Le foil, ou l’art de planer au-dessus de l’eau
Envie de léviter à vive allure au-dessus des plans d’eau? Essayez le foil, qui est en train de créer une petite révolution dans les sports nautiques. Et ça ne fait que commencer.
Le vent souffle à peine à 10 km/h sur les rives du fjord du Saguenay, à La Baie, où un groupe de kitesurfeurs est rassemblé pour la fin de semaine. Alors que la majorité attend que le vent se lève pour sortir leur voile, deux adeptes se lancent à l’eau avec des kites aux allures excentriques. Sous la planche se trouve un foil, une aile sous-marine profilée fixée à un mat de 90 cm, une technologie qui permet carrément de léviter au-dessus de l’eau.
« Ça permet de naviguer dans le prélart avec un minimum de vent! » assure Xavier Bouchard, après sa séance de près de deux heures. Même son de cloche de la part de Benoit Tremblay, accro au kitefoil depuis sa première séance, il y a trois ans.
« C’est un peu comme voler à trois pieds au-dessus de l’eau », décrit celui qui a décidé de lancer l’événement Foil en folie, en 2016, pour faire connaître ce sport. Du 30 juin au 3 août dernier, le propriétaire de Concept Air, un manufacturier de voiles à caissons, a organisé la deuxième édition de l’événement, où une dizaine d’adeptes sont venus essayer pour la première fois cette activité.
Mais ce n’est pas parce qu’on sait faire du kite qu’on sera bon en foil. « Au début, c’est comme un cheval sauvage à domestiquer, lance Xavier Bouchard. Il faut tout réapprendre. » Pour trouver un nouvel équilibre à près d’un mètre du sol, on doit se tenir droit et mettre davantage son poids vers l’avant, explique Benoit Tremblay. « Si tu le fais trop vers l’arrière, tu vas lever trop vite et tu vas faire le marsouin! » dit-il en mimant un mouvement du haut vers le bas avec ses mains.
Une fois l’équilibre maîtrisé, il faut aussi apprendre à « jibber », c’est-à-dire faire des virages contrôlés en maintenant la planche au-dessus de l’eau, sans attaches aux pieds. « Même après trois ans, mes virages sont encore difficiles », lance Benoit. Peu importe : le foil permet de sortir dès que le vent souffle à 7 km/h (contre 17 km/h en kitesurf). « Même s’il y a trois pieds de vagues, tu peux surfer sans trop forcer », ajoute l’homme qui, à 61 ans, ménage ses articulations.
Pour comprendre comment tout cela fonctionne, il faut s’intéresser à la mécanique des fluides. « La vitesse de déplacement génère sur le foil une portance hydrodynamique capable de soulever la coque d’un bateau, d’un kite, d’un SUP, d’un surf ou d’une planche à voile, partiellement ou totalement hors de l’eau. Le but de ce transfert de portance est de réduire le frottement ainsi que la puissance nécessaire à la vitesse », explique-t-on sur le site de Foil Magazine, un webzine français consacré exclusivement à cette activité.
Alors que l’on commence à voir de plus en plus de foils sur les sites (et les fils Facebook) de kitesurf, les premiers essais avec ce type de technologie remontent au début des années 1900, alors qu’un inventeur italien a été le premier à l’intégrer sur un bateau. C’est d’ailleurs sur les bateaux à voile qu’elle s’est développée, menant à des essais sur des skis (1960), à un kneeboard (1972) et à une chaise nautique (Air Chair, 1980). Il faudra attendre jusqu’en 1990 avant que Laird Hamilton, un surfeur professionnel, intègre le foil sous un surf. Et c’est dans les années 2000 qu’il apparaîtra sous les kites, les planches à voile, les kayaks (flyaks) et les planches à pagaie (vers 2010).
Plus récemment, c’est l’avènement de la propulsion électrique qui laisse présager que l’on pourra se déplacer sur de longues distances en planant au-dessus de l’eau. Mais peu importe le sport, le concept vise à réduire la friction pour augmenter la vitesse de déplacement. Un kayakiste a ainsi atteint une vitesse record de 27,2 km/h, en eau calme.
Au cours des dernières années, les avancées technologiques ont permis de rendre le foil encore plus accessible, notamment grâce à différents formats d’ailes et de tailles de mâts, mieux adaptés aux débutants, remarque Anne Rostain, responsable du marketing pour le manufacturier français Ketos Foil. Il faut toutefois débourser entre 1500 et 3500 $ pour en faire l’achat, « un coût rapidement amorti, parce qu’on peut sortir bien plus souvent, même lorsque le vent est faible », précise Anne Rostain. On peut aussi imiter Xavier Bouchard et achetez un foil en groupe… jusqu’à devenir accro à son tour.
Pour aller plus loin
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Foil en folie (sur Facebook)
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FORK Hydrofoil Kite Regatta, seule course de foil au Canada : forkregatta.com
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Foil Magazine : foil-magazine.com
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Compétition à Kingston
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Foil électrique : foil-magazine.com/liftfoil-surf-foil-electrique-hydrofoil
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Autres vidéos : foil-magazine.com