocs, le mont Jacques-Cartier et le mont Albert. Des sommets vraiment très exigeants. Et puis, chaque année depuis cinq ans maintenant, je participe à la grande Traversée de la Gaspésie en ski de fond. Il y a bien sûr de grands champions, mais c’est pour le plaisir que je le fais, pas pour la compétition.
Lors de vos missions dans l’espace, continuez-vous à faire du sport?
C’est primordial, voire obligatoire, pour notre organisme d’avoir un entraînement physique quotidien dans la station spatiale internationale. Dans l’espace, notre corps est en apesanteur et nous ne nous servons quasiment pas de nos jambes pour nous déplacer, seulement de nos bras. Ces muscles ont donc tendance à s’atrophier très rapidement et les os deviennent fragiles. Un risque grave pour le retour sur Terre. Nous devons donc être en très bonne condition physique avant le départ et la conserver tout au long du séjour. Il y a donc une séance d’une heure quotidienne d’exercices physiques. Nous nous entraînons à l’aide d’un vélo-ergomètre par exemple, une sorte de vélo d’exercice.
On parle beaucoup de tourisme spatial en ce moment avec le voyage de Guy Laliberté. L’espace va-t-il devenir la nouvelle destination tendance?
Pourquoi pas? C’est une chose vraiment merveilleuse et je souhaiterais que tout le monde ait un jour la chance de pouvoir admirer la Terre vue de l’espace. Mais nous ne sommes pas encore rendus là. Même si les infrastructures spatiales sont de plus en plus prêtes à accueillir des « touristes », les candidats doivent néanmoins subir un entraînement très poussé et qui n’est pas accessible à n’importe qui. C’est comme quelqu’un qui désirerait gravir une haute montagne. Celui-ci doit se mettre en forme, subir une multitude de tests médicaux pour qu’il ne coure aucun risque une fois là-haut. Guy Laliberté nous a montré qu’une personne qui n’appartient pas au milieu spatial peut y arriver. L’espace ouvre donc toujours plus de possibilités.
Quel est votre programme pour les semaines et les mois à venir?
Pour le moment, je travaille encore sur la mission STS-127 que nous venons de réaliser cet été. À bord de la navette Endeavour, notre équipe a rejoint la station spatiale internationale pour 15 jours au cours desquels nous avons livré et installé du matériel qui servira à la réalisation d’expériences scientifiques. Nous devons, depuis notre retour sur Terre, établir des bilans techniques et présenter les résultats dans les différents pays qui ont contribué au projet. Et cela, jusqu’à la fin du mois de décembre. Ensuite, j’aurai enfin du temps libre pour moi et ma famille à Noël. Nous irons sûrement passer des vacances au Québec pour profiter de la neige et du ski.
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